Comme nous l’écrivions si bien dans l’une de nos précédentes parutions, revendiquer pacifiquement est un droit syndical reconnu dans toutes les Conventions et Chartes internationales. Mais, encore faut-il savoir quand et comment revendiquer ses droits, une fois que l’on se sent lésé. Tel ne semble pas être le cas du Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm), Hammadoun Amion Guindo.
En effet, en début de cette année 2016, comme à son habitude d’ailleurs, Hammadoun Amion Guindo ne cesse de pousser les militantes et militants de la Cstm dans la rue. On se rappelle que les 21 et 22 mars 2016, sa Centrale avait lancé un premier préavis de grève et le 21 avril 2016, elle avait battu le pavé, histoire de manifester sa colère et de se faire entendre par nos plus hautes autorités. Alors qu’on croyait qu’elle allait faire comme l’opposition citoyenne, républicaine et démocratique, qui comptait aussi descendre dans les rues le 23 avril, avant de reporter finalement sa marche en raison de l’admission du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta dans un hôpital de Paris en France.
Pis, elle avait lancé un autre préavis de grève pour les 3 et 4 mai 2016, avant de battre encore le pavé jeudi 12 mai 2016.
Entre-temps, le 1er mai dernier, Journée internationale du travail, alors que sa Centrale «rivale», l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) célébrait avec faste cet événement à travers une grande parade sur le Boulevard de l’indépendance, Hammadoun Amion Guindo de la Cstm n’a trouvé mieux que d’inviter ses militantes et militants à un meeting pour, soutenait-il, dénoncer «la mal gouvernance et la volonté du gouvernement de mettre dos-à-dos les Centrales syndicales de notre pays».
À ce meeting, des mots durs n’ont pas manqué pour invectiver l’Etat malien. Cela relève du droit de la Cstm, mais ce que son patron, le Vieux Guindo, a caché à ses militants, c’est que le gouvernement lui avait donné 5 millions de nos francs pour l’organisation de «son» meeting. Le pot-au-rose a été découvert lors de cet événement par ses militants lorsque le représentant étatique l’a publiquement dévoilé. «Où sont donc passés ces 5 millions de Fcfa ?», fulminaient les uns et les autres, en traitant le Vieux Guindo d’«escroc».
Autre point qui fait que les militants et sympathisants de la Cstm ne font pas désormais confiance à leur patron, c’est sa violation des principes de dépôt de préavis de grève, notamment son refus de participer à la Commission de conciliation pour les négociations. Pour y participer, il avait exigé la présence de tous les ministres concernés, alors que celle du ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Mme Diarra Raki Talla ; du président du Cnpm (Conseil national du patronat du Mali) et des membres de la Commission de conciliation était largement suffisante pour passer directement aux négociations. Voulait-il organiser un Conseil des ministres ? À quoi joue donc Hammadoun Amion Guindo ? Peut-être qu’il avait oublié d’exiger la présence du Premier ministre Modibo Kéïta et du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta !
En outre, selon nos sources, les militants de la Cstm auraient commencé à bouder M. Guindo du fait qu’il ne semble pas maîtriser les lois syndicales, et navigue entre le flou et l’informel. Pour preuve, avant le dépôt de son premier préavis de grève, il s’était muni d’un vieux Mémoire en défense (celui de 2014) et lors des discussions, ses militants s’étaient rendu compte que certains de leurs points de revendications contenus dans ce Mémorandum étaient satisfaits ou sur le point de l’être. Du coup, ils avaient compris que le Vieux Guindo était en déphasage avec les textes.
Rappelons que le Secrétaire général de la Cstm, Hamadoun Amion Guindo, et ses camarades avaient exigé, du gouvernement, la satisfaction de la totalité de leurs 38 doléances. Ce que la plupart des Maliens ont trouvé exagéré voire excessif. En effet, les uns et les autres ont estimé que la Cstm «n’est pas sérieuse» dans sa démarche. Et à un fonctionnaire de fustiger : «Comment peut-on se lever un beau jour pour demander tout d’un coup le règlement de 38 points ?»
Précisons que la Cstm exige le respect des conventions n°87 et 98 de l’Organisation internationale du travail ratifiées par notre pays, relatives à la liberté syndicale, à la protection du droit syndical et au droit d’organisation et de négociation collective ; l’intégration de tous les enseignants dans la Fonction publique de l’Etat conformément aux recommandations du forum national tenu du 30 octobre au 02 novembre 2009 et le paiement de la prime d’ancienneté aux enseignants de l’enseignement privé catholique ; l’amélioration du plateau technique des structures sanitaires, notamment des CHU Gabriel Touré et Point G, des Centres de santé de référence et communautaire.
Les autres points ont trait au respect des textes réglementaires des Aéroports du Mali, à la promotion interne, à l’instauration d’un plan de carrière ; au remboursement immédiat des montants relatifs à la réduction de 8% de l’ITS ainsi qu’au paiement de la prime de risque aux travailleurs des sociétés de gardiennage et surveillance.
En fait, Hamadoun Amion Guindo ne fait que feindre de se battre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs du Mali. Son seul souci, c’est de protéger et de sauvegarder «sa Cstm» qui n’est rien d’autre que sa vache laitière. Pour ce faire, ce retraité, n’ayant rien à faire, ne peut que pousser ses pauvres militants dans les rues pour que le gouvernement lui donne de quoi manger.
De sources dignes de foi, en faisant aussi tout ce boucan, M. Guindo vise un objectif qui est vital pour lui : mettre la pression sur le gouvernement afin qu’on lui offre une place au sein du Conseil économique, social et culturel du Mali. Dans cette optique, il serait en train de remuer ciel et terre afin qu’on lui accorde cette place en jouant sur le quota de l’Untm dirigée par Yacouba Katilé. Mais, en vain.
Autre cas qui discrédite aujourd’hui le Vieux syndicaliste Guindo, c’est le fait d’avoir minimisé, au début des négociations, Mme le ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Mme Diarra Raki Talla. Selon certaines indiscrétions, il croyait qu’elle ne «connaissait rien du monde syndical et qu’elle était très malléable». Mal lui en a pris en découvrant sa maîtrise du domaine, sa rigueur, sa franchise et son intégrité.
Bruno E. LOMA
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Marche du 12 mai : la Cstm défie toujours le gouvernement
La Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) a battu le pavé le 12 mai 2016, suite, dit-elle, à l’inaction du gouvernement face à ses doléances. Cette marche vient s’ajouter au lot de protestations qu’elle organise depuis un certain temps. Et elle entend poursuivre dans cette dynamique jusqu’à satisfaction totale de ses points de revendications consignés dans un cahier des charges.
Précisons que la Cstm se plaint particulièrement du blocage des négociations depuis le préavis de grève pour les 21 et 22 mars 2016. Elle dénonce également «le manque de professionnalisme, à la limite, d’incompétence de Mme le ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Mme Diarra Raki Talla», et le blocage du dialogue social suite au dépôt de préavis de grève des 3 et 4 mai 2016.
Au terme de cette marche, dans une déclaration, le Secrétaire général, Hammadoun Amion Guindo, a égrené un chapelet de manquements du gouvernement. Il s’agit, entre autres, des multiples violations des lois et des conventions internationales ratifiées par le Mali ; la violation des droits humains et libertés individuelles et collectives, notamment la liberté syndicale ; le non-respect des engagements pris par l’Etat ; le licenciement massif et abusif des travailleurs, notamment dans le secteur des mines ; l’accroissement du taux de chômage des jeunes ; l’état de dégradation poussée de la situation scolaire et de la santé ; la corruption, l’impunité et la discrimination qui ont atteint un niveau inquiétant et constituent aujourd’hui un système de gouvernance.
Sans oublier la flambée constante des prix des denrées de première nécessité, aggravant chaque jour la cherté de la vie qui a atteint aujourd’hui un niveau insupportable pour la grande majorité des populations du pays ; les coupures intempestives d’eau et d’électricité et leurs coûts difficilement supportables par la population ; l’accaparement des terres et l’expropriation des paysans de leurs champs et même parfois de leur village…
Face à ce constat, la Cstm réaffirme son attachement à l’unité territoriale du Mali et sa souveraineté entière, et condamne fermement l’attitude du gouvernement pour son immobilisme face aux problèmes des Maliens. La Cstm dit ‘’Non’’ à «ces dérives» et exige le respect des droits et libertés pour le bien-être des Maliennes et des Maliens.
Cette deuxième marche, après celle du 21 avril 2016, est un maillon d’une série d’activités que la Cstm entend mener jusqu’au changement tant attendu par l’ensemble du peuple malien, comme l’avait promis le président de la République.
Gabriel TIENOU
Source: Le Reporter