Le dernier rempart dressé pour endiguer le naufrage scolaire résistera-t-il à l’assaut farouche du « petit peuple des enseignants », déterminé à mettre fin à la précarité légendaire (« lakèrè mugu ni papie ») et errance entre taudis malfamés et loyers insupportables ?
Dans les cordes et face au spectre inexorable de l’année, le Chef du gouvernement a daigné enfin de prendre le taureau par cornes. Après près de 5 mois de conciliations stériles et de grèves perlées, le Premier ministre a pris lui-même langue, ce samedi matin 16 mars 2019, avec les « gens saignants » (comme le diraient nos confrères satiriques), pour dégoupiller la grenade scolaire.
Après trois heures d’horloge d’échanges au cours desquelles il a écouté les doléances du Collectif des syndicats de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale (SYPESCO, SYNEB, FENAREC, SYLDEF, SYNEFCT, SYNESEC, COSES, SNEC), le Premier ministre Soumeylou Boubèye a fait des propositions en vue d’une solution de sortie de crise, mais aussi pour mettre fin au bras de fer entre les responsables syndicaux et le gouvernement.
Selon une bulle non confirmée, qui a circulé après la rencontre, le Premier ministre aurait donné au Collectif des syndicats de l’Education son accord de principe sur la prime de logement, qui est leur revendication non négociable. Ainsi, donc face à l’inflexibilité et à la détermination des syndicats, le gouvernement serait prêt à capituler, à faire marche arrière et octroyer une prime de logement aux enseignants. Toutefois, en raison de l’incidence financière de la doléance (environ 62 milliards FCFA), le Chef du gouvernement aurait demandé aux syndicats un délai de trois mois (d’ici le mois de juin) pour faire une proposition chiffrée.
Quant aux deux autres points, qui font l’objet de discorde entre le gouvernement et le syndicat (la relecture de certains textes), le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga aurait proposé la mise en place d’une commission afin de les examiner au plus vite.
Face à cette « bonne volonté » soudaine du gouvernement, trois des 8 syndicats (SNEC, SYNESEC et SYNEN) auraient donné leur accord sur les propositions du Premier ministre et les autres ont demandé un temps pour analyser ces propositions et de faire parvenir leur réponse.
Autre son de cloche coté du Collectif des syndicats de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale (SYPESCO, SYNEB, FENAREC, SYLDEF, SYNEFCT, SYNESEC, COSES, SNEC). Si le Collectif confirme la rencontre, il ne donne pas de détail des propositions faites par le Premier ministre. Selon un compte rendu du SYNEFCT, les leaders syndicaux ont dit qu’ils ont pris acte des propositions faites par le chef du gouvernement. Mais avant toute prise de décision, ils souhaiteraient consulter leurs bases respectives d’abord. Au cours de cette consultation prévue ce lundi 18 mars 2019, les syndicats procéderont à une analyse minutieuse desdites propositions et feront connaître leur décision. En attendant, le mot d’ordre de grève reste maintenu disent-ils.
Pour rappel, la première phase de la grève des syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 a pris fin le Vendredi 15 Mars 2019. La deuxième phase de la grève débute le Lundi 18 Mars 2019. Elle prendra fin le Vendredi 22 Mars 2019.
Par Sidi DAO
Source: info-matin