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Crise scolaire, quelle bombe à retardement : qui n’en serait pas coupable ?

Ce qui devient préoccupant et même très inquiétant, c’est cette preuve d’insouciance, de désintérêt coupable de chacun et de tous face à la dégradation sans cesse du système scolaire, de l’avenir de la majorité absolue de nos enfants. Tout s’opère comme si l’avènement de l’ère démocratique, la notion de patrie, le nationalisme n’ont plus de sens ou leur raison d’être dans ce pays.

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L’individualisme inhabituel semble faire croire à chacun qu’il peut se mettre à l’abri seul. Une illusion aux conséquences plus que suicidaires.

Puisque la menace, l’effet de boumerang, le péril qui plane sur notre société tout entière, sur l’avenir de toute la nation, ce péril de désagrément général,  n’épargnerait personne et aucune des générations montantes. A commencer par celle actuelle, celle de ceux qui se disent les  mieux lotis.

Cette preuve d’indifférence face à l’intérêt général, face à l’avenir, au devenir du monde scolaire, cette  fuite de ses responsabilités  parentales, politiques, morales voire religieuses, ce marque d’amour de la patrie est d’autant plus incroyable (mais vrai) qu’au Mali on pourrait se poser la question de savoir qui , dans ce grand pays, peut faire du mal ou le voir arriver à un proche, à un simple passant dans la rue,  à un quidam et la plus forte raison à toute une génération sans se sentir directement concerné. Cela, en raison, sans doute, des sentiments sociaux et culturels, de l’éducation très poussés et profondément ancrés au sein des familles, de toutes les communautés.

Pourtant, que de signes inquiétants, de motifs de soucis réels!  La scène se passe à Sébénicoro Secteur 7, au pied du mont mandé.

En effet, on est à ce vendredi 28 février 2014, entre 8 et 9Heures; dans les écoles. Des cris surviennent dans toutes les ruelles immondes.

Des  attroupements d’élèves se forment  subitement aux alentours des bâtiments du groupe scolaire de Sébénicoro II, au secteur 7, et au lycée Mamadou M’Bodj.

Qu’est ce qui se  passe? Les boutiquiers sonrhaï et autres  débrouillards du secteur ramassent les affaires en catastrophe et s’éclipsent  rapidement. Des ménagères en partance au petit marché  rebroussent   chemin. Des petits enfants qui jouaient à saute moutons sous la  surveillance de leurs monitrices sont précipitamment conduits dans leurs classes et enfermés.

Mais, qu’est  ce qui se passe de plus grave encore ? Le «sagbè» du  pays konia sorti de sa retraite pour traquer auteurs  des actes immoraux de faire arrêter avec leurs comportements incendiaires? Un autre  mars 91 ou  2012  profilant à l’horizon subitement?

C’est ni l’un ni l’autre! Mais, pire d’inquiétant. Car, il s’agit de la crise scolaire, cette véritable gangrène  sociale.

Ainsi,  à la question d’un Malien basé en Europe, il y a  plus  de 30 ans, de savoir de quoi s’agirait-il de plus grave, une bouffonne du coin persuade qu’il ne s’agirait qu’une  de ces fameuses  «Ag» qui  distinguent nocive- ment  la vie scolaire malienne  depuis l’avènement de l’ère démocratique. «Ag» ? Bon diable! C’est quoi? S’interroge notre Kaysien de France.  «Grefu woo! grefuu! è ta kalaman Bwa?», réplique la  bouffonne. En substance, il s’agit d’une  Assemblée Générale ou d’une grève.

C’est tout à fait. Puisque nous voilà, après quelques minutes seulement, c’est une foule d’élèves massés aux alentour de la cour du groupe scolaire de Sébénicoro II qui lancent des cris hostiles à l’encontre de leurs camarades qui ne veulent pas se joindre à eux pour déserter inutilement les classes. Dans une ruelle située entre les locaux du lycée Mamadou M’Bodj et la station ‘‘STAR’’, c’est un autre groupuscule d’élèves qui tentait de s’agiter.

Le climat de débrayages s’y instaura au grand dam des revendeuses de beignets. Par contre, chez les gérants de la station d’à côté, c’est un sentiment d’indifférence, de désintérêt total qui s’affiche sur les visages. Une indifférence dont la part de responsabilité incombe et l’Etat et les parents d’élèves et les Responsables des élèves et étudiants, les enfants eux-mêmes et toute la société.

Ensuite, c’est un autre groupe de jeunes, à bord de trois motos Djakarta, qui provoque, à leur tour, un autre petit attroupement. C’est auprès du centre d’état civil de Sébénicoro, route de Kanadjiguila. Là, contre toute attente, un élève surgira avec l’idée de persuader ses camarades  de la stérilité de ces AG et grèves qu’ils observent au fil de leurs cycles. Il suggère à tous ses amis de rentrer en classes immédiatement pour subir les épreuves de composition et d’autres évaluations  trimestrielles. Mais, soudainement, c’est une tôlée de murmures et de chuchotements désapprouvant toute invite à la reprise des cours qui se fait entendre au point de polluer l’atmosphère.

Et le ton monta d’un cran au sein du petit attroupement. Brusquement, c’est un autre petit clan,  massé à côté, qui commencera à huer, en scandant: «Mort aux traitres!», «Les escrocs au poteau!». Des cris hostiles à toute invite à la reprise des cours, des hurlements suivis des menaces de lynchage, des jets de pierres et de projectiles, d’appels au retour à la maison (an nga ta soo) se font entendre de tous les côtés. Des propos frisant des intimidations de transformer Bamako «en Bangui à moins de vingt quatre seulement», en un véritable enfer terrestre.

Après un tonnerre d’applaudissements nourris, la petite foule se disperse avec comme consigne ferme d’aller à la maison siroter son thé ou écouter de la musique sinon suivre les championnats européens pour le reste de la journée. Ils se promettent de se retrouver, le lendemain, au même endroit pour savoir ce qu’il y a lieu de faire en attendant le mot d’ordre de l’AEEM.

En clair, ici la question n’est pas de savoir à qui la faute; mais, plutôt, qui n’en serait pas coupable parmi tous ceux qui ont détenu une parcelle d’autorité politique, parentale ou morale dans ce pays. Surtout, dans cette période des années 90 à nos jours.

Quelle indifférence de la société malienne tout entière, une indifférence coupable de toute une nation face à une situation sociale qui ne sous-tend qu’une seule mentalité largement partagée: «Une crise qui ne me concerne pas directement n’est pas mon problème du tout». Mais, quel crime grave contre l’école malienne, contre l’avenir des enfants, celui de la chère patrie tout entière? Même la guerre a ses limites! Alors, quelle bombe à retardement?

 

Habib Diallo

Source: Notre Printemps

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