Le Mali va acquérir trois nouvelles locomotives russes pour la Société de Patrimoine Ferroviaire du Mali (SOPAFER)-SA avec la promesse de réparation de deux autres locomotives. Ce sont la moisson de la visite d’amitié et de coopération d’une délégation ministérielle malienne de haut niveau à Moscou, il y a quelques jours. Faut-il alors espérer que cette annonce ne soit pas un nouveau coup de bluff mais réelle afin que le train siffle enfin sur l’axe Bamako-Kayes ? L’on est en droit de se poser cette question si l’on sait que depuis environ cinq ans des annonces gouvernementales à ce sujet ne tarissent pas.
De toute façon, déjà, pour une bagatelle de 7 milliards, le Gouvernement malien a pu réparer les trois principaux ponts ferroviaires (Mahina, Bafoulabé…) et les voies ferrées. L’espoir est donc permis.
Pour comprendre le pessimisme des riverains du rail, il est à rappeler que plusieurs promesses notables des gouvernements précédents, relatives à la reprise du Traffic ferroviaire, se sont révélées fausses. Nous prenons comme point de départ 2017.
L’Etat du Mali a décidé, lors du Conseil de ministres du 31 mai 2017, de mettre à la disposition de DBF (qui n’existe plus) une enveloppe de 4, 6 milliards FCFA pour la relance du trafic ferroviaire voyageur : 2,4 milliards étaient alloués pour l’acquisition de locomotives de seconde main, le reste du montant pour d’autres dépenses. Cette annonce avait figuré en bonne place dans la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga devant les élus de la nation.
N’ayant pu honorer cette décision du Conseil de ministres, le président de la république, IBK, lors de sa visite à Kayes en 2018, avait annoncé à la population la relance imminente du trafic voyageur à travers l’obtention par le Mali et le Sénégal d’un don de 300 millions US dollars par la Banque mondiale. Cette information d’allocation de dons était directement adressée au président de la république par son ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Clissé, depuis Washington, le siège des Institutions de Breton Wood.
Cette annonce présidentielle à l’endroit d’une population dont l’attente est si forte pour la relance du trafic voyageur avait été bien accueillie. La déclaration aurait donc dû observer la diligence et la prudence de vérifier à quoi cette subvention est-elle dédiée. Mais la réalité, ce qu’elle ne fut qu’une simple expectative d’autant que ledit don était un financement exclusivement destiné à la réhabilitation des points critiques de la voie ferrée Dakar-Bamako dont les 70% se situent d’ailleurs en territoire sénégalais. Par manque de vision politique et de stratégie communes des deux Etats, ce financement, quand bien même non destiné au trafic ferroviaire, n’a pas hélas été obtenu.
Vient ensuite la sortie médiatique (en pleine précampagne électorale) du ministre des Transports, Baba Moulaye, à côté d’un drapeau malien, depuis Pretoria dans la cabine d’une locomotive flambant neuve, pour annoncer en grande pompe comme acquise par l’Etat du Mali et devant être réceptionnée à Bamako (trois au total) via Dakar dans moins d’un mois. C’était en décembre 2017 ! Depuis cette date, les riverains des chemins de fer attendent impatiemment et vainement leurs locomotives.
Mais toutes ces annonces ne furent jusque-là que de simples expectatives au grand dam de ces populations riveraines des rails. Nous osons espérer que cette dernière nouvelle, concernant l’acquisition de trois (3) locomotives russes, devienne enfin une réalité au grand bénéfice des populations riveraines des rails !
A suivre !
Falaye Keïta
Source : Le Pélican