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Désordre républicain au Mali : À quand la démilitarisation de l’administration civile ?

À quoi sert une armée ? Telle était la question que nous avons posée à des citoyens afin d’avoir leur perception du militaire. Nous avons volontairement choisi trois milieux différents intellectuel, analphabète et mixte (grin dans lequel on rencontre indifféremment des lettrés, des semi-lettrés et des illettrés).

 

 camp militaire kati putsch

 

En effet, sur dix sondés par milieu à propos de leur perception du militaire, les résultats furent les suivants :

 

-intellectuel : une armée sert à protéger les citoyens et à faire la guerre si nécessaire; cette réponse fut identique pour les dix sondés.

 

 

-analphabète : une armée sert à faire la guerre (réponse de 7 sondés); une armée sert à nous protéger (réponse des 3 autres sondés).

 

 

-mixte : une armée sert à faire la guerre pour nous (4 sondés); une armée sert à se sacrifier  pour nous (2 sondés); une armée ne sert à rien (3 sondés); à veiller sur nous (1 sondé).

Moult lectures peuvent être faites de ces réponses littérales recueillies; au-delà, on peut se contenter de les interpréter brièvement et de donner une  froide et sommaire lecture sur notre armée depuis la 1ère République. De notre point de vue, elle révèle la source majeure du désordre dans notre république.

 

 

Un constat est que 21 réponses sur les 30 pensent qu’une armée sert à faire la guerre. Si notre échantillon de 30 personnes peut se révéler infime pour être représentatif, son caractère disparate est tout le moins révélateur du travail d’un porteur de tenue et d’arme de guerre mais pas de chasse (vision candide du simple citoyen).

 

 

On pourrait ajouter à ces 21 réponses les 6 autres qui ont à peu près la même sensibilité. Les 3 autres qui estiment que l’armée ne sert à rien expriment un sentiment de désarroi. L’intérêt de ce mini sondage réside dans la prise de conscience chez les citoyens de ce qu’est l’armée ou de sa raison d’être.

 

 

Aussi le paradoxe vient du fait que dans notre pays, aujourd’hui à étiquette démocratique, l’Administration de l’Etat est encore ¨truffée¨ de militaires. Est-ce le signe de ¨L’INCURIE CIVILE¨ ? On pensait qu’il existait autant une administration civile qu’une militaire, distincte l’une de l’autre, constituant ainsi le fondement de l’ordre républicain démocratique.

 

 

La valeur de la deuxième repose sur son mutisme par rapport à l’administration civile et au respect de la stricte séparation des deux. Les deuxième et troisième Républiques sont à l’origine de ce capharnaüm politique, de cette illisible imbrication des deux administrations qui a généré l’hybride et l’immonde administration mixte.

 

 

Les tenants du 2e régime ¨les militaires¨ prenant goût au pouvoir politique et ayant vite oublié leur serment de remise du pouvoir aux civils après six mois décidèrent de créer une ¨école de caste militaire¨ pour pérenniser leur génération au pouvoir en tout cas dans les privilèges.

Les 1er et 2e régimes de la 3e République (tenants militaires et civils du pouvoir) ont accentué le système dans des cercles de famille, d’amis et d’intimes. Le militaire, prenant goût au système et oubliant qu’il est un soldat dont la vocation est la défense du territoire et de la nation, s’est vite transformé en soldat de la répression de ses propres citoyens aux mains nues.

 

 

Ils se sont mêmes persuadés qu’il n’y aura plus de guerre, prétextant sans argumenter, l’impérieuse nécessité pour un officier militaire d’être gouverneur de régions dites sensibles en place et lieu de l’administrateur civil comme si le militaire ne pouvait pas être aux ordres  du civil en tant que son conseiller aux affaires militaires.

 

 

Le monde a vu ¨la République des Généraux en Grèce¨ depuis le Coup d’Etat opéré par les militaires et leur prise de pouvoir en 1974. Le pays est parti à vau-l’eau jusqu’au blocage institutionnel. Les récentes chaudes périodes de nos régions dites sensibles nous ont édifiés sur la gestion administrative et politique des militaires; on doit en tirer des leçons.

 

 

Qu’un attaché militaire soit dans une représentation diplomatique ou dans une institution par fonction militaire, qu’il soit dans des missions de développement comme les militaires médecins ou ceux dans les grands travaux d’aménagement (construction de routes, de ponts, de barrage etc), cela est louable.  Cependant, qu’il lutte pour la paix sans avoir à tuer (par le biais de la sensibilisation ou du contrôle des armes en circulation) cela est encore noble.

 

 

¨Rendre à César ce qui est à César ¨tel doit être le leitmotiv de notre nouvelle culture démocratique à l’image de la coutume, de la tradition démocratique occidentale. Le militaire dans le civil ne peut être valorisé, il est voué à perdre son mutisme au profit du chuchotement pour qui sait écouter et finira par tomber dans le verbiage et la corruption.

Les valeurs militaires doivent rester celles du soldat, l’administration politique celle du civil. L’ordre étant la vertu cardinale du soldat, il doit par respect pour cette vertu se désengager de l’administration civile à commencer par les départements ministériels qui semblent manifestement engorgés par la pléthore d’officiers, en mal de place au sein des forces armées.

 

 

Une certitude cependant dans l’attente du changement annoncé est que le peuple s’attend à voir son administration civilisée par sa démilitarisation; ainsi elle sera confiante en son armée réellement aguerrie car tournée essentiellement vers ses tâches militaires. La Nation aura de ce fait un solide socle pour son processus démocratique.

 

 

Notre mini sondage révèle la connaissance judicieuse du citoyen quand au rôle fondamental de son armée qu’il entretient. Dans la refondation de l’Etat l’expérience positive de certaines tâches dévolues à l’Armée de la 1ère République pour son aguerrissement doit être actualisée. Par exemple, à travers l’octroi de périmètres à aménager dans l’Office du Niger pour que notre armée apprenne à s’auto-nourrir en produisant ce qu’elle consomme.

 

Cela présente un triple avantage : l’aguerrissement du soldat en tout temps, son autonomie alimentaire (essentielle en période de combat) et une grande économie budgétaire pour l ‘Etat. Il faut civiliser la Gouvernance en la démilitarisant et légiférer dans cette optique tout en renforçant l’Armée. Ainsi l’Ordre Républicain pourra être progressivement restauré dans sa  pure tradition démocratique.

 

 

S.M. DIALLO.

SOURCE: Ciwara Info

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