La décision de dissolution de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI est tombée comme un couperet ce mardi 02 février 2021 au siège de l’institution, alors même que ses membres s’apprêtaient à tenir leur traditionnelle réunion. C’est par le décret n°2021-0003/PT-RM du 08 janvier 2021 portant abrogation du Décret n° 2017-0214/P-RM du 13 mars 2017 portant nomination des membres de la Commission électorale indépendante qu’il a été signifié aux membres de la CENI la dissolution de la structure qui a eu à gérer les élections présidentielles et législatives depuis 2017. Cette dissolution de la CENI est-elle un pas en avant vers la création d’un organe unique et véritablement indépendant pour la gestion des élections ? La mise à la touche des membres de la CENI ne serait-elle pas due à la sortie de leur Président qui se serait prononcé en faveur de la création d’un organe unique contre la volonté des autorités ?
Pour donner à la décision d’abrogation toute la notoriété et la solennité requises, les plus hautes autorités ont apposé leurs signatures au bas du document, à commencer par le Président de la Transition Bah N’Daw, le Premier Ministre Moctar Ouane, le ministre de l’Administration Territoriale Lieutenant- colonel Abdoulaye Maiga et celui des finances, Alfousséni Sanou. La célérité avec laquelle la CENI a été dissoute, présagerait d’un lendemain heureux et serait le signe que les autorités de la Transition ont enfin accédé à la demande, de plus en plus récurrente de la classe politique, de mettre en place un organe unique et véritablement indépendant pouvant se charger d’organiser des élections à la fois transparentes, crédibles et inclusives. En effet, après la dissolution de la CENI, un grand boulevard semble ouvert pour le gouvernement et la classe politique afin de convenir d’un schéma pouvant aboutir à la mise en place de cet organe unique voulu et désiré par l’ensemble des acteurs politiques.
L’arbre ne devant pas cacher la forêt, cet acte qui est celui de la dissolution de la CENI, s’il est applaudi par certains en le considérant comme un pas en avant vers la tenue des élections générales en 2022, il n’en demeure pas moins qu’il est une source d’inquiétude pour d’autres qui y voient un règlement de compte contre le Président de la structure qui se serait prononcé en faveur de l’organe unique au moment où les hommes forts du pays ne veulent pas en entendre parler. Le magistrat Bah a-t-il payé le prix de son imprudence ? Nul ne saurait répondre à cette question en attendant de voir clair ce que la suite nous réservera
En attendant la transition a encore une occasion idoine de se rapprocher de la classe politique en prenant en compte sa proposition de mettre un organe unique et surtout indépendant, en place pour gérer les élections. En le faisant Bah N’Daw et son gouvernement couperaient non seulement court aux rumeurs de tripatouillages en vue pour, semble-t-il, porter le candidat de la junte au pouvoir, mais aussi ils auraient fait un pas de géant vers l’organisation des élections en 2022, car des rumeurs d’une éventuelle prolongation de la transition ont pignon sur rue au Mali. Un membre du CNT n’a pas hésité, sur un plateau de télévision, d’affirmer que les autorités de la Transition se donneront tout le temps nécessaire pour la mener au bon port quel que soit le délai. Il dit ne pas faire des 18 mois un verset du coran et qu’à l’impossible nul n’est tenu. A-t-il dit plus haut ce que les hautes autorités de la transition murmurent plus bas. Dans les jours à venir les maliens seront situés sur la suite de cet acte de dissolution de la CENI.
En somme, si tant est que le souci primordial des autorités de la transition est de doter le pays d’institutions légitimes au terme de la transition, il n y a pas de raisons qu’elles ne fassent pas en sorte qu’il y ait plus d’inclusivité et de consensus de tous les acteurs impliqués dans l’animation de la vie politique au Mali.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept