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DÉCÈS DE SBM: L’Ampp dénonce la détention arbitraire pour des infractions imaginaires

L’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) a fait une sortie fracassante sur le décès de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, survenu le lundi 21 Mars 2022. Selon l’AMPP, le décès de l’ancien Premier ministre est survenu dans des circonstances émouvantes qui ont porté atteinte aux droits et libertés fondamentaux ainsi qu’aux valeurs de justice et de l’État de droit, heurtant le sens moral et affligeant les consciences.  

 

L’ancien Premier ministre, non moins président de la formation politique ASMA/CFP, Soumeylou Boubèye Maïga est décédé le 21 mars 2022, ‘’suite à sa dure et longue détention arbitraire et illégale pour des infractions imaginaires n’ayant jamais été commises’’, a indiqué l’AMPP et la REFSYMA tout en saluant la mémoire de l’illustre disparu, homme d’État flegmatique hors pair.

Pour l’AMPP, Soumeylou Boubèye Maïga  est un leader politique charismatique, un cadre accompli au parcours enviable comme riche et exceptionnel. Affectueusement appelé, entre autres « SBM » ou « le Tigre », patriote sincère et engagé, démocrate convaincu, homme politique par vocation et conviction, doublé de fin stratège politique.

Cette association des procureurs et poursuivants estime que le “tigre de Badala’’ était suffisamment préparé pour briguer la magistrature suprême du pays, avant d’ajouter qu’il a été un des dignes fils de la nation ayant joué un rôle crucial dans l’éveil des consciences, tant sur les bienfaits de la démocratie que sur les dangers du monopartisme constitutionnel.

Cette association estime également que l’ancien PM a été victime de son rayonnement multidimensionnel, son charisme, son leadership et son attachement aux principes démocratiques et valeurs républicaines à nul autre pareil. Selon elle, la mort de Soumeylou est une perte énorme pour le Mali, l’Afrique et le reste du monde.

L’AMPP pense qu’il a été arbitrairement privé de sa liberté par la justice de son pays, devenue méconnaissable. Selon l’association des procureurs et poursuivants, les premiers dirigeants de la justice l’ont dénué du droit à la justice, à la présomption d’innocence reconnue à toute personne mise en cause tant que sa culpabilité n’aura pas été établie.

‘’Le droit à des détentions commodes adaptées à son état et dignes de son statut, conditions de droit à la santé et au bénéfice de soins appropriés contre l’avis des spécialistes, au mépris de toutes les expertises et contre-expertises médicales commandées par l’État lui-même, cyniquement arraché à la vie’’ déplorent les procureurs et poursuivants.

Ils estiment que le seul tort de SBM aurait été d’exprimer son attachement au respect du délai de la période transitoire souverainement fixé par le peuple, dans la Charte de la Transition. Selon eux, il reste incontestablement le martyr parfait de la démocratie, mais encore de la justice à laquelle il a tant donné.

Toutefois, l’AMPP se dit indignée par les circonstances qui entourent cette mort, largement assimilée de « mort programmée », en ce qu’elles affligent profondément une famille fragilisée, heurtent le sens moral et troublent la conscience collective d’une nation inconsolable.

Elle impute cette ‘’tragédie judiciaire’’ aux seuls premiers dirigeants de la plus haute institution judiciaire du pays, tout en dénonçant, à l’instar de tous autres défenseurs des droits humains, démocrates et porteurs des valeurs de justice.

Pour les procureurs et poursuivants de cette association, SBM a été contraint de subir par la Cour Suprême, en violation de son droit à la présomption d’innocence. À les en croire, elle a fustigé, sans réserve, la négation achevée du droit, des valeurs morales, et des acquis démocratiques, en cette période de Transition. “Comme le comble de la méchanceté, de la cruauté et de la barbarie judiciaire, le summum même de l’arbitraire judiciaire au service des dérives du pouvoir n’ayant autre but que d’anéantir toute voix audible contraire à sa position’’, dénoncent-ils.

Consciente du devoir de vérité inhérent au droit à la justice auquel l’illustre disparu attachait du prix, l’AMMP estime que les affaires dites de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements et effets militaires ont servi de prétexte à son incarcération tapageuse et son traitement discriminatoire à dessein.

L’AMPP dit se fonder sur des déclarations concordantes de personnalités dignes de considération ayant été proches de ces affaires d’une part, et d’autre part, sur des rapports rigoureux de contrôle et de vérification qui se disent convaincues que l’illustre disparu, haut cadre honnête et intègre, dont l’ambition était de servir dignement et loyalement son pays, mort avec le regret d’avoir été empêché de dire sa part de vérité qui était en dehors de toute forme de malversation.

L’AMPP accuse le ministre de la Justice de l’époque qui l’avait fait comprendre au moment des faits que « tout ce bruit qui alimente l’achat de cet avion dont le besoin était réel et pressant n’était que la conséquence d’un déficit gouvernemental en matière de communication », sans qu’aucun fait de détournement ne soit imputable à un membre quelconque du gouvernement, notamment ceux nommément visés.

Pour l’AMPP, SBM était blanc comme neige. En témoigne la décision de la Justice française, le blanchissant en le mettant hors de cause, suite à son interpellation en France, mais aussi la décision de classement sans suite de ces affaires du Procureur de la République du Pôle économique et financier de Bamako de l’époque, sur la base d’une motivation irréprochable.

Les procureurs et poursuivants ont également dénoncé le traitement infligé à SBM, sans perdre de vue la situation de toutes ces nombreuses victimes d’arbitraire politico-judiciaire dont Madame Bouaré Fily Sissoko en cette période transitoire. Elle parle de la méconnaissance des règles de procédure et les atteintes graves aux droits et libertés fondamentaux.

Elle a également déploré ‘’les arrestations judiciaires hâtives et arbitraires, la persécution des leaders politiques, d’opinion et autres en violation des règles de procédure, des droits de la défense et du droit à la présomption d’innocence, les brimades, vexations et harcèlements administratifs abusifs des cadres attachés à la légalité républicaine, la réduction au silence et la contrainte à l’exil de candidats potentiels, les atteintes graves inédites à la liberté d’opinion et d’expression désormais garanties aux seuls tenants du pouvoir et à leurs partisans’’. Elle n’a pas passé sous silence ‘’le musellement de la presse et l’étouffement de l’information sur des scandales de corruption et de népotisme, impliquant des membres des organes de transition, la censure et l’autocensure excessives des débats publics portant sur le délai de la transition, le fonctionnement de la justice et les questions de l’indépendance judiciaire’’.

Bourama KEITA  

Source : LE COMBAT

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