Les inégalités hommes-femmes restent grandes au Mali alors que les lois accordent les mêmes avantages aux deux sexes. Et dans cette discrimination de la femme, les handicapées sont de loin les plus marginalisées. Elles ont raconté leurs ras-le-bol lors de la table-ronde du Mouvement féministe du Mali (MFM) tenu le mardi 22 mars 2022 au Mémorial Modibo Kéita.
Les lois et politiques nationales en matière de droits accordent les mêmes avantages aux hommes qu’aux femmes. Les inégalités du genre restent cependant grandes. C’est en tout cas, le constat fait par les femmes (principalement handicapées) lors de la table-ronde initiée par le Mouvement féministe du Mali. L’objectif global de cette rencontre était de faire connaître les lois et politiques nationales en matière de protection des droits des femmes et faciliter la compréhension des inégalités de fait.
Les inégalités dans le fait concernent toutes les femmes de toutes catégories, mais celles vivant avec un handicap subissent plus de discrimination que leurs sœurs. Pour ainsi animer cette conférence afin d’attirer l’attention sur ce cas particulier des femmes en situation d’handicap, le Mouvement féministe du Mali (MFM) a fait appel à l’Association malienne des sourds et malentendants (AMASOURDS), la Fédération malienne des associations et Comités de personnes vivant avec un handicap (FEMAPH) et l’Association Malienne pour la protection des personnes vivant avec l’Albinisme (AMPPA). Pour aussi éclairer les esprits au sujet des lois et politiques nationales protégeant les droits des femmes, Me Fatoumata Djourté (juriste) était également présente à l’évènement.
«Nous faisons face à des discriminations verbales (injures et sabotages), nous subissons des violence basées sur le genre (VBG) à cause de notre albinisme parce que, selon certaines croyances, avoir des relations intimes avec une femme atteinte d’albinisme procurera richesse ou chance», a confié la présidente de l’Association Malienne pour la protection des personnes vivant avec l’Albinisme (AMPPA), Mme Maïga Aminata Traoré. Cette perception des personnes atteintes d’albinisme est d’ailleurs, a reconnu Mme Maïga, la cause de plusieurs viols, harcèlements sexuels et surtout des violences conjugaux car, certains s’unissent avec des femmes atteintes d’albinisme pour avoir des richesses et quand ils n’ont pas satisfaction c’est le divorce. «Que les gens arrêtent de penser que nous sommes des personnes maléfiques, qu’ils arrêtent de penser que nous sommes des sorciers, qu’ils croient au fait que nous sommes des personnes comme eux, donc capables de tout faire malgré nos difficultés», a lancé Maïga comme cri de cœur.
D’autres femmes responsables d’association de personnes vivant avec handicap comme Mme Balkissa Moukéïlou de l’AMASSOURDS ou encore Mme Kadiatou Coulibaly (FEMAPH) sont aussi revenues sur les inégalités que vivent les femmes, notamment celles vivant avec un handicap. Et conformément au thème de cette table-ronde de célébration du 8 mars, «Égalité de droit et inégalités de fait : des femmes témoignent», les intervenants ont invité les décideurs politiques à plus d’implication et d’engagement afin que l’inclusion prêchée tous les jours soit une réalité dans le fait. Et cela, d’autant plus que les dispositions en matière de droits favorisent les femmes comme la Loi d’orientation agricole qui, à en croire Me Fatoumata Djourté, est bien genrée mais jamais appliquée.
La coordinatrice du Mouvement féministe du Mali, Mme Djingarey Ibrahim Maïga, a d’entrée de jeu expliqué que la table-ronde a été initiée pour permettre de réfléchir, d’analyser et de proposer des perspectives qui vont dans le sens de la promotion et de la protection des droits des femmes en général.
Outre cette table-ronde, le MFM travaille sur plusieurs autres projets. Il ambitionne par exemple d’initier un forum dénommé «Forum féministe du Mali» qui sera organisé tous les deux ans.
Oumar Alpha
Source : Le Matin