Le Premier ministre Boubou CISSE a procédé, hier jeudi 4 juillet 2019, au lancement officiel des opérations d’urgence de distribution alimentaire gratuites dans les régions de Mopti et de Ségou. La cérémonie s’est déroulée dans la cour de l’OPAM à Sévaré en présence du ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, Kassoum DENON ; du PDG de l’OPAM, Youssouf MAIGA ; des gouverneurs des régions de Mopti et de Ségou ; de l’Ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Alain HOLLIVILLE, chef de file des partenaires techniques et financiers ; des préfets et des maires des communes concernées…
Le gouverneur de la région de Mopti, le Général de brigade Abdoulaye CISSE, a présenté la situation alimentaire dans les régions de Mopti et de Ségou. Selon lui, en cette période de début de de soudure est, dans l’ensemble, normale dans la région de Mopti, si bien que les principaux marchés sont suffisamment approvisionnés en céréales offertes à des prix inférieurs à ceux de l’année passée à la même période et à la moyenne mensuelle. Il a apprécié les productions agricoles qui ont été bonnes en moyenne tout en déplorant la situation de sécurité alimentaire précaire dans les localités touchées par les attaques avec son corollaire de départs massifs des populations.
« Selon le Système d’alerte précoce, 67 communes sur les 108 de la région de Mopti sont des zones à crise alimentaire, à cause de la persistance de l’insécurité, à travers la région, dont les conséquences ont été et demeure l’empêchement des producteurs de cultiver au cours de l’hivernage 2018, les déplacements massifs des populations, les destructions de biens et des récoltes, les vols et enlèvements de bétails, la perturbation des circuits d’approvisionnement… », a déploré le gouverneur de la région de Mopti.
La constance des PTF
Le chef de file des partenaires techniques et financiers du sous-groupe sécurité alimentaire et nutritionnelle, Alain HOLLEVILLE, a affirmé que la sécurité alimentaire est un préalable pour le bien-être des ménages, mais aussi pour le développement économique local et national garant d’une stabilité génératrice de paix durable. Il a déclaré qu’au Mali la sécurité alimentaire est structurellement précaire et demeure préoccupante pour les autorités, pour les populations et pour les partenaires.
L’Ambassadeur HOLLEVILLE a salué l’adoption récente de la Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle qui regroupe les politiques en liaison avec le développement rural, institutionnel et les politiques sociales. Selon lui, cette politique peut permettre de développer des réponses multisectorielles dans le temps et dans l’espace. Il n’a pas manqué de féliciter le fait que le rôle du Commissariat à la sécurité alimentaire soit renforcé avec ses nouvelles fonctions de pilotage, de coordination et de suivi-évaluation des interventions de la Politique nationale.
« Aujourd’hui, la mise en place à la Primature du cadre politique de gestion du centre démontre la volonté du gouvernement d’adopter une gestion globale et multisectorielle des problèmes dont la sécurité est une des composantes », a apprécié le chef de file des PTF.
Le cri de cœur du ministre Kassoum DENON
Le ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, Kassoum DENON, a affirmé qu’au terme de l’évaluation de la situation alimentaire effectuée par le Système d’Alerte Précoce en Février 2019, il a été constaté que la situation alimentaire s’est considérablement dégradée dans les régions de Mopti et de Ségou.
Selon lui, les conséquences des confits intercommunautaires et des attaques répétées d’individus armés dans toute la région de Mopti et le Nord-Est de la région de Ségou ont impacté négativement sur les réserves vivrières issues de la campagne agricole. La situation, ajoute le ministre DENON, s’est exacerbée par les incendies volontaires de récoltes, de greniers ou tous autres moyens de stockage de céréales, les enlèvements de bétail qui sont devenus les pratiques favorites des assaillants.
« Désemparées sans nourriture, dans l’angoisse et la détresse, les populations pour la plupart, n’ont eu d’autres recours, que de partir de leur terroir natal déprimé, désemparé et fortement démuni vers des destinations incertaines et le plus souvent sévèrement hostiles en termes de cadre de vie tout en laissant derrière elles, la désolation et un pan énorme de leur existence en état de ruine et de cendre », s’est lamenté le ministre commissaire à la Sécurité alimentaire.
