Depuis le début de cette campagne agricole 2019-2020, les pluies tardent à tomber dans le cercle de Diéma. Aucune localité, à en croire le Président de la chambre locale d’agriculture, Modibo Fofana, n’a enregistré, à ce jour, 40 mm de pluie.
Et M. Fofana d’évoquer plusieurs difficultés auxquelles sont confrontés les producteurs agricoles, notamment, les conflits liés aux pistes de transhumance, les litiges fonciers, l’insuffisance de semences et d’engrais constatée chez les paysans. Il a ajouté que les agents techniques véhiculent, quotidiennement, plusieurs conseils sur les dispositions à prendre par rapport à la campagne.
Mamadou Coulibaly, producteur à Sokan, affirme que son village est fin prêt pour affronter la campagne. A ce jour, dit-il, tout est fin prêt. Les champs ont été soigneusement nettoyés. Ils ont reçu du fumier organique pour les enrichir et accroître la productivité agricole. « Les semences sont disponibles à tous les niveaux. L’entretien des matériels, charrues, tracteurs et autres a été fait. Maintenant, on attend la pluie. Dès qu’il commence à pleuvoir, les travaux vont démarrer. Notre seul souci aujourd’hui, ce sont les litiges fonciers », a-t-il dit. Quand l’hivernage approche, les conflits de terres sont monnaie courante à Sokan.
Baye Sidibé, producteur à Fangouné Bambara, lui, se plaint de l’existence de sachets plastiques qui ont envahi les rues, les champs et les places publiques. « Même si on les ramasse, poursuit l’homme d’une voix grippée, le vent les ramène ». Pour lui, la campagne n’est pas en retard, mais « si à partir du 30 juin, il ne pleut pas, il y aura lieu de s’alarmer ».
A l’en croire, les semences sont en rupture dans son village. Certains producteurs, faute de moyens, auraient consommé leurs semences. « L’engrais que le Gouvernement nous donne, chaque année, est souvent insuffisant et, pour l’obtenir, il y a des procédures à suivre », indique-t-il.
Mahamadou Gary, chargé de la pluviomètre à Fatao, explique que seules trois familles ont commencé à cultiver. Ces familles ont semé avec la première pluie qui a enregistré 17 mm. « Je leur avais dis pourtant d’attendre jusqu’à ce qu’on ait 40 mm. Ainsi, il y aura suffisamment d’humidité dans le sol », poursuit-il. Selon notre interlocuteur, il y a une insuffisance notoire de matériels agricoles. « Ici, beaucoup de paysans utilisent encore la méthode traditionnelle. Il n’existe pas de tracteurs chez nous. Les tracteurs octroyés par le Gouvernement, au temps du président Amadou Toumani Touré (ATT), ne nous sont pas parvenus », soutient-il. Avant d’ajouter qu’une ONG et la Mairie ont aidé les producteurs, pour l’approvisionnement en semences.
Issa Diawara, chargé de pluviomètre à Kamidala, raconte que dans son village, on cultive surtout du gros mil ou ‘gadiaba’, qui résiste mieux à la sècheresse. « Cette spéculation n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour vivre. Si elle pousse et qu’il pleuve au moins deux bonnes fois, c’est la période du froid qui achève sa maturation. Le ‘gadiaba’ n’a pas de problèmes, même si les herbes l’encombrent, il continue de résister », a expliqué le technicien.
Il indique que la crainte ici, ce sont les oiseaux granivores. « Chaque année, ces déprédateurs nous tombent dessus et endommagent toutes nos cultures », dit-il. « On loue le tracteur à partir de Béma pour venir labourer nos champs. Une heure de temps coûte 15 000 Fcfa », poursuit-il. Lui, il pratique la Régénération naturelle assistée (RNA). « C’est pourquoi, le tracteur ne peut pas circuler librement dans mon champ à cause des arbres ». C’est une ONG qui a appris aux producteurs à faire la RNA, une nouvelle technique culturale, consistant à entretenir les arbres qui poussent naturellement dans le champ, à en couper, s’il le faut, pour dégager l’espace nécessaire pour la culture.
Lassana Coulibaly de Kamouné Kassé, intervient à son tour : « On attend les premières pluies pour prendre le chemin des champs ». Mais il signale que les oiseaux sont à leurs portes. Bassi Coulibaly de Guédébiné renchérit : «L’année dernière, le 26 juin précisément, on a eu notre première pluie, à hauteur de 40 mm. Je n’aime pas la culture extensive. Avec peu de terres, on peut faire de bonnes récoltes ».
Selon Fotigui Coulibaly de Débo Massassi, la campagne est en retard de quelques jours dans son village. Il explique qu’il a acheté du fumier, 3 chargements de tracteur et 5 de moto-taxi qu’il a déversés dans ses champs de plusieurs hectares. « Dans notre village, poursuit-il, beaucoup de cultivateurs ne mettent pas de fumier organique dans leur champ. Ils ne connaissent certainement pas son importance. Or, à force d’exploiter chaque année la même terre, elle devient malade. Alors, il faut la soigner avec du fumier ». L’homme craint plutôt la divagation des animaux, capables d’anéantir tous les efforts.
Le village de Bignékolombougou, à en croire Lamine Sidibé, est aussi dans l’attente. « Du début de l’hivernage, à maintenant, notre village n’a enregistré que 20 mm », se plaint-il. L’homme appartient à une grande famille qui dispose de 99 hectares de terres. Il explique qu’ils ont fait une expérimentation dans le champ de son grand frère, en y mettant l’année dernière suffisamment de fumier organique, d’une quantité de 10 chargements de moto-taxi. Cette année-là, la récolte a été fructueuse.
OB/MD
Source: AMAP