Maliennes et Maliens de l’intérieur et de la diaspora,
Mes chers compatriotes,
Il y a 28 ans, avec vous, je me suis engagé dans la lutte pour l’instauration de la démocratie au Mali.
En le faisant, j’ai renoncé au confort que m’offrait un Cabinet d’avocats prospère. J’ai pris des risques physiques importants en conduisant personnellement les premières marches pour la Liberté politique et le Démocratie. J’ai exposé ma carrière professionnelle. J’ai aussi renoncé à une vie de famille tranquille. J’ai même risqué ma vie.
Je n’attendais aucun dividende personnel de cet engagement.
A preuve, après l’instauration de la démocratie, je n’ai accepté ni poste, ni privilège, ni avantage.
Seul le Mali m’importait, le Mali notre patrimoine commun auquel j’ai consacré toute ma vie.
Ensuite, j’ai, avec vous, assisté à des pratiques qui étaient totalement à l’opposé de ce que nous avions promis à nos compatriotes : la corruption avec l’émergence de fonctionnaires milliardaires, le démantèlement de notre armée nationale, un génocide éducatif, le chômage de nos jeunes, la dilution de nos valeurs coutumières et religieuses, les atteintes à la liberté d’expression, l’extrême pauvreté avec tous les jours plus de Maliens qui connaissent les affres de la faim, qui n’ont ni eau ni électricité et qui n’ont pas accès aux soins de santé.
Toujours pour l’amour du Mali et encore au prix de lourds sacrifices, je me suis opposé à ces pratiques au Parlement, dans la rue, dans les media et même devant les tribunaux.
Pour ces combats, pour le Mali, j’ai accepté d’aller en prison, mes biens ont été incendiés, mes amis discriminés…
De nouveau sollicité, après 25 années de refus, j’ai accepté d’apporter ma contribution à l’édification de la maison Mali au niveau du Gouvernement.
Mais ce que j’y ai vu, entendu et appris m’a fait comprendre que je n’y avais pas ma place et que l’intérêt du Mali n’était pas au centre des priorités.
Mes chers compatriotes,
Dans la vie, il savoir faire des choix. Surtout quand l’intérêt général est en cause.
Dans la vie, il faut avoir l’humilité et la sagesse d’évaluer ses succès et ses échecs et en tirer toujours le meilleur enseignement.
En effet, le comportement de certains hommes politiques a fortement altéré l’image de l’homme politique et jeté un discrédit sur la politique : les trahisons, les retournements spectaculaires de veste, la mauvaise gestion et les détournements de deniers publics, les invectives et les coups bas, les fraudes électorales et les scissions politiques, les discours irresponsables et excessifs, l’implication dans des scandales financiers, la non-prise en compte des besoins du plus grand nombre, l’abandon de nos valeurs sociétales, culturelles et religieuses…
Or, dans ce contexte de corruption politique, économique et des mœurs, des femmes et des hommes ont su mettre au-dessus de tout, l’intérêt général et les valeurs cardinales de notre peuple, tel le respect de l’autre et du bien public, la loyauté, la droiture, la dignité, la vérité et la justice au détriment de leurs intérêts personnels.
Il est de la responsabilité de ces personnes, qui sont parfois dans des camps opposés, de travailler ensemble et patiemment à réhabiliter la politique, à lui conférer à nouveau ses lettres de noblesse et surtout à mettre en place un Etat exemplaire, vertueux et inclusif.
A cet égard il faudrait interdire et sanctionner toute immixtion de la famille, des amis, des associés, des intérêts privés à l’exercice de responsabilités publiques.
Le cancer de la corruption doit être combattu, les corrompus et corrupteurs dégagés et punis.
Le fonctionnaire sera protégé et mis en confiance, son image restaurée, le mérite récompensé, les fautes sanctionnés, la volonté de servir l’Etat récrée pour ainsi rénover la Fonction publique. Et la redevabilité sera la règle.
Il faudrait aussi redonner à nos compatriotes la fierté d’être Maliens, les protéger partout où ils seront. Faire leurs transferts d’argent vers le Mali à moindre coûts et sécuriser leurs investissements.
Le Mali sera respecté et sa voie entendue.
J’ai compris, mes chers compatriotes, que bien qu’incontournables les partis politiques ne peuvent plus continuer à exercer un monopole sur la gestion des affaires publiques.
Il faut donc désormais étroitement associer à l’action publique la société civile et aussi ces milliers de maliens sans aucune attache partisane ou associative qui sont toujours prêts à répondre à l’appel du Mali.
C’est la raison d’être du regroupement UNIS POUR LE MALI (UMA) qui regroupe en son sein toutes ces catégories de Maliens dont le CNID-FASO YIRIWA TON.
Mes chers compatriotes,
L’action publique se fait d’abord au service de l’HOMME.
C’est pour cette raison que l’Homme malien, pris en tant que citoyen ou organisé dans un groupe (entreprises, associations, communautés…) sera replacé au centre du processus de développement économique, social et culturel que je propose aux Maliens.
En d’autres termes, il s’agit de faire de chacun de nous :
– le décideur pour l’avenir et le devenir de notre pays ;
– l’acteur principal du développement ;
– enfin le bénéficiaire ultime de ce développement.
1- L’homme, décideur pour l’avenir et le devenir du Mali est d’abord en quête de spiritualité qui reste un besoin vital.
Dans ce domaine, les actions à mener seront orientées dans deux directions :
– La laïcité de l’Etat reconnue et réaffirmée non comme le rejet des religions mais comme la nécessité de reconnaître la liberté de culte et d’aider positivement les croyants à accomplir leurs obligations religieuses.
– La reconnaissance de la légitimité de nos chefs religieux, de nos chefs de villages, de quartiers, de fractions et de nos leaders d’opinion qui retrouverons la place qui est la leur dans notre société.
Dans ce cadre :
– la famille sera protégée et l’autorité parentale renforcée.
– les prérogatives des chefs religieux et coutumiers seront réaffirmés ;
– les valeurs sociétales positives seront préservées et renforcées.
C’est fort de cette conviction que j’ai initié en 1994 une proposition de loi sur la légalisation du mariage religieux adopté après 25 années de dur combat.
2- L’homme acteur principal du développement mènent des activités productives qui seront encouragés et soutenus par l’Etat dans le cadre de la promotion et du renforcement du secteur privé.
Ces activités qui concernent tous les domaines (le commerce, les services et la fiscalité, l’industrie, l’agriculture, l’élevage, la pêche, les mines et l’énergie, les transports, l’artisanat et le tourisme) favoriseront la création d’emplois.
Nous relèverons ces défis économiques et financiers en nous adossant au numérique, à la formation, aux énergies propres et renouvelables, dans le respect l’environnement.
La responsabilité sociale des entreprises sera renforcée.
3- Enfin l’homme en quête permanente de mieux-être sera le bénéficiaire ultime du développement.
En effet, le citoyen est toujours épris de justice, de liberté et de sécurité qui lui seront assurées à l’intérieur et en dehors de nos frontières pour les Maliens de l’extérieur ou en déplacement.
La sécurité d’une Nation, mes chers compatriotes, ne se délègue pas. Elle s’assume. Nous l’assumerons.
Et nous assurerons la sécurité des Maliennes et des Maliens partout où ils seront par nos Forces de Défense et de Sécurité bien formées, bien équipées et bien motivées.
Nos efforts tendront aussi vers une réconciliation sincère et totale allant de Fily Dabo Sissoko aux conflits actuels et la satisfaction de la demande sociale.
Pour la réconciliation, rien ne doit être occulté. Aucun tabou ne doit exister.
Tout doit être évoqué, réparé et pardonné.
Sur la demande sociale, l’éducation et le numérique, la santé, l’accès à l’eau, à l’électricité, au téléphone, à l’information, les infrastructures pour le transport et l’habitat seront fortement pris en compte.
L’investissement dans le Savoir sera considéré comme le meilleur et le plus productif des investissements.
A cet égard l’Ecole sera effectivement et totalement gratuite et obligatoire.
La question de la création d’emplois sera au cœur des politiques publiques car nous savons que l’emploi, c’est la dignité, la sécurité, un puissant facteur de production et de redistribution de richesses.
Nos enfants, ainsi cesseront d’être des fardeaux à vie et seront autonomes.
Des investissements concerneront toutes les couches sociales notamment les plus fragiles (les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées).
Certes, nul ne peut enrayer la pauvreté sur terre. Mais améliorer les conditions de vie des citoyens est une des premières vocations d’un Gouvernement. Pas dans l’urgence. Mais au quotidien et dans la durée.
Mes chers compatriotes,
L’extrême pauvreté est synonyme de faim, de maladie, de chômage, de délinquance, de corruption, d’exode, d’immigration. Pire, quelques fois on y perd son danbé, sa dignité.
Or, mes chers compatriotes, la pauvreté n’est pas notre destin !
J’ai beaucoup voyagé à travers le monde pour voir, comprendre et apprendre. J’ai aussi lu et écouté. J’ai visité des pays, aujourd’hui beaucoup plus riches que nous, alors qu’au moment de nos indépendances, ils étaient aussi pauvres que nous.
Je sais que le Malien est entreprenant, qu’il est aussi endurant.
J’ai vu des Maliens réussir en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe.
Pourquoi ne réussiraient-ils donc pas au Mali ?
Cela est possible et je m’y engage avec vous et c’est le sens de ma candidature à l’élection présidentielle de juillet 2018 que je vous annonce en sollicitant vos bénédictions, conseils, accompagnement et soutien.
Aussi à celles et ceux qui ont rêvé d’un Mali autre et qui ont connu des déceptions, à ceux et celles qui n’ont pas encore franchi le pas qui sépare le rêve de l’action, à celles et ceux qui n’avaient pas compris, je lance un appel solennel : réalisons ensemble notre rêve commun : un Mali ou il fait bon vivre.
Aucun homme, aucune femme, aucun parti politique, aucune structure de la société civile ne peut seul relever les défis qui nous interpellent. L’union dans la diversité, est seule à même de nous permettre de faire face.
Il nous faut gommer les conflits de générations en préparant la jeunesse à prendre ses responsabilités tout en l’impliquant ici et maintenant, les conflits entre villes et campagnes, les conflits liés au genre, au niveau d’instruction, les conflits entre secteur public et privé, entre maliens de l’intérieur et ceux de la diaspora, entre civils et porteurs d’uniformes, religieux et laïcs …
Ainsi nous nous donnerons des raisons d’espérer et de nous rassembler pour construire ensemble le Mali.
Nous n’avons pas le choix : il nous faut agir ou périr, sauver le Mali ou assister en spectateur à sa disparition.
Le Mali est au bord du précipice. Ne le laisserons pas tomber.
Unis tout devient possible !
Unis pour le Mali, le Mali gagnera !
Unissons-nous donc autour de notre Mali !
Puisse ALLAH SWT bénir le Mali !
Bamako, le 26 JUIN 2018
La rédaction