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NORD MALI : Une tour de Babel

Certains signes sont révélateurs des risques que court le Mali en ces moments de grands bruits. A vouloir faire trop de concessions à des séparatistes calculateurs et nantis de soutiens obscurs, l’Etat pourrait passer à côté de la plaque.

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La situation au Nord-Mali demeure confuse. Les jours et les rencontres se succèdent sans vraiment clarifier les choses. Les mystères existent tant dans le fond que dans les apparences. Des observateurs attribueraient cela à la nature de ce long processus. La permanence des énigmes passerait toutefois inaperçue si les démarches engagées semblaient pouvoir apporter des solutions consensuelles et acceptables par les belligérants.

En lieu et place du jeu de dupes qui a lieu, l’opinion nationale voudrait entrevoir le bout du tunnel. Source de frustration des populations à la base, le processus de paix que les autorités ainsi que la communauté internationale promettent de mener à bon port n’en finit pas de susciter des interrogations justifiées sur la bonne foi des uns et des autres.

La réalité du terrain est contraire aux déclarations pompeuses. La multiplication quotidienne des actes de défiance et ceux remettant en cause les principes fondamentaux de la République du Mali et les valeurs séculaires de notre nation font peser l’épée de Damoclès sur tout un peuple. Certains signes sont révélateurs des risques que court le Mali.

La motivation surprenante de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à signer l’accord d’Alger ce 20 juin peut cacher bien de choses. L’on se souvient qu’avant la signature du document de paix le 15 mai dernier par Bamako et les unionistes, le gouvernement malien et la communauté internationale avaient fait des concessions pour le premier et des pressions pour le second afin d’obtenir la signature du deal par les rebelles.

C’était peine perdue, car les narcoterroristes avaient juré de ne pas apposer leur signature au bas du document. Il a fallu l’initiation des consultations par le médiateur algérien pour que la CMA change d’avis. Qu’est-ce qui fait donc courir aujourd’hui les séparatistes ? Selon des sources concordantes, des « promesses secrètes » de la médiation internationale et la situation de la ville de Ménaka ont pesé sur la balance.

Si l’on ignore des engagements de la médiation, l’on sait déjà que l’Etat malien a signé « l’arrangement sécuritaire autour de Ménaka » sans le Gatia et la Plateforme. Ce dernier document prévoit « le retrait de la localité de Ménaka des éléments armés de la Plateforme et leur retour à leurs positions initiales ».

Complot ?

A voir de près les tractations en cours, Ménaka passerait sous le contrôle de la mission de l’ONU au Mali (Minusma). En conditionnant sa signature de l’accord d’Alger au retrait du Gatia de Ménaka, la CMA, qui a lamentablement échoué de reprendre la même ville aux unionistes, a atteint son objectif : museler le gouvernement malien et surtout ne pas perdre des zones stratégiques sous son emprise au profit de l’Etat du Mali.

Le scénario qui se dessine à Ménaka pourrait être une ruse de la CMA. Celle-ci, avec la complicité de certains de ses soutiens, pourrait faire un raccourci en redevenant maître de cette ville de Gao. Ce qui serait synonyme de nouveau calvaire pour les habitants de la localité. C’est pourquoi, les manifestations se multiplient pour dire non au retrait des forces loyalistes de la zone.

Un message fort aux dirigeants sur la lecture de ce dossier qui n’est pas partagée par beaucoup de nos compatriotes, particulièrement au sein de la classe politique. Des leaders de l’opposition et de la majorité dénoncent un acte qu’ils qualifient de « suicidaire ».

Il reste maintenant à savoir comment le régime d’IBK, de concert avec les autres parties impliquées dans le processus de paix et la médiation, va s’organiser dans le but de ne pas ressusciter les démons de la contestation. Le gouvernement en a intérêt quand on sait qu’il a beaucoup à perdre avec une solution bâclée. Surtout que l’Algérie veut seulement crier victoire en concluant vite la médiation.

La déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Modibo Kéita aurait pu lever le voile sur les intentions de son équipe sur le septentrion. Devant les députés lundi dernier, le chef du gouvernement s’est contenté d’énumérer les grands axes de la politique de son gouvernement sans aucune autre forme de procès. Du coup, il est difficile de parier sur le succès de ses projets, particulièrement par rapport à la résolution de la crise du Nord.

Elu sous les couleurs de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le député Abdoul Malik Seydou Diallo d’Ansongo n’a pas trouvé dans le discours du chef du gouvernement les réponses aux questions qu’il se pose depuis le début de la crise. « Comment sortir le Nord de la crise ? Comment les actions qui vont être menées après la crise vont sortir le Nord de la misère ? Je n’ai pas eu l’impression que c’était une des priorités », a regretté M. Diallo.

 

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