Lors de la deuxième édition du débat public média organisé par la CARFIP sur le thème ‘’enjeux et défis de la digitalisation de l’administration fiscale’’, le chef de division développement et maintenance du système information à la Direction générale des impôts, Gaoussou FOFANA, a largement expliqué l’état de mise en œuvre de la digitalisation au Mali et ses avantages. En plus de simplifier les opérations fiscales, les spécialistes du domaine rassurent que la digitalisation permettra de lutter contre la fraude fiscale.
Le conférencier a expliqué qu’au niveau de la Direction générale des impôts, la digitalisation constitue une orientation stratégique.
« Nous avons adopté une vision qui consiste à faire de l’administration fiscale du Mali la plus moderne et la plus efficace de l’espace UEMOA. Ce qui ne peut pas aller sans l’introduction des nouvelles technologies dans les façons de faire », a souligné M. FOFANA. Pour ce faire, il a signalé que le Mali est appuyé par des partenaires techniques et financiers dont le souhait est qu’il embrasse les bonnes pratiques internationales.
Aux dires du chef de division développement et maintenance du système information de la DGI, l’objectif visé par la digitalisation est d’augmenter de manière soutenue la capacité de l’État à satisfaire les besoins de base et à réduire la pauvreté, d’accroitre les recettes fiscales et d’améliorer les services offerts aux contribuables.
« La digitalisation permettra de dématérialiser les opérations effectuées par l’administration fiscale. Les usagers pourront faire en ligne leurs opérations de déclaration, de paiement, de consultation, de réclamation, de validation de donnée et de suivi de leur situation fiscale », a-t-il expliqué.
Comme avantages, dira-t-il, cette réforme permettra de simplifier les opérations fiscales, de renforcer le civisme fiscal ; d’améliorer le climat des affaires et d’améliorer la gouvernance.
Avec la digitalisation de l’administration fiscale, ajoute M. FOFANA, les contribuables auront la possibilité de suivre en temps réel le traitement de leurs opérations.
Il a informé que la DGI a déjà fait un long chemin dans le chantier de la digitalisation et que les prochaines étapes consistent à élaborer un cahier de charge ; à développer une plateforme d’échange interbancaire et à passer à la phase de télépaiements.
Dans son intervention lors de ce débat public média, le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsi COULIBALY, a affirmé que pour réussir la digitalisation il faut d’abord que la volonté y ait. Selon lui, dans un pays, en plus de la mobilisation des recettes l’accent doit être mis sur leur sécurisation.
En plus de la sécurisation, estime-t-il, il faut aussi élargir l’assiette fiscale.
« Cela n’est pas le rôle des services centraux seulement, mais aussi du secteur privé et de la société civile. Chacun a un droit et un devoir. Le citoyen doit payer ses impôts, car dans un pays où on ne paye pas les impôts et les taxes, ce pays est appelé à disparaitre. Le Mali n’est pas un pays pauvre, mais un pays mal géré. Il faut que tout le monde se donne la main pour aller vers la digitalisation », a affirmé Mamadou Sinsi COULIBALY, avant d’insister que l’administration malienne doit évoluer vers la concurrence.
Le Patron du CNPM a déploré qu’aujourd’hui au niveau du trésor public, il est très difficile de faire une traçabilité de toutes les recettes encaissées par les services des impôts.
Pour le développement du pays, il soutient que l’administration toute seule ne peut pas réfléchir, prendre une décision et l’appliquer sans se référer au secteur privé et à la société civile. M. COULIBALY a expliqué que pour la bonne gestion du pays, ces trois secteurs essentiels doivent donner leurs points de vue.
A son avis, la digitalisation exige au sein de l’administration publique des jeunes compétents qui sont en phase avec l’outil informatique. Le président du CNPM n’a pas hésité de dire que les vieux de plus de 50 ans qui ne maitrisent pas les nouvelles technologies de l’information et de la communication doivent laisser la place aux jeunes compétents.
Notre pays tend vers la dématérialisation des pièces justificatives et la digitalisation des procédures au sein de l’administration financière. Cette réforme se présente aujourd’hui comme une nécessité pour la modernisation et l’efficience de l’administration fiscale. Elle permettra de simplifier les démarches des usagers par l’allégement des formalités ainsi que la réduction des fréquences des contacts physiques entre les usagers et les agents publics.
Pour la réussite de cette réforme, le gouvernement a commandité la réalisation d’une étude sur la dématérialisation totale des procédures et des pièces justificatives dans les administrations financières afin d’améliorer leur capacité d’archivage numérique. Cette étude a pour finalité d’élaborer une stratégie globale d’opérationnalisation de la dématérialisation au sein des administrations financières.
PAR MODIBO KONE