Le renouvellement du mandat de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali) est prévu pour le mois de juin prochain. Or, la situation sécuritaire sur le terrain n’est pas reluisante. Conscients de cet état de fait, les autorités maliennes et leurs partenaires européens souhaitent que le mandat de la Minusma soit beaucoup plus robuste capable non seulement de se défendre convenablement, mais aussi, de traquer les terroristes et jihadistes jusqu’à leur dernier retranchement. Il ressort des conclusions de la rencontre entre les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne et ceux des cinq pays du G5 Sahel, adoptées lors de la 3688ème session du Conseil, le 13 mai 2019, que l’Union Européenne accueillerait favorablement l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, en juin prochain, d’un mandat de la MINUSMA à la hauteur des enjeux.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a évoqué, mainte fois, dans ses rapports trimestriels que la situation sécuritaire au Mali demeure préoccupante. A titre illustratif, au cours de ces cinq premiers mois de l’année 2019, il y a eu des massacres à Koulogo, Dioura, Ogossagou, Guiré etc. Le dernier en date remonte au dimanche 19 mai 2019 où la localité de Koury dans la région de Sikasso a été attaquée faisant des morts. Le samedi 18 mai 2019, la Minusma, elle-même, a perdu un Casque bleu et quatre autres blessés suite à une attaque perpétrée par les bandits armés dans la région de Tombouctou et Tessalit. Le 13 mai 2019, le village de Heremakono dans le cercle de Niono (Région de Ségou) a été attaqué par des hommes armés faisant une douzaine de morts). Malgré la présence des forces étrangères ou internationales sur le sol malien, la paix tant souhaitée n’est toujours pas acquise. Dans une interview accordée à la radio France internationale, le lundi 20 mai 2019, le ministre malien des affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiébilé Dramé disait qu’il Il faut un engagement accru de la Minusma. « Il faut un engagement accru de la Minusma. Il faut un engagement accru de la force conjointe du G5 Sahel. Il faut l’accompagnement de la force Barkhane pour faire baisser le niveau de violence, afin de permettre au pays de rechercher des solutions », a-t-il dit. Lors du séjour d’une délégation du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) au Mali du 22 au 24 mars 2019, le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé a attiré l’attention des diplomates Onusiens sur la « caducité » du mandat de la Minusma par rapport à la situation sécuritaire sur le terrain. A cet effet, il a souhaité que le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) soit capable de faire face aux défis actuels. « On leur a dit de changer le paradigme, ça ne sert à rien d’avoir des gens qui ne servent à rien. On attendait de la Minusma qu’elle nous aide à libérer le pays pas qu’elle s’enfonce dans la situation actuelle. Ce sont les Hommes qui ont fait le mandat, s’ils retournent qu’ils voient la situation normalement, eux-mêmes, doivent appeler à la révision du mandat de la Minusma. Un mandat est donné par les Hommes et peut être modifié par les Hommes. La situation mérite aujourd’hui qu’on revoie le mandat de la Minusma », a déclaré Soumaïla Cissé. Est-ce que le conseil de sécurité pense à adapter le mandat de la Minusma aux difficultés actuelles sur le terrain au Mali ? Cette question a été posée à plusieurs reprises par les journalistes aux membres de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU lors de leur séjour au Mali. La question n’a pas eu de réponse. Elle a été tout simplement bottée en touche ou du moins superbement ignorée par les conférenciers en l’occurrence le chef de mission de la délégation du conseil de sécurité, François Delattre de la France. Après le Mali, cette fois-ci, ce sont les 28 pays de l’Union Européenne qui demandent que le mandat de la Minusma soit beaucoup plus robuste. Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, aggravée par l’instabilité dans les pays limitrophes, l’UE rappelle que tous les acteurs – les gouvernements nationaux des pays du G5 Sahel, le G5 Sahel, la CEDEAO et les pays voisins, l’Union africaine et les Nations unies – ont la responsabilité de mobiliser leurs moyens dans le cadre d’une approche cohérente et globale de stabilisation permettant le retour de la sécurité et du développement. « L’UE salue à cet égard le travail des gouvernements des pays du Sahel et des acteurs nationaux et internationaux et le rôle de coordination des Nations unies. Elle souligne le rôle crucial de la MINUSMA pour la stabilité, la paix et la réconciliation au Mali, y compris son rôle au nord et au centre du pays, en particulier ses missions d’appui au redéploiement de l’État, de protection de tous les civils, sans discrimination, d’appui au retour des services de base et de bons offices pour le processus politique malien qui doit impérativement être mené à terme, ainsi que sa capacité d’interaction avec les autres forces de sécurité, y compris par l’appui qu’elle apporte à la FCG5S. En conséquence, l’UE accueillerait favorablement l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, en juin prochain, d’un mandat de la MINUSMA à la hauteur de ces enjeux », indiquent les conclusions du Conseil des affaires étrangères sur le Sahel, adoptées lors de la 3688ème session du Conseil, le 13 mai dernier.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain