La délivrance des vignettes 2019 a commencé depuis quelques semaines. Comme les autres années, rien n’a changé dans les procédures et les formalités à remplir. Seulement, les va-et-vient des affairistes, le parking monnayé à 200 FCFA, les longues files d’attente. Pour ainsi dire, les contraintes et difficultés des citoyens y demeurent. Les demandeurs doivent franchir toutes les étapes susnommées pour se procurer leurs vignettes. Mais gare à vous, chers confrères et/ou internautes si vous prenez une image sans le « Oui » de l’Administration. Mais ce que ces hommes ignorent, aucune interdiction n’existe concernant la liberté de la presse face à ces genres d’anarchies et d’escroqueries érigés en système contre l’intérêt public.
Les problèmes du Mali, notre cher pays, sont énormes. L’amateurisme, l’abus de pouvoir, le banditisme autoritaire, les magouilles. À maintes occasions, toujours et partout ce sont les maux qui gangrènent nos services publics. Et, malheureusement, jusque-là, après une soixantaine d’années d’Indépendance nationale, dont une trentaine d’années de l’ère démocratique, le bout du tunnel semble encore loin voire très loin même, quant aux respects de certains droits constitutionnels, dont celui à l’information et à la liberté d’expression.
En effet, hier, lundi 4 février, lorsque nous nous sommes rendus à la Mairie du District pour l’obtention de notre vignette 2019 comme tout bon citoyen, nous avons constaté sinon même avons été victime d’un abus de pouvoir, pardon d’une « nouvelle » mesure dont le respect strict est obligatoire pour chaque Homme de médias qui s’inscrirait dans la dynamique de relayer une information aux populations. Oui, ce bas peuple qui paie les impôts et taxes pour alimenter l’Administration, mais qui ne demande que la transparence et la droiture dans la gestion des structures publiques. Il s’agit « de passer par l’Administration pour avoir l’autorisation à informer le Public». Telle est la nouvelle mesure d’autre âge mise sur place par certains caïmans de la Mairie du District de Bamako pour la simple raison que les populations ne doivent pas être au courant de ce qu’ils manigancent sur place.
Pour la petite histoire, il était environ 11 Heures lorsque nous sommes arrivés à la Mairie du District. Là, nous avons été désagréablement surpris de l’anarchie et des actes d’escroqueries d’une nouvelle race d’Affairistes appelés « les coxeurs» qui erraient dans la cour, entre l’Administration et la devanture de l’Hôtel de la ville en quête de proie facile. Ces gens, qui y imposent leur loi, sont là en train de bloquer tous ceux qui veulent se procurer régulièrement leurs lignettes dans le guichet de la Mairie. En complicité avec des Agents véreux, ils créent d’embouteillages monstrueux pour effectuer leurs opérations mafieuses. Sur le tarif officiel, il vous exige « 1000 ou 500 FCFA » de surplus. « Juste quelques minutes ! », « Chef, venez ici : très rapide ! », etc. Une fois au rang, il vous faut plus d’une Heure avant d’accéder à l’intérieur de la salle de délivrance. Et là aussi, c’était presque du désordre total. La file indienne quant à elle semblait être bloquée. «Je suis sûr que ce sont les affairistes qui retardent la distribution. On a vraiment souffert aujourd’hui », a déploré un Homme en tee-shirt jaune. « C’est le Mali et nous ne savons pas quand cela va finir. Si les autorités avaient fait en sorte que les vignettes soient disponibles dans les autres Mairies des différentes communes, nous ne serions pas là en train de souffrir comme ça », réagit une voix presque courroucée au fond de la file.
Dans la salle aussi, les Agents et les Secrétaires légalement employés souffrent énormément à leur tour. Car, selon une Dame, ces « coxeurs » provoquent des embouteillages, des actes de sabotages déguisés pour se faire des sous. « Mais ce sont des protégés des chefs de la Mairie qui leur autorisent de faire de débrouillardises sur le dos des populations», renchérit un autre Agent du service de délivrance des vignettes.
Donc, pour nous, en tant que Journaliste dont la mission régalienne et de défendre l’intérêt public, c’est une occasion opportune, pour prendre des éléments afin d’informer objectivement l’opinion nationale et les décideurs politiques. Il faut que les conditions d’obtention soient règlementées, facilitées pour les honnêtes qui effectuent le déplacement à la mairie pour s’acquitter de leurs devoirs civiques en payant leurs vignettes légalement sans corrompre ou tricher dans la circulation.
Mais, là, votre serviteur s’est retrouvé aux mains des « coxeurs ». La vignette en main, lorsque j’ai fait sortir mon téléphone pour capter quelques images de la file indienne, qui ne cessait de s’allonger, brusquement un Homme en costume noir, lunettes aux yeux, surgira de nulle part pour ordonner à un policier de faire arrêter votre serviteur et de nous conduire auprès de lui. Et l’Agent, sans rien chercher à savoir, s’empara de notre appareil puis nous conduire vers celui qu’il appelait « Monsieur le Maire ».
«Tu es en mission .Tu vas faire quoi avec ces images ? Il est interdit de venir prendre ici toutes informations sans avoir, au préalable, l’autorisation de l’Administration. On peut porter plainte contre toi pour ça, car tu n’as pas notre accord», tenta-t-il d’intimider votre serviteur. «On va te conduire tout de suite au 1er Arrondissement», rajouta avec véhémence le policier. Mais, malgré la présentation de notre carte de presse et les objectifs de la prise desdites images, il nous a fallu encore plus d’une trentaine de minutes pour que l’Agent et son chef « Monsieur le Maire » nous restituent notre téléphone. Cela, en exigeant la suppression des images.
Cette nouvelle mesure liberticide démocratique, cet abus de pouvoir contre la presse dans la Mairie du District est-il une instruction du Maire principal Adama Sangaré ? Pourquoi y a-t-il ce laisser-aller dans les enceintes de cette Mairie sur fond d’escroqueries érigées en système contre les honnêtes qui y vont se procurer légalement de leurs vignettes ?
Face à cette anarchie ne doit-on pas informer sainement l’administration, les décideurs pour y apporter des corrections nécessaires ?
En attendant, notre « Monsieur le Maire » doit se rendre à l’évidence qu’aucune interdiction n’existe concernant la liberté de la presse face à ces genres d’anarchies et d’escroqueries érigés en système contre l’intérêt public.
Mais malheureusement, nous sommes au Mali où la préservation des intérêts personnels prime sur celui public.
Seydou Konaté : LE COMBAT