« Identité, culture et intimité, les stéréotypes dans la vie quotidienne », tel était le thème d’une conférence-débat animée samedi par le professeur Naffet Keita, au siège de l’Association Acte Sept à Hamdallaye ACI 2000 en présence de Mirjam Tjassing, conseillère aux affaires politiques de l’ambassade des Pays-Bas. Etaient également présents, les professeurs Chéibane Coulibaly, Bani Diallo et nombre de participants. Elle prolonge une série de conférences données sur « la laïcité » et « la diversité des expressions culturelles et politiques locales », animées respectivement par Moussa Mara, ancien Premier ministre, et Ousmane Sy et Richard Toe, le 23 mai et 11 avril derniers.
D’entrée, le professeur Keïta a situé la crise identitaire dans un contexte historique en rappelant l’importance des grands débats, bien avant même l’avènement de la Fédération du Mali, la constitution de l’Organisation commune des États riverains du Sahara en 1957, les empires du Ghana, du Mali et Songhoi. « Nous avons les meilleures politiques, malheureusement leur exécution pose énormément de problèmes », estime Naffet Keïta. Il faut, a-t-il préconisé, concevoir une politique que l’État est capable de financer et non une politique dont le financement est assuré à 80 % par l’extérieur.
D’autre part, relève-t-il, des ethnies se pensent supérieures aux autres. Tant qu’on ne corrige pas ces petites choses, notre société restera toujours confrontée à un dysfonctionnement caractérisé par des conflits entre les ethnies, a indiqué Naffet Keïta. D’une manière générale, ce sont les difficultés de dialogue entre les ethnies qui ont forgé les différends et la différence culturelle entre le nord et le sud. Notre problème de l’identité prend sa source depuis la période coloniale, souligne le conférencier.
Aujourd’hui, un problème purement environnemental affecte notre société et amène des conflits dans différentes parties du territoire. Nous devons aller à la connaissance de l’autre. L’État doit se faire le devoir de faire connaitre aux Maliens les villes du nord et d’engager des débats pour la restauration d’un véritable dialogue de cohésion et d’unité nationale. « L’intérêt du débat est de montrer à la population que nous sommes un État ». Échanges et débats permettront aux populations de se rapprocher davantage et de découvrir les préoccupations des uns et des autres. Cela est un facteur déterminant pour la restauration de l’unité nationale.
Naffet Keita a cependant mis en garde contre la confusion entre l’identité et la République. Il a aussi mis en exergue le rôle des stéréotypes et des préjugés dans les crispations interethniques et dans la crise du nord Mali.
Naffet Keita est enseignant chercheur à la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de l’université de Bamako. Membre du conseil scientifique de plusieurs centres de recherches, il a une trentaine de publications scientifiques à son actif.
A. SOW
source :Essor