Le paludisme a entraîné la mort de près de 400 000 personnes dans le monde en 2019, en grande majorité des enfants de moins de 5 ans. Bien que mortel, ce parasite peut être soigné grâce à des traitements à base d’artémisinine combiné, aussi appelés bithérapie. Mais le problème de ces traitements, c’est que les parasites ont tendance à y résister de plus en plus fréquemment. Alors certains chercheurs travaillent sur l’élaboration de nouveaux médicaments et des essais sont actuellement menés sur 1 600 enfants de moins de 5 ans au Mali, Ghana, Gabon et Bénin…
Les essais cliniques menés dans ces quatre pays africains testent en grandeur nature des médicaments toujours à base d’artémisinine, non plus en bi, mais en trithérapie.
« L’objectif du projet, c’est d’apporter la preuve que cette trithérapie sera efficace et bien tolérée par les patients, c’est-à-dire avec peu d’effets secondaires supplémentaires par rapport à la bithérapie, et l’absence d’anomalies dans les concentrations plasmatiques de médicaments », explique le chercheur Jérôme Clain, à l’initiative de ces essais.
La trithérapie, c’est un traitement comme son nom l’indique à base de trois molécules. La première, l’artémisinine élimine la plus grande partie des parasites en quelques heures, la seconde poursuit l’éradication et la troisième vient en renfort de la seconde en tuant les parasites résistants.
Et c’est cette troisième molécule, l’atovaquone proguanil, plus connue sous le nom de malarone en combinaison des deux autres qui fait la nouveauté de ces essais. Sa propriété : bloquer la transmission du parasite pendant toute la durée du traitement. « L’intérêt de l’atovaquone proguanil, c’est qu’elle a une double action, à la fois elle empêche la transmission et en plus elle contribue à la diminution des symptômes », avance Jérôme Clain.
Comme les médicaments combinés existent déjà sur le marché, le coût de cette nouvelle trithérapie serait abordable pour les pays du continent africain.
Un candidat vaccin suscite l’espoir au Burkina
Au Burkina Faso, les chercheurs de l’Unité de recherche clinique de Nanoro et leur partenaire de l’Université d’Oxford ont rendu publique les premiers résultats des essais sur un candidat vaccin contre le paludisme. L’essai clinique de ce candidat vaccin vient de passer sa deuxième phase. Le R21/Matrix-M a fait preuve d’une très grande efficacité. Ce qui suscite déjà de l’espoir au niveau des acteurs de la lutte contre le paludisme, rapporte notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani.
Au total, 450 enfants âgés de 5 à 17 mois ont été recrutés dans 24 villages durant ces premiers essais. Les chercheurs ont déclaré que sur 12 mois de suivi, le vaccin s’était avéré efficace à 77 % dans le groupe ayant reçu la dose la plus élevée, et à 71% dans le groupe ayant reçu la dose la plus faible, sans qu’aucun effet indésirable grave lié au vaccin n’ait été constaté.
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Ces résultats non jamais été égalés par un autre candidat vaccin. Ce qui suscite beaucoup d’espoir chez les spécialistes de la santé. C’est d’ailleurs le premier candidat vaccin à atteindre l’objectif d’efficacité de 75% fixé par l’Organisation mondiale de la santé.
« Ce sont des résultats impressionnant. Nous attendons avec impatience la prochaine étape qui est l’essai clinique de phase III pour confirmer avec des données à grande échelle les résultats d’innocuité et d’efficacité d’un vaccin qui est hautement indispensable pour le contrôle du paludisme dans notre région », souligne le professeur Halidou Tinto, investigateur principal de l’essai.
La dernière phase des essais va bientôt commencer. 4 800 enfants âgés de 5 à 36 mois vont être recrutés dans quatre pays africains : le Burkina Faso, le Kenya, Mali et la Tanzanie. C’est après les résultats de cette phase que le candidat vaccin pourra être homologué.
Poursuivre la lutte
En attendant, le paludisme continue de tuer massivement en Afrique et majoritairement des enfants de moins de 5 ans. Il est donc primordial de continuer de lutter contre sur le continent, malgré la pandémie de Covid-19, rappelle le docteur Moumouni Kinda, directeur général d’une ONG médicale qui agit sur le terrain en Afrique centrale et de l’ouest pour prévenir des effets de cette maladie. Depuis 1 an l’OMS a enregistré une hausse de la mortalité liée au paludisme de 19 000 à 100 000 personnes en Afrique subsaharienne.
Nous avons remarqué une baisse de fréquentation dans les structures de santé dans lesquelles nous travaillons, cette baisse pourrait essentiellement être liée à la peur de la pandémie. (…) Il est vrai que le Covid est une urgence mondiale alors il faut s’investir dans la lutte contre cette pandémie mais il faut continuer à lutter contre les autres maladies…
RFI