L’industrie minière a un impact positif sur l’économie malienne. Les produits issus de l’exploitation des mines, notamment le phosphate, la chaux, le charbon ou la houille, le minerai de fer, le ciment et l’or sont utilisés dans tous les secteurs d’activité. Pour l’or, sa contribution à l’économie malienne en 2012 s’élevait à 275 milliards de F CFA, soit 8% du PIB. Cependant, le secteur a connu une chute durant l’année 2013. D’où la nécessité de diversifier l’exploitation des ressources minières. C’est ce qui ressort de la communication présentée à la 5ème édition des journées minières et pétrolières du Mali.
Les ressources minières sont essentielles au cœur du développement agricole à travers la transformation du phosphate comme engrais et chaux pour la régénération des sols. C’est du moins l’avis de Dr. Madani qui a présenté une communication relative aux perspectives de l’industrie minière dans le monde et en particulier en Afrique surtout au Mali. Selon l’expert minier, le Mali dispose dans son sous-sol d’énormes minerais nécessaires pour son développement.
Impact de l’industrie minière sur l’Agriculture
Evoquant l’importance des produits miniers dans l’agriculture, Dr Diallo a affirmé que le phosphate est la matière première utilisée pour la fabrication des engrais. L’utilisation du phosphate est essentielle au développement de la plante. Pour le phosphate, le Mali dispose d’importants gisements dans la région de Gao dont l’exploitation peut générer plusieurs centaines de millions de tonnes. En vue de développer l’exploitation du phosphate, Dr Diallo dira que plusieurs projets de recherches sont en cours. Il représente un potentiel exploitable qui pourrait générer des millions à l’économie nationale à travers la réalisation d’une unité de production d’acide phosphorique.
En ce qui concerne la chaux, le spécialiste dira qu’il est le plus vieux matériel de construction au monde. Il a servi à construire des Pyramides, la Muraille de Chine et les Voies Romaines (routes et canalisation). Il a été le matériel de construction presque unique jusqu’à l’arrivée du ciment artificiel au milieu du 19ème siècle. Dans le domaine de l’agriculture, la chaux peut être utilisée pour éliminer l’acidité des sols, restaurer les aptitudes en aidant à la rétention d’eau.
Il a informé l’assistance de l’existence de plusieurs projets de réalisation d’unités de production de chaux, dont la plus ancienne est l’UCEMA, la carrière et la chaux du Mali (CCM SA).
Pour le cas du charbon, quelques indices existent mais les recherches sont en intensification. Il a affirmé qu’il est nécessaire pour le Mali de mettre en place une politique d’approvisionnement en charbon pour la production d’énergie, de ciment, de fer et produits de substitution au charbon.
Minerai de fer et production d’acier
En ce qui concerne ce minerai, le spécialiste dira qu’il est relativement abondant avec quelques centaines de millions de tonnes dans les régions de Koulikoro et Kayes. En 2012, il a été produit par Sahara Minning avec 150 000 tonnes. Pour développer ce secteur d’activité, Diallo a conseillé aux responsables politiques d’envisager l’implantation d’une mini-aciérie pour permettre la construction des infrastructures en conjonction avec le développement des cimenteries. Ce qui permettra de mettre en valeur le chemin de fer entre le Mali, le Sénégal et la Guinée. Pour le ciment, Madani Diallo a indiqué que le Mali dispose d’indices et gisements de calcaire à l’ouest et au centre du pays. Il a exhorté le gouvernement à accélérer le développement de l’industrie du ciment en développant le rail, l’énergie et l’accès au charbon et à l’utiliser pour la construction des routes comme pour la plupart des pays développés. Ce qui augmentera le marché, accélérera l’implantation de nouvelles unités et réduira le prix.
L’Or : principale ressource du Mali
Premier produit à l’exportation du Mali, l’or est exploité de façon artisanale et industrielle. Il a apporté à l’économie du Mali en 2012, 275 milliards de F CFA, soit 8% du PIB. Selon Diallo, le secteur industriel est constitué par 8 exploitations minières industrielles d’or et une centaine de projets d’exploration et le secteur artisanal est occupé par quelques centaines de milliers de personnes utilisant des moyens et outils rudimentaires. D’où son appel aux responsables politiques de concilier les deux secteurs en prêtant une grande attention au secteur artisanal qu’il faut organiser, renforcer et équiper afin d’en tirer le maximum de bénéfices pour les orpailleurs, les communautés et l’Etat. Dr. Diallo présage pour 2014 et les prochaines années un futur incertain sur les revenus suite à la baisse du cours et à la hausse du coût de l’énergie. Mahamadou Samaké dit Sam de la société Randgold a abondé dans le même sens. Il a déclaré dans sa présentation que l’analyse de la législation minière de 1990 à nos jours permet de constater que le boom minier du Mali a été favorisé par le Code minier de 1991.
« Malgré l’avènement des nouveaux codes en 1999 et 2012, la majorité des sociétés en exploitation bénéficie de conventions fondées sur le code minier de 1991 et pas d’arrivée dans le pays de sociétés minières majeures. Dans le même temps, il est permis de constater de nombreuses révisions de codes miniers en cours caractérisées par la volonté des Etats de tirer des revenus substantiels et immédiats de l’exploitation de leurs ressources « , souligne-t-il.
Pour Sam, le défi auquel le secteur sera confronté est celui de l’épuisement des réserves des différentes mines en exploitation et les difficultés à mobiliser les investissements pour le développement des nouvelles mines en raison de la chute des cours de l’or. » Si de nouvelles mines n’étaient pas découvertes ou développées, le Mali pourrait perdre sa place de troisième producteur d’or en Afrique. Si la baisse des cours devait perdurer, les opérations marginales pourraient fermer et des restructurations devraient être envisagées comme cela a commencé par ailleurs. D’où la nécessité pour les Etats et les sociétés minières d’envisager des actions pour inverser ces tendances baissières qui deviennent plus prononcées en considération avec la chute actuelle du prix de l’or « , renchérit-il.
Pour résoudre ce problème, il a recommandé la relance de l’exploration en levant les blocages sur l’obtention des titres par ceux qui ont les capacités techniques et financières en vue de la découverte de nouveaux gisements.
D’où la nécessité de créer une approche partenariale de l’Etat avec les investisseurs miniers et la nécessité pour les parties prenantes d’investir dans le secteur.
Kankou Moussa : valorisation au Mali d’une partie de l’or produit localement
Malgré le rang de producteur majeur du continent, il était difficile pour les Maliens de s’approvisionner en or sur le marché local. Cette situation dira Sam a amené la création en mars 2006 sous forme de SARL de Kankou Moussa. Cette initiative de Randgold a bénéficié du soutien du gouvernement. Elle vise à valoriser au Mali une partie de l’or produit localement.
En raison de sa valeur sociale, culturelle et économique, Kankou Moussa se veut être une réponse aux frustrations et questions soulevées. Bien que les chiffres d’affaires sans cesse croissants de la société ont démontré un engouement certain des populations, Sam rapporte que de nombreuses contraintes surtout fiscales sont vécues. Il s’agit du prix de vente de l’or qui est celui du marché international, la facturation de la TVA et les pressions fiscales. Pour réduire cette situation, Sam suggère l’assistance de l’Etat pour la survie de la structure.
Source: L’Indépendant