Faire recours à la technologie numérique pour favoriser le développement du secteur agro-industriel. C’est ce que prônent des leaders d’institutions internationales de développement.
Favoriser l’espace numérique aidera à recentrer les priorités de développement du secteur agro-industriel de l’Afrique et à surmonter ses nombreux obstacles. Tel est l’objectif affiché lors d’une rencontre officielle tenue ce mercredi en marge de la Ticad 7.
Le séminaire avait pour thème : « L’Afrique numérique 2020 et le Groupe d’investissement japonais : la création de marchés pour la numérisation de l’Afrique ». Il était organisé conjointement par la Société financière internationale (International Finance Corporation – IFC) et la Banque africaine de développement.
Dans son discours d’ouverture, le président de la Banque, Akinwumi Adesina, a raconté une anecdote datant de l’époque où il était ministre de l’Agriculture du Nigéria. Un groupe de femmes l’avait abordé dans le hall d’un aéroport du nord du pays. Elles avaient tiré des téléphones cellulaires de leurs poches et l’avaient vivement remercié pour le « don », qui leur avait permis d’accéder à des données sur leurs appareils.
Il s’agissait en fait de téléphones distribués aux agriculteurs et agricultrices, et ces femmes avaient fait référence à un système de portefeuille électronique leur permettant de recevoir des intrants subventionnés, que le ministre Adesina avait alors institué à leur intention. « J’aime beaucoup ce que la technologie a apporté à ces femmes », a-t-il déclaré devant un auditorium comble.
La technologie numérique est une condition préalable à la progression de l’agriculture sur le continent, a renchéri M. Michael Hail, directeur du Centre technique de coopération agricole et rurale.
Ses commentaires ont été repris par Sergio Pimenta, le vice-président régional de l’IFC pour le Moyen-Orient et l’Afrique, qui a affirmé que la révolution numérique aiderait à débloquer le vaste potentiel que représentent les chaînes de valeur agricoles. « De nombreuses personnes ne peuvent pas accéder aux technologies », a-t-il néanmoins déploré.
Au cours de cette rencontre de trois heures, des investisseurs, des agriculteurs et des représentants des gouvernements ont passé en revue un large éventail de sujets intéressant l’économie numérique de l’Afrique, tels que des financements pour les agriculteurs, les goulets d’étranglement, l’alphabétisation numérique, les systèmes de paiement et les possibilités d’investissement.
Ont été évoqués plusieurs exemples de technologies numériques donnant des résultats positifs, telle que l’entreprise nigérienne Kobo360 fondée par Obi Ozor, qui propose une application reliant les conducteurs de camions et les entreprises aux services de livraison.
De son côté, la ministre rwandaise des TIC et de l’innovation, Paula Ingabire, a laissé entendre que les agriculteurs devaient être considérés comme des parties prenantes et non pas comme des bénéficiaires.
Dans une partie de la session consacrée aux investissements japonais en Afrique, Atsuko Toda, un directeur de banque, a invité les investisseurs à s’intéresser aux pays africains qui offrent déjà des possibilités prometteuses.
Dans son intervention de clôture, Jennifer Blanke, la vice-présidente de la Banque africaine de développement, chargée de ses dossiers afférents à l’agriculture et au développement humain et social, a décrit la tâche consistant à tirer parti des technologies numériques destinées à l’agriculture comme très intéressante. Elle a ainsi exhorté les participants à percevoir l’agriculture comme une activité économique et non pas comme « un mode de vie ».
Adou FAYE
Lejecom