Ce 12 août 2018, les Maliens étaient encore aux urnes à l’occasion du deuxième tour de l’élection du président de la République. Un scrutin qui a opposé le chef de file de l’opposition au président sortant. L’indifférence des citoyens à ce scrutin était patente.
Dans la quasi-totalité des centres de vote, le constat est pratiquement le même : la faible affluence des électeurs. Cette attitude est juste révélatrice de la démotivation qui est elle-même justifiable. En réalité, cette démobilisation n’est nullement liée à la forte pluie qui a passé toute la matinée à arroser la capitale, elle n’est pas, non plus, une question d’absence de cartes d’électeur. C’est la manifestation d’un désintérêt consécutif à tout ce qui s’est passé durant le premier tour de ce scrutin, le 29 juillet passé. La fraude généralisée, dont tous les électeurs ont eu écho, est la mère de ce désengagement lors de ce second tour.
En effet, on se rappelle que lors du scrutin du 29 juillet, les voix obtenues dans certaines localités ont dépassé le nombre d’électeurs, voire le nombre d’habitants de ces localités. Outre cela, à la veille de ce scrutin du second tour, l’opposition a découvert des bulletins de vote prévotés au compte du parti présidentiel. À cela s’ajoute l’abstention des candidats occupant la troisième et la quatrième place. Il s’agit de Aliou Diallo et Cheick Modibo Diarra. Ces abstentions ont raffermi la foi des électeurs que l’élection a déjà été truquée.
Les immoralités du premier tour ont fait dire aux électeurs qu’il ne servait à rien de sortir pour salir son nom, du moment où les dépouillements sont même finis avant le jour du scrutin. Au lieu de sortir pour aller voter, beaucoup ont préféré s’affairer. C’est la raison pour laquelle il était constatable, partout dans la capitale, ce jour-là, des vrombissements de motocyclistes à l’occasion de cérémonies de mariage. Les cortèges de mariages, malgré la pluie qui tombait, n’ont pas connu de répit.
Cette démoralisation des citoyens avant le scrutin n’est-elle pas un coup prévu ? Avec cela, des esprits malintentionnés pensaient pouvoir produire du miracle comme en 2013. Mais hélas, la dialectique est en phase de montrer son existence. La grande joie qui s’emparait d’eux s’est déjà transformée en inquiétude. Ce qui prouve que cette faiblesse du taux de participation n’a pas eu une très grande incidence sur le scrutin.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays