Après le coup de force du 25 mai 2021 entraînant la démission forcée du président de la Transition, Bah N’Daw et de son Premier ministre, Moctar Ouane, avec son gouvernement, une équipe de notre réaction (Ziré) a interrogé des habitants de Bamako sur la question. En clair, les Bamakois n’ont pas la même lecture de la situation politique actuelle du pays. Lisez donc les réactions !
Mamadou Guindo, mécanicien à Kalaban Coura : «Je comprends l’acte des militaires et je suis pour.»
«Moi, je pense que la situation du pays ne fait que s’empirer de jour en jour. Au lieu que les acteurs de la transition se battent pour des postes, ils devraient se mettre ensemble pour pouvoir mener à bien cette transition. Mais, certains ont décidé d’écarter d’autres. En réalité, les questions militaires ne peuvent pas être traitées sans les militaires et les questions politiques sans les politiciens. Cependant, je comprends l’acte des militaires et je suis pour. Je pense qu’ils ont bien réagi en faisant partir le président de la transition, Bah N’Daw, et son Premier ministre, Moctar Ouane. Pour la suite, le vice-président de la transition, Assimi Goïta, doit gérer le reste de la transition pour le bonheur de tous les Maliens. »
Bourama Diarra, conducteur de tricycliste: «Ils devraient trouver un consensus. »
« L’acte des militaires est un retard pour la bonne mise en œuvre de la feuille de route de la transition. Ils devraient trouver un consensus pour le reste de la transition. Maintenant, le Mali aura toute la Communauté internationale à dos et nous allons souffrir en cas de sanction. A chaque fois qu’il y a sanction contre le Mali, ce sont toutes les couches qui sont affectées. Les militaires doivent donner le pouvoir à un civil pour le reste de transition.»
Mme Dramé Fatoumata Dicko, ménagère à Yiriimadjo: «Bah N’Daw et Moctar Ouane ont trahi le pays.»
«Bah N’Daw et Moctar Ouane, ont trahi le Mali et je pense qu’ils voulaient se débarrasser tout simplement des militaires. Aujourd’hui, le vice-président, colonel Assimi Goïta, doit poursuivre le reste de la transition en formant un nouveau gouvernement dans les prochains jours.»
Bourama Doumbia, Comptable : «La position de Bah N’Daw et Ouane était floue»
«Le vice-président de la Transition, Assimi Goïta, a pris ses responsabilités devant l’histoire en écartant du pouvoir le président et le Premier ministre de la transition. La position de ces deux hommes était vraiment floue. Avec le nouveau gouvernement, ils ont décidé d’écarter deux principaux militaires sans consulter au préalable le vice-président. Donc, je suis sûr qu’il y a un véritable jeu politique entre la France et la Russie.»
Fatouma Sanogo, couturière à Niamana : «Je pense que les militaires ont tort.»
« Je pense que les militaires ont tort de prendre le pouvoir de cette façon, en faisant partir le président de la transition, Bah N’Daw. Ils devraient s’asseoir et discuter de tout ça. Maintenant, ce qui est fait, est fait. Il faut passer à autre chose et la priorité doit être l’organisation d’une bonne élection crédible qui va être acceptée par tous.»
Adama Samaké: « Assimi doit faire le reste de la transition. »
« Il faut savoir que le pouvoir du président de la Transition n’est pas tout à fait légitime. A ce que je sache, il n’est pas venu au pouvoir par des élections, il a été juste nommé par les putschistes. Donc, moi je ne vois pas pourquoi on ne peut pas le changer. Il a trahi les militaires, en pensant qu’il détenait lui seul tout le pouvoir. Donc, Assimi Goïta doit faire le reste de la transition, il doit nommer un nouveau Premier ministre pour qu’ensemble nous ayons des élections libres et transparentes. »
Aminata Koné, enseignante à kalaban : « Assimi et ses compagnons ont pris leurs responsabilités. »
«La situation du Mali ne fait que se compliquer de jour en jour et on ne sait plus en qui il faut faire confiance. D’après mes informations, Bah N’Daw n’a pas pu honorer les attentes des militaires et certains civils, c’est pourquoi il y a eu ce retournement de situation. On n’a pas du tout compris la reconduction du Premier ministre, Moctar Ouane, et ensuite pourquoi enlever les deux colonels du nouveau Gouvernement ? Pour moi, Assimi et ses compagnons ont pris leurs responsabilités et l’histoire jugera s’ils ont bien agi. »
Tidiani Sangaré, peintre à Sirakoro : « J’espère qu’il va donner le pouvoir à la fin de la transition à un civil.»
«Si nous en sommes là, c’est grâce aux militaires. Ils ont renversé le régime d’IBK. Pour moi, les militaires peuvent bien gérer cette transition. Je pense aussi que le président de la Transition n’a pas bien agi en voulant écarter certains éléments-clés du putsch. Il s’agit des colonels Sadio Camara et Modibo Koné. Assimi Goïta a pris ses responsabilités en mettant fin au pouvoir du président de la Transition. J’espère qu’il va donner le pouvoir à la fin de la transition à un civil qui sera élu. Enfin, je suis sûr que les choses vont bien aller, je suis optimiste. »
Djénéba Coulaby, étudiante : «C’est le retour à la case de départ.»
«Deux coups d’Etat dans neuf mois, vraiment c’est trop. Le Mali a trop souffert. C’est le retour à la case de départ ; tous les partenaires du pays pourraient partir jusqu’à ce qu’il y ait la stabilité dans le pays. Aussi, le Mali pourrait être sanctionné, alors que, sans l’aide de nos partenaires, il est très difficile qu’on puisse s’en sortir. On constate ces derniers temps que les colonels sont nommés dans plusieurs haut postes du pays comme par exemple le cas de l’hôpital Gabriel Touré. Si c’est pour le bonheur du pays, ils doivent laisser les bureaux climatisés pour aller libérer le Mali des mains des terroristes.»
Oumar Camara, agent immobilier à N’tabacoro: «On doit faire revenir Bah N’Daw au pouvoir.»
«On pouvait continuer la Transition sans en arriver là, cinq coups d’Etat dans l’histoire de notre pays, je pense que ça en est de trop, cela ne va pas avancer le pays, ça nous met en retard. Toujours après le putsch, il faut s’attendre à des sanctions. Il fallait juste choisir un autre Premier ministre au lieu de faire démissionner le président de la Transition. On doit faire revenir Bah N’Daw au pouvoir.»
Daouda ARAMA
Source : Ziré