Après sa mission à Tombouctou, le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI)a organisé un dîner de presse, le jeudi 7 juillet 2022, au restaurant Bafing, au Quartier du Fleuve, pour faire la restitution. Parmi les responsables du Fonds, on y notait le nouveau vice-président du Conseil de direction, Ibrahim Sorie Yillah; la responsable des programmes Côte d’Ivoire-Mali, Aude Le Goff ; du responsable de la section information et sensibilisation de la Cour pénale internationale, Mohamed EL Hadj ; du Fonctionnaire adjoint de 1re classe chargé des programmes sur le terrain, Laetitia NGUEWO; du représentant de l’UNESCO, Modibo BAGAYOGO.
Cette rencontre visait, selon les initiateurs, à faire le point sur l’état d’avancement des réparations dans l’affaire de destruction des mausolées ainsi que la mission effectuée par le Fonds à Tombouctou.
Au cours des échanges, les responsables du Fonds au profit des victimes de la CPI ont rappelé qu’il y avait dix ans (du 29 juin au 11 juillet 2012) Ahmad Al Faqi Al Mahdi participait à la destruction de neuf mausolées malgré le fait que les neuf Bâtiments protégés attaqués dans l’affaire Al Mahdi étaient inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de leur « valeur universelle exceptionnelle « donnée par le rôle essentiel qu’ils ont joué dans la diffusion de l’Islam en Afrique, et parce qu’ils ont témoigné de l’âge d’or de la capitale intellectuelle et spirituelle de Tombouctou au XVIe au siècle. Ils ont également signalé la destruction de la porte sacrée de la mosquée Sidi Yehia à Tombouctou, pendant l’occupation de la ville par Ansar Dine dont il dirigeait la brigade de mœurs.
Aux dires des missionnaires du Fonds, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable le 26 septembre 2016, par la Cour pénale internationale de crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments religieux et historiques avant qu’il soit condamné à neuf ans d’emprisonnement.
Depuis lors, l’inculpé avait commencé à purger sa peine à travers des excuses à la Communauté de Tombouctou.
Selon le Fonds au profit des victimes, la CPI aurait décidé en novembre 2021, de la libération anticipée Ahmad Al Faqi Al Mahdi le 18 septembre 2022.
Selon la responsable du programme Aude Le Goff, la CPI a rendu une ordonnance de réparation en date du 17 août 2017. Parce que, tout simplement selon elle, la Cour pénale internationale a reconnu que le crime commis par Al Mahdi avait causé des préjudices à la population malienne, aux descendants des saints enterrés dans les mausolées, aux maçons, aux gardiens et à la communauté internationale. Il s’agit, selon les responsables du Fonds, des préjudices moral et économique.
Cependant, trois mesures de réparation ont été mises en place selon le Fonds au profit des victimes de la CPI, à savoir la remise symbolique, la réparation individuelle et collective.
Évoquant les mesures de réparation symbolique, le Fonds au profit des victimes de la CPI a fait allusion à la cérémonie de remise symbolique d’Euro à l’État malien l’année 2021. Ils ont rappelé que cinq comités de commémoration avaient été mis en place dont quatre à Tombouctou et un à Bamako pour identifier et mener un dialogue communautaire, le plus large possible, pour décider ce qu’ils veulent commémorer (destruction des mausolées, la reconstruction des bâtiments, la reprise des activités autour des mausolées…) et de décider également comment commémorer ?D’ici août-septembre 2022, disent-ils, les membres de ces comités se mettront d’accord sur une ou plusieurs mesures de commémoration à mettre en place.
Parlant des mesures de réparation individuelle, ce volet concerne, selon les responsables du Fonds, des personnes par leur statut de gardien, des descendants des saints enterrés dans les mausolées, des maçons, des gardiens qui avaient directement droit à une réparation individuelle de compensation monétaire dont le montant est strictement confidentiel.
S’agissant des mesures de réparation collective, les responsables du Fonds au profit des victimes ont expliqué que ce volet constitue trois dispositifs à savoir la résilience économique, la commémoration de ce qui s’est passé et de réhabilitation du patrimoine. À ce niveau, le Fonds travaille avec leur partenaire (UNESCO) , selon la responsable des programmes Cote d’Ivoire-Mali pour le Fonds au profit des victimes, afin de rebâtir soit les mausolées qui n’ont pas été reconstruits ou de mettre en place des mesures que toute la Communauté puisse en bénéficier comme l’électrification, la reconstruction de clôture et éviter l’avancée du désert avec d’autres initiatives.
Toutefois, les orateurs ont signalé qu’ils avaient rassuré la population de Tombouctou à travers le lancement des mesures de réparation collective à Tombouctou le 6 juillet 2022, avec la rencontre des autorités administratives locales, des partenaires, de la société civile, des gardiens des mausolées, des descendants de saints enterrés dans les mausolées, des maçons.
Au cours des échanges, les responsables du Fonds ont déclaré que les juges de la CPI avaient demandé de clôturer d’ici le 14 novembre 2022, la phase de réparation individuelle. Cela veut dire que le Fonds au profit des victimes procède au traitement des dernières demandes qui n’avaient pas encore pu être soumises au Fonds, indiquent-ils.
Par SABA BALLO
Source : Info-Matin