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Disparition tragique du Professeur ibni Oumar : Des jeunes brisent le silence

C’est à la faveur d’un point de presse que des jeunes, réputés pour leur combat pour la justice, la liberté et le panafricanisme, ont porté à la connaissance de la presse, leur volonté de soulever l’histoire criminelle d’un grand homme politique du Tchad, assassiné et pour qui justice n’est pas encore rendue. C’est  au CRAPES (Centre de Recherches et d’Analyses Politiques, Economiques et Sociales) qu’Adama Ben Diarra du Mouvement « On a tout compris, Waati sera », Ibrahima Kebe, Président « Faso Kanu », Oumar Diallo « Beki Djoyorofa » avaient convié la presse pour dénoncer le silence des démocrates et des instances judiciaires en charge du dossier Ibni Oumar Mahamat Saleh. La date du 03 Février consacre la commémoration des 10 ans de disparition de l’homme. Dans leur déclaration, les jeunes ont rappelé les circonstances de la disparition de l’homme, ses compagnons et ses amis politiques, son combat d’opposant au Tchad et même dans le monde.

Le 03 février 2008, après un raid rebelle sur N’Djaména, l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh est enlevé chez lui. Depuis, famille, camarade de lutte et amis ont tout tenté pour connaître la vérité sur son sort, en vain.

Qui était le Professeur IBNI ?

A travers notre modeste contribution, nous ne visons pas à épuiser le sujet. Notre désir est d’ouvrir le débat, de jeter dans la discussion des éléments susceptibles d’éclairer certaines phases, de provoquer certaines réactions, d’initier une action d’échanges que nous nous engageons à entretenir avec loyauté et en toute honnêteté.

L’histoire n’est la propriété d’aucune génération, ni d’aucune obédience. Elle se nourrit des apports de chaque génération et ne supporte ni d’être occultée, ni d’être travestie.

L’affaire de la disparition du ProfesseurIBNI OUMAR MAHAMAT SALEH, l’un des principaux opposants de son époque continue de susciter l’émotion de par le monde.

Le Professeur IBNI comme tout digne fils du Tchad et de l’Afrique  est un homme qui est contre la compromission, il n’est pas aussi un adepte de la facilité. Le luxe n’a jamais entamé ou altérer ces convictions gauchistes et gauchisantes. N’étant pas un homme facile à convaincre dans les débats contradictoires, c’est ce qui lui a valu une mort tragique d’un dimanche 03 février 2008 à N’Djamena. Cette figure emblématique de l’opposition tchadienne a payé de sa vie les frais d’une adversité car il refusa de se faire manipuler par un régime.

Le Professeur IBNI peut s’estimer heureux pour avoir semé des graines qui ne sauraient être déterré par aucun régime. Il a derrière lui, beaucoup de compatriotes qui ont la même vision politique qui ne saurait admettre aussi la compromission, car selon les dires de certains de ces camarades, cela ressemblerait à une traitrise. C’est pourquoi, nous exhortons toute la jeunesse du monde, les politiciens de tout bord défendant les mêmes idéaux à s’allier à notre combat afin que triomphe la vérité et rien que la vérité.

Professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH, est une référence, un symbole, un patrimoine national tchadien.

Les dynamismes de la nation s’en trouvent ramollis si non brisés, la fierté nationale écroulée, le patriotisme gravement amoindri, la confiance en l’avenir ébranlée, la pensée déconcertée et l’ambition nationale tachetée. C’est une situation désarmante pour un peuple héritier d’intrépidité, de bravoure, de valeurs morales et sociales, extraordinairement élevées et qui gisent dans le patrimoine culturel, lequel a reçu un sacré coup. Or il y a un axiome historique qui dit : savoir nager, savoir monter à cheval, tout cela est bien. Mais se connaitre soi-même est meilleur.

Parlons de l’homme en tant que tel dans la vie :

C’est un homme intrépide, courageux ayant toujours prôné l’amour du prochain, il n’hésite pas de bon matin faire de porte en porte pour s’acquérir de l’état dans lequel ces voisins ont passés la nuit. Il combat l’injustice dans toutes ces formes, il est contre l’acquisition de bien faciles, n’est-ce pas cela qui lui a valu une fin tragique.

