La Cour d’Appel de Bamako a servi de cadre, le lundi 28 octobre 2019, à l’ouverture de la deuxième session de la cour d’assises de Bamako. Durant quatre semaines, les juges se prononceront sur près de cent trente une (131) affaires impliquant cent soixante-huit (168) accusés dont cent dix-sept (117) détenus.
Parmi les cent trente et une affaires (131) inscrites sur la liste de cette deuxième session de la cour d’assises, quarante-quatre (44) sont considérées comme crimes de sang, dont seize (16) affaires d’assassinat, sept (7) meurtres, treize (13) coups mortels, deux (2) affaires de coups et blessures volontaires aggravés, cinq (5) infanticides et un (1) cas d’empoisonnement. On note également les infractions contre les mœurs qui concernent entre autres vingt (20) affaires de viol, douze (12) de pédophilies et une affaire d’attentat à la pudeur. Les infractions contre les biens compliqués d’associations de malfaiteurs et de violences comprennent, dix (10) cas de vols qualifiés, trois (3) affaires d’atteinte aux biens publics et deux (2) affaires de blanchiment. Les infractions contre la nation, l’état et la paix publique englobent elle aussi, dix (10) affaires de faux et usage de faux, quatre (4) affaires de traite des personnes, deux (2) incendies volontaires, deux (2) trafics de stupéfiants, un (1) enlèvement de personnes, un (1) utilisation et distribution de signe monétaire contrefait et enfin, seize (16) infractions de terrorisme. Pour le procureur général Idrissa Arizo Maiga, ces infractions qui vont de l’atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle, « il y’a peu étaient considérées comme extrêmes, à cause de leur rareté, mais qui aujourd’hui, à cause de leur fréquence et par leur récurrence, inclinent à leur banalisation, parfois au fait divers. » Le procureur Maïga a déclaré que cette insouciance malsaine, et la propension à la déshumanisation des mœurs, dont plusieurs cas de viols collectifs à Bamako, mis en ligne, sont des exemples illustratifs, inquiète et doit interpeller. Tout en indiquant que « le remède unique à ces dérives, à ces tares qui, envahissent l’espace public de nos sociétés, comme une génération spontanée, reste l’application rigoureuse de la loi », et ajoute que « la posture de la justice face au crime doit être constante, inébranlable et inflexible pour préparer ce qui peut encore l’être, et sanctionner lourdement au besoin ». Pour terminer, le procureur général n’a pas manqué de commenter l’actualité brûlante de la justice en conseillant aux magistrats de ne jamais se laisser distraire par les commentaires et les supputations des citoyens, face aux récentes affaires du pôle économique et financier. Le bâtonnier de l’ordre des avocats, maître Al-Hassane Sangaré a, pour sa part, tenu à situer toutes les responsabilités, y compris celle du gouvernement, pour un état de droit et une justice équitable. Il a conseillé aux magistrats de toujours voir en face d’eux, des personnes humaines d’où l’application d’un droit humain ; aux avocats de ne pas jouer à l’indifférence face à la menace et les risques pour la liberté, voir la vie des clients ; et aux autorités de redoubler encore d’efforts pour soutenir les travaux de cette assise. Surtout, à travers l’aide juridictionnelle tant attendue. Quant au président de la cour Amadoun Sidibé, il dira que le soutien de l’État est nécessaire pour soutenir les travaux de cette assise avant de déclarer ouverte la séance de la deuxième session de la cour d’assises de Bamako.
ISSA DJIGUIBA
Source : Le Pays