D’autres symboles dérangeants viennent s’y ajouter : les billets et pièces de monnaie CFA sont exclusivement fabriqués en France, ce qui porte un sérieux coup de canif à l’idée de souveraineté défendue par les dirigeants des PAZF. Par ailleurs, malgré leur indépendance vis-à-vis des États depuis 2010, la BCEAO et la BEAC doivent toujours passer par le Trésor français pour accéder à la garantie de la parité fixe entre le F CFA et l’euro, et non par leur consœur de Francfort, la Banque centrale européenne, comme on aurait pu s’y attendre.
Servitude volontaire
Enfin, le franc français ayant été remplacé par l’euro, il peut paraître surprenant que les dirigeants africains se battent farouchement pour conserver une unité de compte jugée caduque par ses propres créateurs.
Cette servitude volontaire n’a pourtant eu aucun impact positif sur la vie des populations. En effet, les deux leviers de la politique économique – le budget et la monnaie – sont bloqués. Le budget a perdu son caractère contracyclique, il est même devenu procyclique : en période d’austérité, il n’y a pas de croissance, donc peu de recettes fiscales, et donc pas d’équilibre budgétaire, sauf à effectuer de nouvelles coupes sombres dans les dépenses publiques.
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Du côté de la monnaie, les PAZF sont en butte à une déflation structurelle, comme en témoigne le taux d’inflation sous-jacente, qui est égal à zéro depuis deux décennies, avec comme conséquence des taux d’intérêts réels à deux chiffres, condamnant toute possibilité raisonnable d’emprunt pour effectuer des investissements productifs.
Défense du taux de change fixe entre le franc CFA et l’euro
Et les banques centrales de la zone franc applaudissent cette illusion de la victoire finale sur l’inflation, mortifère pour toute économie qui a vocation à croître et à créer massivement des emplois marchands !
En vérité, leur principal objectif est la défense du taux de change fixe entre le franc CFA et l’euro. Il convient donc d’interroger les ressorts profonds de ce paradoxe, de déconstruire les différents intérêts des acteurs et les inerties institutionnelles à l’œuvre, de démêler l’écheveau de la persistance de cette monnaie coloniale et postcoloniale, bref ! De se poser la principale question qui vaille à nos yeux : « De quoi le Franc CFA est-il le nom ? »