Il a expliqué que c’est dans le souci de soulager les populations martyres des douze cercles du centre du pays particulièrement touchées par la crise, à hauteur du sinistre et des préjudices subis, qu’il a été initié sous l’impulsion du président de la République, un programme spécial intégré de sécurisation des régions du centre du pays pour traduire par ce geste, l’élan de solidarité de tout le peuple malien envers les populations de ces localités fortement fragilisées et profondément meurtries dans leurs âmes.
Le ministre DENON a souligné que cette opération menée par le Commissariat à la sécurité alimentaire est financée exclusivement par le budget national à hauteur de 3 milliards de FCFA, à travers le filet social accordé au Commissariat à la Sécurité alimentaire. Il a, aux noms des 300 000 bénéficiaires, en détresse alimentaire et sécuritaire, remercié les autorités pour ce geste. Un geste qui leur permettra de trouver une raison d’espérer sur l’avènement d’un Mali solidement et durablement uni.
« Ce programme spécial vient s’ajouter au Plan national de Réponse 2019 qui a été adopté par la 16e session, du Conseil National de Sécurité alimentaire, tenue le 23 avril 2019 à Bamako, sous la présidence de Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement. Dans ce cadre habituel de distribution alimentaire gratuite, l’État à travers le CSA, soutiendra près de 550 000 personnes vulnérables avec 16 344 tonnes de céréales mil, sorgho, maïs et riz. Les PTF (FAO ; PAM, CICR, Cluster sécurité alimentaire, etc.) apportera une assistance alimentaire gratuite à plus de 400 000 personnes », a noté le ministre DENON.
Il a informé que sur les 16 344 tonnes à distribuer gratuitement par le CSA, les douze cercles des régions du centre recevront une dotation additionnelle de l’ordre de 8 958 tonnes. De cette quantité de céréales constituée de mil, sorgho, maïs ou riz, les régions du nord bénéficieront 4 731 tonnes et les populations vulnérables du sud-ouest du pays percevront 2 655 tonnes.
Conjugaison de crises
À son tour, le chef du gouvernement, le Dr Boubou CISSE, a affirmé que la crise sécuritaire est d’abord alimentaire puisque la région n’a pas pu faire la culture qu’il fallait pour pouvoir produire les céréales destinées à la consommation de la population. Il a expliqué qu’avec la période de soudure qui se présente, il est important d’assurer une certaine sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le Dr CISSE a rassuré que les 8 000 tonnes de céréales concernées par cette opération iront dans l’ensemble des 8 cercles. Le Premier ministre estime qu’avec cette distribution, une certaine assurance sera donnée aux populations qui se sont déplacées, à cause de la crise.
Il a également informé que cette opération sera accompagnée par d’autres mesures fortes pour déployer les forces de défense sur le terrain pour un maillage beaucoup plus important. Le Dr Boubou CISSE a précisé que se sont pratiquement 3 600 hommes qui vont monter. Selon lui, la semaine écoulée 1 500 éléments sont déjà montés.
Il a noté que cette visite a été l’occasion pour lui de mieux apprécier le lien entre la situation sécuritaire, la situation de développement et l’urgence humanitaire.
« Des instructions seront données pour que ce qui vient d’être fait avec le lancement de cette campagne puisse être complété par des actions humanitaires plus importantes dans les domaines de la santé et du développement », a indiqué le Premier ministre.
Après la remise des décisions d’allocation de vivres aux gouverneurs et préfets, le Premier ministre a donné le coup d’envoi du départ des 20 camions ayant à bord un total de 1 543 tonnes de mil, sorgho ou riz sur les 6 000 tonnes d’appui alimentaire dédié à la région de Mopti. Notons que cette dotation en vivres est destinée à 20 communes identifiées abritant des villages martyrs pour un total de 57 190 personnes reconnues vulnérables.
PAR MODIBO KONE
ENVOYE SPECIAL A MOPTI
Info Matin