Si la grandeur spirituelle des dix derniers jours du mois béni de Ramadan tant évoquée par le monde musulman n’a pu juguler les dissensions de plus en plus fréquentes entre deux des plus grandes tendances islamiques dans notre pays, il y a réellement de quoi faire peur quant à l’issue que pourrait connaitre leurs périlleux tiraillements
En effet ce ramadan 2023, en plus de la précarité sans précédent, s’est singularisé par un épisode loin d’honorer l’islam qui, il convient de rappeler, est assis sur le socle de la soumission à la volonté d’Allah. Un aspect qui mérite plus que jamais d’être mis en exergue pour une religion dont certains porte-étendards au Mali s’adonnent à des écarts de conduite susceptibles de mettre en mal un tissu social déjà très fragilisé. Quoi qu’il en soit, leur posture ne paraît utile qu’à jeter l’anathème sur la confession majoritaire du pays et ce n’est certainement pas l’actuelle exacerbation des relations jadis tendues entre Sunnites et Ançars Dine qui le démentirait, surtout que cette fâcheuse et virulente inimitié trouve une pernicieuse résonance dans la justice Malienne.
D’autre part quand on essaye de potasser cette querelle de clochers et les menaces acerbes proférées de part et d’autre des deux camps, on s’aperçoit du laxisme des différents gouvernements qui se sont succédés aux affaires ainsi que de leur obnubilation et attirance pour l’influence des leaders religieux, lesquels se soustraient allègrement à toute tentative de régulation d’une sphère religieuse caractérisée par le désordre et les connexions nocives. Il en résulte que l’appel à la foi, qui s’opère par le biais du prêche, fait bon ménage avec l’intolérance, l’extrémisme, le fanatisme, le mépris de la croyance d’autrui, puis le culte de la personnalité et déification de simples mortels etc.
Il appartient à l’Etat, en définitive, de s’assumer en s’employant à calmer les ardeurs fanatiques bellicistes aux allures de conflit inter-religieux latent et subversifs au point de dévier la religion musulmane de ses missions de stabilisation sociale.
Seydou Diakité
Source: Le Témoin