Le nouveau Procureur Anti-corruption, Mahamadou Kassogué, prévenait, lors de sa prise de fonction, qu’il n’y aura plus de répit dans ce pays pour ce qui concerne les voleurs de la République, les escrocs à col blanc, les corrompus et les délinquants financiers qui sucent le sang des Maliens. Ses compatriotes n’attendent que cela. Cette action a-t-elle commencé, avec la mise en détention provisoire de M. Bakary Togola, Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) ? Il n y a rien de plus normal. Toutefois, d’autres sujets de corruption à ciel ouvert sont tout aussi brûlants. C’est par exemple, le dossier des hélicoptères Puma cloués au sol. Tous les jours, des fils, des frères, des pères de famille etc, tombent sous les balles de l’ennemi ou des mines, faute d’une protection adéquate que ces aéronefs auraient pu assurer. Que d’orphelins et de veuves. Pourtant, les marchands de cette grosse escroquerie coulent des nuits douces et paisibles auprès de leurs épouses et enfants. Y a-t-il une sélection, M. le Procureur
Que reproche-t-on à Bakary Togola ? Selon le Procureur du Pôle Economique et Financier de Bamako, Mahamadou Kassogué, Bakary Togola est interpellé dans le cadre de l’affaire des ristournes des producteurs de coton sur la base d’une « dénonciation anonyme». Tout serait en effet parti d’une dénonciation anonyme qui est parvenue au Pôle Economique et Financier à travers une correspondance dans laquelle il avait été fait cas de malversations au niveau de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs du Coton du Mali. Une correspondance qui a laissé entendre que des malversations de plus de 3 milliards ont été faites au niveau de cette organisation.
C’est ainsi que le Pôle Economique et Financier a ordonné l’ouverture d’une enquête en saisissant la Brigade du Pôle Economique et Financier. Et à l’issue des investigations, le Pôle Economique et Financier a pu observer que les soupçons avaient une base de réalité en ce sens que les investigations menées ont permis de comprendre que de 2013 à 2019, la CMDT a mis à la disposition de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton du Mali, 13 milliards 431 millions 431 milles 037 Francs CFA. Sur ce montant, seuls 8 milliards, 854 millions 770 milles 823 FCFA ressortent de la comptabilité de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs du Coton de Mali (CSCPC).
Donc, dira-t-il, il y a un montant de 4 milliards 576 milles 214FCFA qui n’ont pas été comptabilisés. Et sur les 8 milliards qui ont été comptabilisés, seuls 3 milliards 969 millions 284 milles 966 FCFA ont pu être justifiés. Cela veut dire, selon lui, qu’un montant de 4 milliards 885 millions 475 mille 857 FCFA restent non justifiés. Ce qui fait un total non justifié de 9 milliards 462 millions 152 milles 071 FCFA, écart découvert à la date d’aujourd’hui. Ce résultat est obtenu à la suite de l’enquête préliminaire et le relais est pris maintenant par un juge d’instruction qui a placé en détention provisoire le suspect.
Le juge d’instruction va donc continuer avec les investigations, il va approfondir les enquêtes et voir si les montants allégués sont confirmés ou non. Et le Procureur Kassogué de préciser : « Nous sommes dans le combat de l’objectivité, nous n’avons rien contre Bakary Togola, nous n’avons rien contre personne, nous sommes sur des faits… Les règles de procédure seront strictement respectées, surtout celles relatives à la présomption d’innocence ». En d’autres termes, Bakary Togola, jusqu’à preuve du contraire, n’est coupable de rien !
Et pas de doute que la suite de ce dossier va finir par le blanchir, car comme il le dit lui-même le plus souvent. Il n’est ni comptable, ni agent administratif et financier. En tout cas pour ce qui concerne ce dossier ! Il est juste cosignataire en tant que bénéficiaire ! Si malversation il y a, cela est sans doute à rechercher ailleurs, pas au niveau de Bakary Togola.
Par ailleurs, les Maliens auraient aimé voir le Procureur anti-corruption s’attaquer à d’autres dossiers brûlants comme l’affaire de l’achat du Boeing présidentiel et des équipements militaires, ou encore celle toute récente portant sur les hélicos Puma cloués au sol. Des dossiers qui intéressent en premier les Maliens, vu l’hécatombe au quotidien qui est devenue celle de nos vaillants soldats sur les théâtres d’opérations, faute d’équipements adéquats… Chaque soldat malien tué sur le terrain doit gronder la conscience de nos autorités. Au sujet justement des hélicos Puma, autant un citoyen a dénoncé l’affaire de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs du Coton de Mali, autant le Président de la République et le président de la Commission Défense à l’Assemblée nationale ont affirmé dans la presse internationale que « ce n’est pas une affaire claire ». Le patron des patrons nommait haut et fort le fonctionnaire le plus corrompu du Mali. Le Procureur ne peut pas avoir entendu cette autre dénonciation et qu’est-ce qu’il attend pour sévir ? Il y a deux poids, deux mesures dans la lutte contre la corruption au Mali car, la matière ne manque pas.
Fousseyni SISSOKO
Source: Notre Voie