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Désobéissance civile : Bamako, ville morte

D’habitude, le lundi, premier jour de la semaine, l’affluence est grande dans la circulation et dans les services publics à Bamako où, après le weekend, les uns et les autres s’empressent de régler leurs affaires. Ce qui n’était pas le cas hier. Bamako avait l’allure d’une ville morte.

 

Après le déclenchement de la désobéissance civile dans l’après-midi du vendredi 10 juillet, Bamako a vécu, hier lundi 13 juillet, sa première journée ouvrable sous la coupe de cette opération initiée par le M5-RFP pour  » exiger la démission du président IBK et de son régime.  » Hier, des échauffourées se poursuivaient encore, par endroits dans la capitale malienne. Celle-ci ressemblait à une ville morte. Les Bamakois ne sont pas sortis, comme d’habitude, en masse, les lundis, pour regagner leurs lieux de travail. Beaucoup sont restés à domicile pour voir « l’évolution de la situation ».

En effet, les trois jours précédents (vendredi, samedi et dimanche derniers) les manifestations ont touché tous les coins de la ville. Des pneus brûlés, divers objets entassés pour barrer les routes suivis des scènes de saccage des services publics, des affrontements entre policiers et manifestants, des arrestations sans grand discernement des leaders du Mouvements et des manifestants par les forces de l’ordre. Bref ! Un vrai cocktail explosif, sans oublier les morts d’hommes, dont le bilan définitif reste à déterminer.

Le dimanche soir, le parrain du M5-RFP, l’imam Mahmoud Dicko, avait appelé les jeunes au calme tout en précisant que « la détermination pour ce combat reste forte ».

Malgré cet appel au calme du guide religieux, précédé, le samedi, du discours d’Ibrahim Boubacar Kéïta annonçant l’abrogation du décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle, la situation était loin d’être rassurante. Que ce soit à la cité administrative où se trouve la plupart des départements ministériels, ou au quartier administratif de l’ACI 2000, la situation était morose. Les portes des services étaient closes. Quelques usagers venus sur place ont dû rebrousser chemin.

La circulation était loin d’être dense. Les véhicules et motos qui, d’habitude, abondent sur les principales voies de ce quartier, se faisaient rares.

Un avant-goût avait déjà été donné depuis le vendredi dernier. Ce jour du 3ème rassemblement du M5-RFP, dès la matinée, les responsables des divers services publics et privés avaient ordonné aux agents de rentrer à la maison.

C’est dans cette logique, le weekend ayant été très mouvementé, que le même mot d’ordre est resté d’actualité. Ainsi, le dimanche soir déjà, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF) a annoncé que les guichets de ses services resteront fermés au vu de la situation de crise. Ainsi, outre les banques et établissements financiers, les services publics, les stations-services, ainsi que de nombreuses boutiques et centres de prestation sont restés fermés. Une peur panique semblait s’installer dans la ville marquée par un ralentissement général de l’activité économique.

Avec cette paralysie de la capitale, les initiateurs « de la désobéissance civile » ont réussi leur pari, celui de mettre le pays au ralenti. En effet, dans son document intitulé « les 10 commandements de la désobéissance civile », le M5-RFP avait demandé à ses militants de bloquer les entrées des services publics pour amener les agents à observer un arrêt de travail.

Cette situation de ville morte devra être de nature à amener les autorités du pays à accélérer la recherche d’un compromis avec les contestataires. En tout cas, hier, elles ont procédé à la libération des leaders du M5-RFP arrêtés le weekend. Ceci pourrait contribuer à baisser la tension qui était encore vive hier, notamment dans le quartier de Badalabougou autour de la mosquée de l’imam Dicko où les affrontements se sont poursuivis entre les jeunes et les policiers qui ont lancé des gaz lacrymogènes dans les familles environnantes de la mosquée de l’imam Dicko, suivis des tirs sporadiques.

Youssouf CAMARA

Source : l’Indépendant

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