La présidente du Brésil Dilma Rousseff a été suspendue jeudi de ses fonctions par le Sénat, qui va la soumettre à un procès en destitution pour maquillages des comptes publics.
Un total de 55 sénateurs sur 81 ont voté la mise en accusation de l’impopulaire dirigeante de gauche, et 22 contre.
Elle sera remplacée dans la journée par son vice-président Michel Temer, qu’elle accuse de coup d’Etat institutionnel, en attendant le jugement final des sénateurs d’ici 6 mois.
Le plus grand pays d’Amérique latine va ainsi tourner la page de 13 ans de gouvernement du Parti des travailleurs (PT), entamée en 2003 avec l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a présidé au boom socio-économique brésilien des années 2000.
Ironie de l’Histoire, l’ex-président Fernando Collor de Mello, qui avait démissionné en 1992 quelques jours avant sa destitution pour corruption, a participé aux débats en tant que sénateur. Sans dévoiler quel serait son vote.
Première femme élue présidente du Brésil en 2010, Mme Rousseff, 68 ans, s’exprimera vers 10H00 (13H00 GMT) avant de quitter le palais du Planalto et de prendre un bain de foule avec ses partisans, selon le service de communication du PT.
Le PT a convoqué élus et militants devant le siège de la présidence à 08H30, sous le mot d’ordre “Nous n’acceptons pas un gouvernement illégitime”.
“Coup d’Etat constitutionnel”
Elle devait gagner ensuite sa résidence de l’Alvorada, où elle continuera de vivre avec sa mère pendant la durée du procès.
Le futur président en exercice Michel Temer, 75 ans, s’adressera à la nation à 15H00 depuis la présidence, accompagné de son ministre des Finances Henrique Mereilles, selon le site d’information UOL.
Il devrait annoncer la formation d’une partie de son gouvernement, centré sur le redressement économique.
L’opposition accuse la présidente d’avoir commis un “crime de responsabilité” en maquillant sciemment les comptes publics pour dissimuler l’ampleur des déficits en 2014, année de sa réélection disputée, et en 2015.
Mme Rousseff, ancienne guérillera torturée sous la dictature (1964-85), se défend en soulignant que tous ses prédécesseurs ont eu recours à ces “pédalages budgétaires” sans avoir été inquiétés.
Elle se dit victime d’un “coup d’Etat” institutionnel ourdi par Michel Temer, qui a précipité sa chute en poussant fin mars sa formation, le grand parti centriste PMDB, à claquer la porte de la majorité.
Mme Rousseff a exclu toute démission et se dit déterminée à “lutter par tous les moyens légaux et de combat” contre sa destitution.
Source: BBC