Après cinq ans de crise sécuritaire qui avait quelque peu plombé l’investissement dans le secteur industriel, le Mali commence à sortir la tête de l’eau. Du moins sur le plan économique. Son vaste marché, ses énormes potentialités en matières premières et son dynamisme économique séduisent. Investisseurs étrangers et nationaux se déclarent et se disent prêts à investir. Chacun veut avoir sa part du marché, afin d’être au rendez-vous d’une émergence économique qui, de l’avis d’experts, s’annonce durable.
Comme le confirme cette audience que le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a accordée, hier, à son cabinet, à trois patrons d’industrie qui envisagent d’implanter des usines pharmaceutiques, agroalimentaires et de fabrique de bouteille de gaz dans la zone industrielle de Koulikoro, en deuxième région administrative du Mali. La rencontre du chef du gouvernement avec ces investisseurs s’est déroulée en présence du ministre du Développement Industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim, et de celui de la Santé et de l’Hygiène publique, Pr. Samba Sow.
A leur sortie d’audience, les trois patrons industriels ont donné plus de détails sur leurs projets respectifs et leur impact sur l’économie nationale et la vie de nos concitoyens. L’industriel ghanéen, Samuel Amo Tobbin qui est porteur du projet d’usine de fabrique de médicaments, a révélé que c’est suite à des informations recueillies sur le marché malien et son potentiel, que son groupe a décidé d’y implanter une unité pharmaceutique. «Nous avons choisi le Mali afin de pouvoir servir, à travers ce pays, les sept pays limitrophes et lutter contre la contrefaction qui coûte plus de 60 milliards de Fcfa à l’économie nationale », a justifié le directeur exécutif du Groupe Tobbinco.
Le coût de ce projet, qui pourrait démarrer d’ici la fin de cette année, est estimé à 40 millions de dollars américains, soit 24 milliards de Fcfa, a détaillé Samuel Amo Tobbin. Il a ajouté que ce projet emploiera à termes plus de 3 000 personnes, dont près de 1 000 travailleurs d’emblée. En plus de cet investissement, le patron du groupe Torinco a promis d’aider les autorités maliennes à attirer d’autres investisseurs afin de contribuer à la sécurisation du pays. Car, « l’investissement est en soi une sécurité. Les investisseurs s’emploieront pour sécuriser leurs investissements. Et, quand les gens sont employés et bien payés, ils seront moins tentés de joindre les groupes terroristes», a-t-il dit.
A sa suite, le patron d’Africa convergence a révélé que son groupe installera, dès que le site sera prêt à les recevoir, trois unités de production de jus de fruit et de fabrique de jus en poudre. Cette décision, selon Abdoulaye Ibrahima Soumaré, est consécutive à une visite de terrain qu’il a effectuée sur les sites de la zone industrielle de Koulikoro. «Nous préférons faire confiance à notre pays et montrer ainsi la voie à d’autres personnes», a déclaré le patron d’Africa convergence, qui dit disposer des unités industrielles installées dans d’autres pays. Ces trois usines nécessiteront, selon ses estimations, un investissement de 10 millions de dollars, emploieront 250 personnes au démarrage et 800 travailleurs à terme.
Déjà implanté au Mali, le groupe Kama S.A veut booster ses investissements, en y installant deux autres usines afin non seulement de diversifier ses secteurs d’intervention et d’investissement, mais aussi de pouvoir profiter davantage de ce vaste marché. A cet effet, le groupe compte y implanter une usine de fabrique de bouteille de gaz et une unité de production de jus de fruit, a annoncé son président directeur général. Mamadou Sacko révélera que le premier projet, qui coûtera un investissement de 8 milliards de Fcfa, pourrait résoudre les difficultés d’approvisionnement du groupe en bouteille de gaz. Selon lui, le projet de construction de l’usine de production de jus de fruit demande un investissement de 3,5 milliards Fcfa. Il ajoutera que les deux usines vont permettre la création de 400 emplois.
Cheick M. TRAORé
Source: Essor