Les autorités de la Transition ont suspendu le mercredi dernier jusqu’à nouvel ordre, les activités des partis politiques ainsi que celles à caractère politique des associations pour raison d’ordre public. Cette suspension intervient alors le président du Comité de pilotage du Dialogue inter-malien, Ousmane Issoufi Maïga, et le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, lors de leur rencontre avec les responsables des partis politiques le jeudi 4 avril, leur demandaient de mobiliser leurs militants pour la réussite de ces assises.
Dans son intervention, le président du Comité de pilotage a indiqué qu’ils ont besoin de la participation, de l’implication et de l’accompagnement des partis politiques pour la réussite de ce dialogue. A ce propos, Ousmane Issoufi Maïga avait rappelé une citation de Vaclav Havel, ancien chef d’Etat de l’ex-Tchécoslovaquie qui disait que “les partis politiques sont une sorte d’aboutissement de l’activité associative. On ne peut guère imaginer le fonctionnement d’une société démocratique sans eux”.
Pour l’ancien Premier ministre, “nous devons résister et continuer de forger notre destin commun dans le dialogue, la concorde nationale, la solidarité, le vivre ensemble et la justice”. Pour lui, ce dialogue doit être le cadre idéal pour débattre de tout dans la franchise, la loyauté et la vérité et pour un véritable apaisement dans le pays.
“Nous savons que vos démembrements sont partout sur le territoire national, c’est-à-dire les communes, les régions, dans toutes les collectivités où le Dialogue inter-malien se déroulera très bientôt, à l’extérieur du Mali où les Maliens résident”, a soutenu le président du Comité de pilotage, qui a sollicité l’appui indéfectible des partis politiques pour passer le message en vue de contribuer à une inclusivité réelle du processus.
Plus de 293 partis politiques
Pour sa part, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a expliqué que le Dialogue inter-malien est la volonté du chef de l’Etat de laver le linge sale en famille. Selon le colonel Abdoulaye Maïga, ce dialogue a été précédé d’autres dialogues et initiatives de réconciliation et de paix qui n’ont pas eu les effets escomptés.
Selon lui, “la perte de plus de la moitié de notre territoire national en 2012 nous rappelle sans cesse la nécessité de nous retrouver entre nous”. Aussi, il dira que la fin de l’Accord issu du processus d’Alger en janvier dernier “nous oblige à nous accrocher avec l’énergie du désespoir à cette initiative salvatrice du Dialogue direct inter-malien”.
Le colonel Maïga a félicité le Comité de pilotage pour son initiative de rencontrer l’ensemble des forces vives de la Nation car, pour lui, il y a de la place pour tout le monde. Il estimera qu’aujourd’hui, la seule initiative pour sortir le Mali du cycle de violence, de haine, d’intolérance est le Dialogue direct inter-malien.
A l’endroit des partis politiques, il a précisé qu’il ne s’agit pas de conquête du pouvoir dans le cadre du Dialogue inter-malien. Il s’est associé à l’appel solennel lancé par Ousmane Issoufi Maïga aux partis politiques, de mobiliser leurs militants. Pour le ministre Maïga, l’objectif d’un parti politique est de proposer un projet de société. Il a indiqué qu’il y a plus de 293 partis politiques au Mali.
“Vous êtes une force très importante de proposition. Nous avons besoin de vos idées, remarques, observations pour sceller définitivement la paix au Mali et sortir du cycle peu reluisant de violence qui a fait suffisamment de mal”, a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga.
En décidant ainsi de suspendre les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations, ces acteurs vont-ils accepter de participer au Dialogue inter-malien ?
C’est la question que de nombreux observateurs se posaient. Surtout qu’à plusieurs reprises, le chef du gouvernement a invité ces acteurs à une rencontre dans le but de briser la glace entre eux et les autorités de la Transition. Les ténors de la classe politique n’ont jamais accepté de le rencontrer.
Malgré cette situation, certains avaient fait le déplacement au CICB le jeudi 4 avril dernier pour prendre part à la rencontre avec le Comité de pilotage du Dialogue inter-malien. Ce cadre aurait pu servir pour briser la glace entre les acteurs politiques et les autorités de la Transition. Mais cette suspension a plutôt creusé davantage le fossé qu’il y a entre eux car de nombreuses formations politiques ont appelé leurs militants à ne pas participer à ce dialogue.
Hadijatou Fily Sissoko