Grand rassembleur de tous les fils du pays sans distinction d’ethnie ou de religion.

En fervent musulman et pratiquant, il accepta d’aider ses frères à la faculté des sciences exactes et appliquées sans pour autant attendre une contrepartie du pouvoir en place.

Le Citoyen Professeur IBNI avait l’intention de rassembler dans l’amour fraternel et sous la bannière du patriotisme tous les tchadiens, qu’ils soient du Nord ou sud, de l’est ou de l’ouest, de l’intérieur ou de l’extérieur.

Très tôt, le Professeur IBNI avait montré ses qualités d’organisateurs et d’éducateur de la jeunesse. Il s’est fait remarquer dans le militantisme syndical et dans l’animation culturelle.

 

Honnête citoyen de son état, il s’est toujours acquitté de ces obligations fiscales et a payé régulièrement ses factures d’eaux et d’électricité.

 

Le Professeur IBNI voulait incarner avec honneur les vertus cardinales du peuple. Pour les tchadiens de quelque bord que ce soit, IBNI est un phare.

 

Il est bien vrai que ces multiples messages et son exemple légendaire demeurent plus que jamais vivants dans les cœurs et les esprits des millions d’africains soumis à la misère et à l’oppression, et plus que jamais nourrissent leurs espérances.

 

Foncièrement honnête et franc, bon, droit et fier, le Professeur IBNI était aussi propre dans son corps que dans son esprit.

Le Militant et responsable IBNI, son parcours syndical, une des pièces maitresse de la Fédération des Etudiants Africains de France (FEANF), il était aussi le représentant du Front de Libération National (FROLINAT) en Europe. Pendant les guerres de libération, étant étudiant en France cela ne lui empêcha pas de passer par la Libye avec ses compagnons, Adoum Yacoub Kougou et Acheikh Ibn-oumar afin de subir une formation militaire conforme à leurs idéaux à Koufra dans le sud de la Libye avant de regagner le Tibesti pour combattre auprès de leurs frères d’armes (FROLINAT).

 

Commissaire chargé de la formation idéologique au sein du FROLINAT, idéologue, cela lui valut le pseudonyme de Lénine par ses camarades. En marxiste-léniniste convaincu, il a toujours combattu la soumission, la servitude, l’esprit féodal et l’exploitation de l’homme par l’homme. Il incarnait l’amour du travail bien fait.

 

Le Professeur IBNI se distinguait par son esprit de discipline et sa constance dans le combat pour la réalisation des objectifs du Parti. En même temps qu’il étendait ses connaissances et développait ses capacités, IBNI tenait à toujours donner le bon exemple, car disait-il, le bon militant fait le bon dirigeant.

D’après ces camarades d’enfance et ses proches, dès abas âge, le Dirigeant IBNI se fait remarquer par ces réflexions profondes et s’éloigne de la médisance et de la calomnie car selon lui c’est des mots qui relèvent d’un esprit rétrograde à la limite réactionnaire, non progressiste. Ces qualités ont été le leitmotiv de principe de base de son fil directeur et n’hésitant pas pendant ces heures creuses d’enseigner ces vertus à ses enfants ainsi que les enfants des voisins qui gravitaient autour de lui afin de partager son capital idéologique.

Le Professeur IBNI a tracé la voie lactée pleine d’obstacles multiples vers un avenir radieux pour les jeunes en rapport avec-lui-même.

Le silence ou le mutisme autour de cette disparition tragique du Professeur IBNI, il y a 10 ans de cela a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Et jusqu’à preuve du contraire, cette disparition tragique continue à être au centre des débats politiques des gens qui ont la hauteur d’esprit de transcender les clivages claniques, régionalistes et ethnocentriques. N’est-ce pas cela qui continue à créer une psychose au sein des dirigeants au risque d’être la goutte d’eau qui va faire débordé le vase. SIC

Selon les informations, le professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH fut enlevé devant sa famille à son domicile par les éléments de la garde presidentielle du Tchad, il fut séquestré, torturé, ces geôliers lui font subir des traitements inhumains, deshumanisants, dégradants et le conduise vers une destination jusqu’ici inconnu par ces proches. Cette forfaiture s’est produite de connivence avec les autorités françaises déjà présente au Tchad avec une base militaire forte de plus de 2000 hommes dénommée Opération Epervier.

