Dans ces pays, 64 % seulement de la population bénéficient d’une connexion mobile active, contre 71 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, et 95 % à l’échelle mondiale. C’est pour cette raison que la nouvelle édition du rapport consacré à la situation économique de ces pays se penche plus particulièrement sur les TIC.
Dans de nombreux pays à faible revenu, la croissance globale des TIC s’explique par l’expansion rapide des services de téléphonie mobile et par le fait qu’ils soient bon marché. Mais la révolution numérique ne doit pas se limiter pas à ça : il faut aussi que les TIC permettent à leurs utilisateurs d’avoir accès à des activités rémunératrices.
Le dernier rapport sur la situation économique des pays du Sahel, analyse notamment le manque d’accès aux technologies de l’information et de la communication, et formule plusieurs recommandations pour y remédier.
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De 2011 à 2015, la totalité des pays concernés ont entrepris de réformer leur système juridique et réglementaire afin de le rendre compatible avec l’internet haut débit, l’offre des opérateurs mobiles virtuels et des prestataires de services, ainsi qu’avec les meilleures pratiques réglementaires. Ils ont également adopté des lois « de deuxième génération », qui couvrent la protection des données, le commerce électronique et la cybersécurité.
Cependant, si l’accès à la téléphonie mobile n’est pas universel, c’est principalement pour une question de coût. Le téléphone portable sert à passer des appels, mais aussi à effectuer des transferts d’argent et des paiements.
Aussi la Guinée, le Mali, le Niger, la République centrafricaine et le Tchad doivent-ils s’empresser d’achever la première vague de réformes engagées au début des années 2010. Car ces réformes ont précisément pour objectif de rendre abordable l’accès aux services de téléphonie mobile (vocaux et SMS), condition indispensable à l’expansion de l’« argent mobile » et de l’internet haut débit. Ils doivent en priorité :
- améliorer les conditions de concurrence avant que les marchés de l’internet haut débit ne décollent ;
- utiliser les ressources des fonds de service universel pour atteindre ceux qui ne sont pas encore desservis et ;
- instaurer une fiscalité transparente et efficiente qui génèrera une grande part des recettes que les autorités publiques pourront mettre au service de mesures favorables à la croissance.
Le rapport consacre également un dossier spécial au Mali, en s’intéressant plus particulièrement aux possibilités de développement de l’agriculture en zone aride.
L’agriculture en zone aride
La zone aride du Mali s’étend d’ouest en est, de Kayes à Gao, en passant par Mopti jusqu’à la frontière avec le Niger. Elle s’étend également dans le sud de Gao et à Koulikoro, au sud du pays. Un tiers des Maliens pauvres vivent dans cette zone. Ils souffrent tout particulièrement de la hausse des températures et du recul des précipitations, deux conséquences du changement climatique. Alors que le rendement des principales cultures (mil et sorgho) stagne depuis trois décennies, le rapport met en évidence un certain nombre d’interventions qui pourraient avoir des retombées positives, à savoir l’amélioration des sols grâce à l’utilisation d’engrais organiques, le recours à des semences améliorées, l’offre de conseils aux agriculteurs, l’utilisation de pesticides et l’accès aux marchés.
Un accès facilité à la technologie et aux services de conseil, la promotion de pratiques climato-résilientes, l’investissement dans l’infrastructure de transport et la réorientation des dépenses publiques pour en accroître l’efficacité, pourraient nettement dynamiser la productivité et atténuer les écarts intrarégionaux.
Et si les contraintes géographiques limitent de fait la productivité agricole, la zone aride du Mali renferme un potentiel agricole inexploité, qui est susceptible d’accroître à court terme les revenus tirés de la terre et donc de permettre aux familles de rester dans la région plutôt que de migrer.
Bilan économique par pays
Guinée : L’économie guinéenne se relève lentement de l’épidémie d’Ebola et du tassement des cours des matières premières survenus ces dernières années. Selon les estimations, la croissance, tirée par le secteur minier et l’agriculture, est remontée à 5,2 % en 2016, contre 0,1 % en 2015, et devrait se stabiliser à moyen terme. Les principaux risques qui pèsent sur cette croissance sont la faiblesse persistante des cours des matières premières, l’éventualité de dérapages macroéconomiques et la difficulté à préserver les dépenses en faveur des pauvres.
Mali : La croissance est restée robuste en 2016, à 5,4 %, soutenue par une hausse des investissements publics et par les solides performances de l’ensemble des secteurs sous l’effet de conditions météorologiques favorables et d’une amélioration du climat des affaires. Les perspectives économiques sont positives (croissance vigoureuse du PIB, recul sensible du déficit budgétaire et du déficit des comptes courants et maîtrise de l’inflation), mais elles restent menacées par la fragilité de la situation sécuritaire, les problèmes liés à la gouvernance et les aléas climatiques. L’économie malienne devrait progresser et sa croissance se normaliser autour de 5 % par an sur la période 2017–19 alors que les flux d’aide internationale diminueront progressivement après la forte hausse de ces dernières années. Tous les secteurs économiques devraient apporter une contribution positive à la croissance, mais à des degrés divers.
Niger : La croissance s’est accélérée en 2016, pour ressortir à 4,7 %, en dépit des menaces pesant sur la sécurité, de la persistance de cours faibles pour les produits de base et des chocs sur les échanges. Des problèmes subsistent malgré la reprise économique de 2016 et la résorption partielle des déficits budgétaire et extérieur. Le pays doit en effet soutenir sa croissance tout en poursuivant son assainissement budgétaire malgré les chocs. La pauvreté devrait légèrement diminuer à moyen terme, à la faveur d’une modeste progression du PIB par habitant.
République centrafricaine (RCA) : En février 2016, les élections démocratiques ont mis un terme à plusieurs années d’instabilité politique, et les violences se sont apaisées. Le produit intérieur brut (PIB) en termes réels a commencé à remonter progressivement, après s’être effondré en 2013. En novembre 2016, lors de la Conférence de Bruxelles, les donateurs se sont engagés à verser plus de 2 milliards de dollars en appui au nouveau plan d’action pour le relèvement et la consolidation de la paix mis en place par les autorités centrafricaines. Les perspectives à court terme restent toutefois menacées par une dégradation temporaire des conditions de sécurité, ce qui, conjugué au retard pris par les investissements publics, a pesé sur la croissance en 2016. Même si, grâce aux programmes du Fonds monétaire international (FMI), la République centrafricaine continue de rééquilibrer ses comptes extérieurs et son budget, la position extérieure extrêmement fragile de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) risque d’intensifier les pressions en faveur d’un assainissement des finances publiques et d’une réforme structurelle dans ce pays.
Tchad : La faiblesse persistante des cours du pétrole, qui a entraîné une profonde récession, ainsi que le creusement substantiel des déficits budgétaire et extérieur ont entraîné le pays dans une crise macroéconomique. Les autorités tchadiennes ont réagi en procédant à un ajustement budgétaire de grande ampleur, mais les déficits restent importants. Cette situation laisse craindre une augmentation du taux de pauvreté. Les perspectives à moyen terme restent défavorables : stagnation de la croissance du PIB réel en 2017 et reprise progressive tributaire de l’évolution des cours du pétrole. Face à cette crise, des réformes ambitieuses s’imposent pour assurer la viabilité des finances publiques et la diversification économique.