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DAOUDABOUGOU : Le quartier à la confluence des eaux usées, ordures et déchets plastiques

A Daoudabougou, des tas d’immondices et des eaux usées jonchent tous les coins des rues. Ces saletés et ces ordures n’émeuvent plus personne. Ils ont fini par s’imposer comme du décor du quartier.

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 Daoudabougou se trouve en Commune V de Bamako. Ce quartier peuplé de plus de 50 000 habitants, est l’un des plus sales du district au regard des tas d’ordures, flaques d’eaux usées et autres saletés qui ornent ses rues.

Que l’on soit à pied, à moto, à vélo ou même en voiture, il n’est pas du tout facile d’accéder les rues dégradées et polluées. En plus, ce sont des eaux usées versées en plein air par des teinturières et les eaux des latrines… qui vous prennent à la gorge et vous étouffent.

Le visiteur qui débarque ici pour la première fois sentira l’odeur puante des ruelles impraticables à cause des ordures et des eaux usées des toilettes qui sont déversées dans la rue. Ensuite la montagne de petits sachets plastiques noirs.

Cet environnement insalubre est le terreau fertile des maladies contagieuses. Selon le médecin-chef de l’Asacoda, Dr. Boubacar Doumbia, les maladies causées par l’insalubrité représentent la quasi-totalité des motifs de consultations.

Et de préciser que 40 % de ses consultations constituent des maladies diarrhéiques et 40 % des palus simples, le reste étant des maladies respiratoires qui sont aussi dues aux poussières, aux odeurs des ordures… « Quand il y a la propreté dans un quartier, plusieurs maladies disparaissent forcément« , a-t-il ajouté.

Pour le chef de quartier de Daoudabougou, Demba Kéita, l’insalubrité interpelle, certes l’Etat qui semble avoir échoué dans sa politique de gestion urbaine, la mairie, mais, ajoutera-il, la plus grande responsabilité incombe aux populations qui ne fournissent pas assez d’effort pour faire des puisards pour les eaux usées.

L’autre cause est à mettre à l’actif des GIE qui ne jouent pas leur rôle malgré la convention que la mairie a signée avec eux. « Il n’y a pas de poubelle dans le quartier, pas de dépôt de transit et les GIE ont la plupart trahit la mairie. Elles ne font pas correctement la navette et la population jette les ordures où elle peut« .

Selon un conseiller de la mairie de Daoudabougou, qui a requis l’anonymat, la population est très difficile à gérer. Malgré les efforts consentis par les autorités communales avec les multitudes de projets de gestions d’ordures et les campagnes de sensibilisation, la population ne change pas de mentalité et demeure réticente.

« Impossible de croire que de nos jours que l’on soit capable de construire une maison devant abriter plus de 30 personnes pour deux toilettes et sans puisard. Aussi, rares sont les habitants qui se soucient de l’entretien de leurs latrines. Ceux qui ont des puisards pour contenir leurs eaux usées ne sont contents que pendant l’hivernage. La pluie est l’occasion idéale pour eux pour déverser leurs eaux dans les rues. Il faut un véritable changement de mentalité« , selon notre source.

 

L’insalubrité n’est pas une fatalité

Ces comportements que la conscience collective des« Daoudabougoukas«  semble avoir admis sont aux antipodes d’un cadre de vie agréable. Encore faudrait-il le rappeler la propreté est fondamentale pour garantir la santé physique, mais ce que les gens oublient surtout de préciser, c’est que la propreté est aussi primordiale pour préserver la santé mentale. Dans une ambiance sale, les gens sont déprimés et perdent espoir.

Quand les gens vivent dans la saleté, la discipline et l’intégrité disparaissent, plombant ainsi tout espoir de développement, ce qui fait que Daoudabougou demeure toujours l’un des quartiers les plus pauvres de Bamako.

Paradoxalement, les « Daoudabougoukas«   se plaisent à vanter les mérites des rues, bien propres, de certains quartiers de Bamako comme si l’insalubrité dans leur quartier était une fatalité. Pourtant, il n’en est rien en réalité.

Pour pallier ce fléau qui menace l’existence même du quartier, les habitants doivent revoir leur rapport avec l’espace public. Désormais, chacun doit se sentir interpellé et gérer ses ordures et ses eaux usées. Nous pouvons si nous le voulons.

 

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