La dématérialisation de l’administration publique, c’est connu sous tous les cieux, permet à un Etat d’être efficace dans sa gestion de tous les jours et qui l’aide à être performant. Cela, sans aucune nuance, va forcément dans le sens d’attirer plus d’investissements étrangers dans un monde globalisé, interdépendant.
En ces temps modernes, à l’heure du numérique dominant, le constat est patent, nous assistons à une croissance rapide et fulgurante des NTICs dans tous les pays, qu’ils soient développés ou non. Les NTICs ont considérablement changé la façon dont les individus interagissent entre eux ainsi qu’avec les administrations publiques et les acteurs du secteur privé.
Dématérialisation des services publics : mythe ou réalité ?
Les dirigeants politiques et administratifs doivent fondamentalement prendre conscience de la place prépondérante du numérique dans la bonne gouvernance et dans la lutte contre la corruption. Nécessité absolue : ils ne doivent pas perdre de vue qu’ils devront logiquement intégrer dans leur offre de marché public, comme dans la manière de gouverner, de rendre la même justice pour tous les citoyens. Et cela, dans un environnement démocratique universaliste.
Dès lors, il est attendu de la dématérialisation administrative qu’elle nous procure des avancées significatives. Il s’agit bien sûr de faciliter la collaboration interne au sein de l’administration publique et d’arriver, en même temps, à un meilleur partage de l’information entre les services publics et privés.
De la même manière, elle devrait permettre de stocker de grandes quantités d’informations afin d’en faciliter l’accès à tout moment. Une telle fluidité vise à rendre l’administration publique plus efficace dans certaines tâches et procédures. C’est dans un tel environnement attractif que les citoyens, sans se déplacer, peuvent communiquer avec les entreprises et les administrations publiques.
Comment digitaliser l’administration ?
La digitalisation améliore davantage l’offre des marchés publics et la qualité de la gouvernance. De même, comme système plus intégré, elle va promouvoir la lutte contre la corruption, réduire très significativement les contacts informels entre agents publics et citoyens, tout en renforçant la qualité des institutions de la République. Toute chose qui serait synonyme d’une confiance garantie envers les dirigeants publics ou privés. On ne le dira jamais assez : c’est cela qui permettra à l’Etat d’accroitre l’offre de services publics, tout en encourageant la participation des citoyens à la prise de décision et faciliter l’accès aux informations relatives à la bonne gestion des affaires publiques.
Relativement aux conséquences de la digitalisation de l’administration publique, si je compare les pays entre pays développés, sous-développés et pays stagnants, et quand j’en analyse l’impact de la transformation numérique sur la France et le Mali, je remarque une profonde disparité, liée notamment à l’architecture et à la sécurisation, tels qu’ils sont incorporés dans les différents moyens de paiement électronique.
En considération de deux critères, qui sont l’hétérogénéité géographique des deux pays, la France et le Mali et leur niveau respectif de digitalisation, il apparait plus clairement que la digitalisation de l’administration améliore l’efficacité des administrations publiques, désormais plus compétitives et plus efficaces, en rendant les citoyens davantage confiants en leur administration. Celle-ci, dans cette dynamique, est à même de rendre une justice plus équitable pour les citoyens, plus enclins à mieux apprécier, chez eux, l’avancée de la démocratie, un bon niveau de développement économique, une justice sociale équitable, une mobilité sociale favorable et une bonne gouvernance.
En France, en particulier, tout cela est bien en avance. Et pour cause, ce pays a commencé très tôt la dématérialisation de son administration. Ici avant d’y parvenir, les citoyens, les entreprises, la société civile et les politiques ont été consultés par l’Etat et les décisions prises unanimement par les parties. Le Mali va-t-il s’inspirer de l’exemple des pays où la dématérialisation de l’administration a été une réussite ? En effet, cette digitalisation, pour qu’elle soit une réussite, il faut nécessairement la réunion d’un certain nombre de conditions, comme entre autres la disponibilité et la régularité dans la fourniture de télécom et de l’électricité, pour tous les citoyens. En effet, sans un réseau de télécom performant et une fourniture d’électricité régulière, l’espoir attendu sera vain. Ainsi pour un service de qualité il demeure indispensable que l’Etat implique le secteur privé dans la gestion, tant de la fourniture de l’électricité que dans celle du télécom. Un secteur privé dynamique, innovent et enclin à être à l’écoute des citoyens est à même d’assurer la gestion de ces deux domaines qui sont indispensables pour la réussite de cet ambitieux projet de digitalisation. Il est plus que nécessaire que l’Etat travaille avec le secteur privé pour assurer la pérennité du service. En retard dans le domaine de la digitalisation, le Mali peut bien combler son retard tant dans le domaine du paiement électronique que dans celui de la bancarisation en évitant l’usage du cash, qui est un phénomène courant sous nos tropiques, en utilisant les moyens modernes comme l’E-commerce.
