L’ancien Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani a animé une conférence débat le samedi dernier à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako, sur le thème : «La paix est-elle encore possible au Mali ?» A travers cette rencontre, ce haut cadre de l’administration malienne fait sa profession de foi en laissant des écrits pour les générations futures. Dans ce livre, il parle de toutes les crises que le Mali a connues à savoir : les rébellions au Nord, la guerre avec le Burkina Faso, les sécheresses, des coups d’état militaires, les frustrations politiques et insurrection populaire etc. et propose aussi sa thérapie. Plusieurs personnalités importantes du pays ont pris part à cette causerie.
Ce livre, intitulé « Ahmed Mohamed Ag Hamani, Une Vie pour le Mali », écrit à quatre mains avec le journaliste-Ecrivain Tidjani Djimé Diallo, et avec le concours déterminant de Faustin Sylla directeur des Editions Donniya, constitue aux yeux du monde, une contribution modeste laissée aux enfants du monde et à toute la jeunesse du Mali, un témoignage écrit sur « le parcours singulier d’un humble fils de berger nomade, devenu un responsable au plus haut niveau de l’Administration malienne, et ce dans le strict respect des valeurs sociétales basées sur l’honnêteté, le patriotisme, la
citoyenneté, la recevabilité, la tolérance et l’engagement pour un Mali uni ».
Dès lors, en revenant au titre de la conférence : « La paix est-elle encore possible au Mali ?», Cette interrogation se justifie pleinement selon le conférencier « Qui parmi vous ici dans la salle veut la disparition du Mali ? Personne ! »
« En ce qui me concerne, ma réponse sera aussi sans équivoque : puisque personne ne voudra prendre la lourde responsabilité historique de la perte du Mali, donc détruire ce pays qui nous a été légué pour en faire une des merveilles du monde, avec sa situation stratégique, son histoire et ses ressources inépuisables, il faut donc absolument créer les conditions d’une paix durable, pour sa survie et son développement. Cela passera par une profonde remise en cause, individuellement et collectivement des règles et modes de vie existants. Il faudrait, en nous conformant à l’air du temps, une Refondation mieux élaborée et mise en œuvre de manière cohérente, rationnelle et échelonnée dans le temps. » a conseillé l’ancien Premier ministre d’entrer en matière.
Guerres absurdes…
En poursuivant, il dira à l’assistance que la politique politicienne, depuis l’euphorie patriotique exacerbée de l’indépendance jusqu’aux défiances des deux extrêmes que sont le parti unique UDPM et le multipartisme tout azimut de l’ère dite démocratique, est hautement responsable des crises à l’origine de la déstabilisation chronique du pays.
Concernant, les crises que le Mali a connues, l’orateur citera les calamités naturelles, comme les terribles sécheresses de 1973-1974 et, dans une moindre mesure, celle de 1984-1985).
Selon lui le Mali a également connu deux guerres absurdes, à juste titre appelées « guerres des pauvres », contre la Haute Volta en 1974 et en 1985 contre le même pays, entre temps devenu Burkina Faso.
Notre pays s’est hélas surtout illustré par des rebellions armées (1963,1990, 2006, 2012) et des coups d’Etat militaires (1968, 1991, 2012, 2020, 2021), qui ont toujours été des résultantes de situations politiques, économiques, sécuritaires du pays.
Comme les solutions, l’ancien PM dira que le règlement de ces crises ont été généralement marquées par l’impunité et la prime à la rébellion avec l’intégration systématique de combattants, sans oublier des avantages matériels et politiques divers, ce qui rend aléatoire leur durabilité.
Les coups d’état ont malheureusement suivi les mêmes règlements que les rebellions auxquels ils semblent s’apparenter.
« Résoudre une crise, comme du reste toute équation du genre, sans s’attaquer à ses racines n’est qu’un arrangement momentané. » fustige t il.
« Comme nous venons de le voir, les crises maliennes sont de trois ordres : rebellions, coups d’état, crises consécutives à des phénomènes naturels et ont pour causes, l’injustice, la corruption, le manque d’anticipation, la mauvaise gouvernance. » a-t-il fait savoir.
En conclusion, l’injustice, la stigmatisation, la mauvaise répartition de la richesse nationale, l’autoritarisme, l’adoption d’une démocratie étrangère à notre culture et les rivalités politiques sont à l’origine de toutes les crises au Mali, de 1960 à nos jours. Parce qu’ils ne s’attaquent pas aux racines, les différents accords et conventions proposées pour résoudre ces crises n’ont eu qu’une durée limitée, car n’ayant ciblé que les conséquences de celles-ci.
Leur gestion politique a été marquée par une capitalisation médiocre des leçons tirées du passé. Cela s’explique par la faiblesse de la classe politique depuis la première République, affectant toute velléité commune d’approche et de vision, tant les stigmates des anciennes querelles et rancœurs restent profonds. Donc la solution pour une paix durable réside dans la vérité, la justice, la transparence surtout le patriotisme et la citoyenneté pour une paix durable.
A.B.D
L’Enquêteur