Au Mali, la CVJR, une justice traditionnelle censée satisfaire certains griefs va bientôt passer le flambeau à une nouvelle structure. Les dossiers émanant desdits griefs généralement formulés par des citoyens victimes de certains évènements vont, dans les jours à venir, être analysés par ladite structure en gestation. « C’est cette agence qui va mettre en œuvre à travers un fond qui sera mis en place pour enfin commencer la réparation des victimes qui ont beaucoup attendu », souligne Ousmane Oumarou Sidibé, président de la CVJR.Au cours de cette conférence qu’il a voulue tenir, le président de la CVJR a confié qu’un projet de loi concernant la validation de la création de cette nouvelle agence va passer devant les membres du conseil national de transition(CNT). De ce fait, les victimes qui pourront bénéficier de la réparation sont ces personnes dont les biens ont été détruits. À cela s’ajoutent les victimes du terrorisme et des forces armées maliennes, explique le président. Ousmane Dédéou Sidibé confie que la commission a enregistré 25.000 victimes issues des différentes crises de 1960 à nos jours. D’ores et déjà, certains citoyens supposent que la création de cette agence ne peut être que salutaire. Selon nos confrères de « Studio Tamani », la coordination des associations des victimes dit saluer l’initiative de la création d’une agence de réparation à l’intention des victimes. Suivant les précisions du président de ce mouvement, la mise en place de cette agence fait suite à un long travail abattu par les acteurs du domaine. « C’est le dénouement heureux d’un travail de longue haleine », expose Saloum Dédéou, président de la coordination. Et de clarifier ceci à nos confrères de « Studio Tamani » : « Un moment, on pensait que la CVJR pouvait tout faire jusqu’à la fin. Mais après, dit-il, on a dit que la CVJR va continuer à travailler, apprêter tous les dossiers et à les enregistrer. Et puis il y aura une autre agence qui va les étudier et faire les réparations », énonce le président de la coordination. En principe, les missions assignées à la commission vérité, justice et réconciliation doivent prendre fin cette année. Même si elle sera remplacée par la nouvelle agence, force est de constater que la CVJR a pu faire énormément de boulots inscrits en droite ligne de la mission de la présente justice traditionnelle. Elle a mené des études profondes sur les causes des conflits endogènes qu’assistent les Maliens. À cela s’ajoutent ses études sur l’organisation des audiences publiques passant par celles des actions d’aide médicales pour plus de 350 victimes, suivant les renseignements. Au cœur de la société malienne, les citoyens méconnaissant son rôle croyaient que la CVJR était là pour prendre des décisions et faire les mêmes jugements que les cours et les tribunaux, pour mettre les victimes dans leurs droits. D’où les critiques auxquelles certains se livraient de temps à autre à l’endroit de l’instance. Avec l’arrivée prochaine de cette agence, la question se pose s’il y aura de changement dans le déroulement des travaux qui étaient confiés à la CVJR.
Mamadou Diarra