Digitalisation des moyens de paiement : quelle traçabilité pour l’argent public ?
Pour sortir la tête de l’eau, l’Etat du Mali devra être absolument plus attractif et moins réticent, à l’image de l’usage symptomatique qui est réservé aux moyens de paiement électronique, comme si on était encore à l’époque du ‘’courrier pneumatique’’, que l’ambassade du Mali utilisait allègrement à Paris.
Dans tous les pays modernes, où la digitalisation des services publics apporte une meilleure qualité dans la gestion des affaires publiques, il est bien évident que la traçabilité des fonds publics, ainsi que la sécurité qui en découle, posent des enjeux majeurs. Le Mali n’y fera pas exception : ici, comme partout ailleurs, il devient crucial que l’Etat mette en place une meilleure architecture de la digitalisation. Ce qui lui permettra d’assurer une sécurité maximale sur les plates-formes prédisposées, à partir desquelles l’on pourra exactement exercer un contrôle strict et permanent sur les versements des sommes d’argent qui y seront effectués.
Chez nous au Mali, où le système de la digitalisation est à sa phase embryonnaire, qui va contrôler ces plates-formes ? C’est l’enjeu principal, auquel on est confronté quand on examine la problématique de la sincérité des versements qui y seront effectivement exécutés.
A l’évidence, pour renforcer la transparence du système, en favorisant une plus grande crédibilité dans la façon de gérer les fonds publics, on peut aisément compter sur l’expertise et l’expérience de la BCEAO, agence nationale du Mali, pour apporter une meilleure fonctionnalité de ces plates-formes qui seront certainement plus aptes à gérer, étant fondamentalement sous le contrôle de l’Etat.
En effet, pour une gestion efficace, efficiente, voire transparence de cet ambitieux projet de la digitalisation de l’administration publique, il faut une grande implication du secteur privé qui est à même de proposer une approche innovante et de gérer avec rigueur. Certes, Il partagera certaines responsabilités avec l’Etat qui sera un partenaire indispensable, mais le gros du travail doit lui revenir comme c’est le cas ailleurs. Tous les pays qui ont réussi à faire des prouesses remarquables dans le cadre de la digitalisation de leur administration, l’ont fait en impliquant le secteur privé. C’est le cas de la France, des Etats Unis, pour ne citer que ces deux pays. Il faut avoir une vraie volonté d’accélérer l’utilisation du digital comme innovateur de développement. A titre illustratif l’état civil est entièrement numérisé, voir biométrique, mais les usagers sont loin d’être satisfaits, là encore il faut trouver un terreau d’innovation comme l’usage de l’Intelligence Artificielle, l’IA qui est la grande innovation dans la dématérialisation de l’administration publique. Son usage permet de résoudre beaucoup de difficultés et surtout la cacophonie qu’on constate dans la confection et le retrait des cartes NINA et ou Biométrique. La dématérialisation sans l’usage de l’IA n’est que désordre et ruine de l’économie, voire de l’administration. L’IA est non seulement indispensable, mais aussi et surtout elle doit être la pièce maîtresse de la dématérialisation et tout doit tourner autour de l’Intelligence Artificielle, la santé, l’éducation, l’économie, l’industrie. Elle doit être le cerveau de la digitalisation, bref l’avenir du monde passe par là. Affaire à suivre…
Mamadou Sinsy Coulibaly, Président du Groupe Kledu
Commandeur de l’Ordre National du Mali
Officier de l’ordre National du mérite de la France
L’Alternance