C’est du moins ce qu’on peut dire par rapport à la séance de questions orales qui a mis aux prises le jeudi dernier, à l’Assemblée nationale, l’honorable Karim Kéita, président de la Commission défense de l’Assemblée nationale et le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, col-majeur Salif Traoré.
C’était une séance de questions orales qui était très attendue par les populations et surtout par les médias nationaux et internationaux lesquels avaient massivement fait le déplacement à l’Assemblée nationale.
Surtout que cette séance de questions orales se tenait une semaine seulement après l’attaque meurtrière perpétrée par terroristes au nom de l’islam. Mais la montagne a accouché d’une souris. Non seulement l’interpellateur l’honorable Karim Kéita n’a pas pu faire parler le ministre de la Sécurité en posant les questions qu’il faillait mais aussi les attentes des populations n’ont pas été comblées.
Ce jour-là, après avoir demandé au ministre en charge de la Sécurité de relater les faits sur l’attaque du Radisson Blu de Bamako, le président de la Commission défense de l’Assemblée nationale, comme dans un jeu d’enfants, a tout simplement demandé à celui-ci de parler de sa stratégie de sécurité pour mettre les Maliens en confiance.
Il a demandé au ministre de s’expliquer sur les cameras de surveillance installées à travers la ville de Bamako ; sur l’absence et les détériorations des feux tricolores à Bamako. Ses questions concernaient également la création d’un centre spécialisé de lutte contre le terrorisme ; l’encadrement des prêches dans les mosquées pour freiner le radicalisme islamique, etc.
Le colonel-major Salif Traoré a fidèlement et brièvement expliqué les faits sur la tragédie de Radisson en concluant que ce sont deux terroristes et deux seuls qui ont perpétré l’attaque du vendredi. Et ces deux bandits ont été neutralisés par les forces de sécurité maliennes avec l’appui des forces françaises et américaines. Pour le ministre, il n’y a aucune raison de croire ou de faire croire qu’il y avait plus de deux terroristes à Radisson et que certains seraient toujours dans la nature. Mais aux dernières nouvelles, deux complices ont été interpelés par rapports à cet acte terroriste.
Le ministre a assuré qu’il a une stratégie de sécurité laquelle, a-t-il expliqué, est conforme à la politique sécuritaire du gouvernement. Sa stratégie est basée sur la prévention (renseignement), la protection et l’intervention. Pour l’atteinte de ces objectifs, le département de la Sécurité vient de mettre en place un centre de communication, afin d’informer régulièrement les populations sur les questions sécuritaires et cela en partenariat avec les médias publics et privés.
S’agissant de l’existence des cameras de surveillance à travers Bamako, le ministre a affirmé qu’elles rentrent dans le cadre de la mise en œuvre de la politique sécuritaire du gouvernement. Elles contribuent au renforcement de la sécurité de la ville.
Selon le ministre de la Sécurité, la création d’un centre de lutte contre le terrorisme ne tardera plus et son département travaillera avec les différentes mairies de Bamako pour rétablir tous les feux tricolores en panne.
Le ministre de la Sécurité a superbement ignoré certaines questions qui portaient sur le lancement d’un appel d’offres de la Minusma pour l’achat d’équipements télévisuels, sur l’installation de Radio Mikado par la Minusma et sur les discordances constatées chaque jour entre la communication de la Minusma et celle de l’Etat par rapport à la situation sécuritaire.
Le comble est que lors de cette séance de questions orales, au moment où l’audience s’attendait à un rebondissement de la part de l’honorable Kéita sur les questions restées sans réponse, ce dernier n’est intervenu que pour dire son entière satisfaction des réponses données par le ministre interpellé. Il a même conclu ses propos en disant qu’il est fier du ministre et des forces de sécurité maliennes qui ont mené, avec la manière, l’assaut sur les forces du mal à l’hôtel Radisson.
Fier du ministre que vous avez interpellé ? Une première à l’Assemblée nationale. Comment peut-on interpeller un ministre dont on est fier de ce qu’il fait ? Quel sens peut-on donner à cette interpellation ? Arrêtons avec ces mises en scène, s’il vous plait !
Cette séance de questions orales a été relativement brève ; elle n’a duré qu’une trentaine de minutes, alors que dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, elle devait durer 1 heure. Cette brièveté sur une question aussi sensible qu’est la sécurité a laissé beaucoup de Maliens sur leur faim.
Cette séance de questions orales était une occasion en or pour le fils du président de la République de convaincre les Maliens qui hésitent encore, qu’il est l’homme qu’il faut à la tête de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée. Mais il a prouvé le contraire, en étalant son immaturité politique sur la place publique.
M’Pè Berthé
Source: Delta News