Après, l’exécution d’une telle sale besogne, certaines mémoires continuent à revendiquer que justice ou lumière soit faite, c’est bien normal et même logique.

Le mystère qui entoure la mort de IBNI  n’est pas élucidé, on ignore encore les circonstances exactes de son exécution, ni l’identité de ses assassins, ni le lieu de sa sépulture.

La question est qu’on se trouve en face d’un nouveau crime direct et délibéré au Tchad pourquoi on ne veut jamais prendre le risque d’un procès public sur ce sujet au Tchad.

C’est pour la famille un drame humain avec la disparition d’un mari, d’un père et l’impossibilité de faire son deuil.

Ensuite le scandale soulevé par ce crime d’état, s’est prolongé par la raison d’état.

Enfin, la personnalité même du Professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH continue de marquer l’histoire du Tchad, de l’Afrique et du monde tout entier.

Les maitres provisoires du Tchad veulent jeter sur la tombe du Professeur IBNI la chape du silence mais il est vrai que la grande ombre d’IBNI ne finira pas de hanter les nuits et les jours de ses assassins.

Aucun peuple ne peut se passer de son histoire et toute entorse faite à l’histoire d’un peuple est une agression à l’encontre de son patrimoine, donc de l’un des aspects les plus fondamentaux de son identité nationale.

 

Pour mieux comprendre les raisons de l’assassinat du Professeur IBNI, il est nécessaire de rappeler son parcours tant humain que militant, citoyen que dirigeant. Trop souvent, l’aspect juridique de cette disparition a escamoté sa personnalité et ses combats pour défendre et concrétiser les aspirations populaires.

 

Il fait des études secondaires brillantes et les poursuit à l’université d’Orléans où il milite activement au sein de l’amicale estudiantine (FEANF) avant de devenir représentant du Front de Libération National (FROLINAT) en Europe. Les liens qu’ils tissent avec les futurs dirigeants africains ne vont jamais se relâcher, il y a notamment parmi eux les sénégalais Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, l’Ivoirien Laurent Gbagbo, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Professeur Alpha Condé, le Mauritanien Ahmed Ould Daddah, le Camerounais John Fru Ndi, le Congolais Etienne Tshisekedi, les burkinabés Salif Diallo et Roch Marc Christian Kaboré et le centrafricain Martin Ziguelé. Toute sa pensée politique et son allure militante l’imprégneront de façon africaine et internationaliste.

 

On ne peut plus douter de la mort du Professeur IBNI, mais les circonstances exactes, les assassins, le lieu de sa sépulture sont autant d’énigmes qui restent encore sans réponse. La multiplicité des récits quelquefois contradictoires, servant à brouiller les pistes, ne permet pas de répondre à nos interrogations légitimes sur ces points. Il revient à la justice de démêler le vrai du faux, d’explorer les pistes intéressantes, d’approfondir les contributions de tel ou tel chercheur, de tel ou tel journaliste, de tel ou tel témoin. Simplement, on verra que la raison d’état ne cesse de mettre des obstacles au travail de la justice pour la recherche de la vérité. C’est avec la même opiniâtreté et la même persévérance que, la famille du Professeur IBNI et son avocat William Bourdon, menons le combat pour la vérité et la justice.

L’enlèvement et l’assassinat de IBNI n’a pas inauguré la chaine des assassinats politiques en Afrique, c’est dire que le combat que mène le Mouvement du 03 Février/Parti Ibniste pour la mémoire, la vérité et la justice, et pour dénoncer l’assassinat politique déborde du simple cadre de l’affaire IBNI.

Seulement, dans le cas précis de la disparition du Professeur IBNI, on trouve réunis tous les ingrédients de la convergence d’intérêts impérialiste pour éliminer un militant gênant.

C’est pourquoi aujourd’hui au moins 15 pays en Afrique commémorent le 03 février Canada, États-Unis en France etc en mettant la tolérance le pardon en avant.

Je vous remercie

Bamako le 03 février 2018

Ibrahima Kébé

Source: figaromali

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