Premier président du Mali, Modibo Keita : le père de la Nation, bien qu’il soit un bien meilleur repère en maints domaines, il n’est pas exempt de reproche dans certains de ses choix et décisions politiques. Il a été même qualifié par certains de ses détracteurs de monarque mandingue qui voulait préparer sa succession en mettant son frère cadet en scelle. Moussa Keita dit Tati n’aura été ministre de la jeunesse pendant les huit ans de son règne que dans ce dessein. A part ce cas isolé, sa gestion fut sans reproche en ce qui concerne l’implication de sa famille dans la gestion du pouvoir.
Deuxième président, Moussa Traoré : arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat perpétré par une junte de jeunes soldats en manque de discipline, un certain 19 novembre 1968, comme tout pouvoir kaki, le lieutenant bombardé général a régné sans partage et d’une main de fer en réduisant le Mali et les maliens en un Etat sous sa tutelle et en citoyens soumis. Pendant son règne, seule la volonté de la première Dame, Mariam Sissoko, ses enfants et ses frères avait force de loi. C’est ce qui précipita, du reste, sa chute brutale. Parmi les frères de l’impératrice, on pouvait citer, entre autres, l’incontournable Abraham Doua Sissoko dit Ramos, ex directeur de la Douane, Alain Sissoko, l’entrepreneur hors-pair et Madou Diarra. Comme si cela ne suffisait pas, le Général Président nomma l’un de ses fils comme Directeur de la richissime mine d’or de Kalana de l’époque.
Troisième président, Alpha Oumar Konaré : Premier président « démocratiquement élu », à Alpha, on peut seulement reprocher d’avoir organisé un concours spécial d’entrée à l’Ecole Militaire Inter armes, EMIA de Koulikoro, pour son fils aîné Mohamed Lamine Konaré. Mais ni son épouse, la respectable Adam Ba Konaré, qui révolutionna la fonction de Première dame au Mali voire dans la sous-région en créant l’une des premières fondations caritatives, la fondation partage, encore moins ses enfants n’ont joué de rôle majeur dans la gestion des affaires publiques.
Quatrième président, Amadou Toumani Touré, ATT : certains de ses détracteurs disent que son épouse et ses enfants auraient une grande responsabilité dans la chute de son régime. Le trio Lobo, Mabo et Fanta, auraient été ainsi au début et à la fin de toutes les affaires scabreuses. Leurs affidés ont profité des brèches ouvertes par la famille présidentielle pour s’y engouffrer et mener leurs besognes au détriment des lois de la République. Les listes de personnes recommandées par ce trio avaient plus chance d’être acceptées que celles du Gouvernement dans l’attribution des logements sociaux, dans les recrutements à la police, à la gendarmerie et dans l’armée. Les marchés de l’Etat étaient plus discutés dans les salons feutrés plutôt que dans les départements ministériels.
Cinquième président, Ibrahim Boubacar Keita, IBK : qui ne se rappelle pas de certains propos populistes du candidat IBK, tenus en 2007 lors de la campagne pour l’élection présidentielle, où il fustigeait avec une rare virulence dans la sémantique qu’on lui connait, la gestion patrimoniale d’ATT. D’aucuns iront jusqu’à lui attribuer, à lui et à son parti, la paternité du sulfureux ouvrage « ATTcratie, la gestion d’un homme et de son clan ». Que comprendre alors qu’il en fait aujourd’hui pire que ce dernier. Ainsi, de tous les présidents qui se sont succédé au Mali, IBK passe aujourd’hui pour celui qui aurait impliqué de façon outrancière et même insultante sa famille dans la gestion des affaires publiques. Son fils, Karim Keita, naguère dans l’ombre, aurait battu le record de l’influence et de l’implication des enfants de présidents dans la gestion des affaires publiques, dans des domaines aussi divers que variés, de la vie politique, économique, social et culturel du pays.
En définitive, le pouvoir absolu, corrompt absolument. L’histoire retient que tous ceux qui ont commis des abus de ce genre ont été rattrapés par les choses proportionnellement à leurs actes.
Youssouf Sissoko
Inf@sept