Des violents affrontements ont opposé, hier, mercredi, les forces de l’ordre à des manifestants (enseignants) qui organisaient une énième marche à Bamako et dans certaines localités du pays. Dans la capitale, les forces de l’ordre ont fait usage de Gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Ceux-ci ont répondu par des jets de pierres. Ces affrontements marquent un tournant dans la crise qui oppose le gouvernement aux syndicats de l’enseignement.
Après l’échec des dernières négociations, le lundi dernier, entre le gouvernement et le collectif des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016. Les enseignants grévistes avaient décidé de descendre à nouveau, dans les rues, hier pour exiger l’application de l’article 39 de la loi portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. Mais la manifestation d’hier a vite dégénérée.
En effet, des échauffourées ont opposé policiers et manifestations dans certains endroits de la capitale, notamment au boulevard de l’indépendance, théâtre de violents affrontements. Alors que les forces de l’ordre faisaient usage de gaz lacrymogène, les manifestants répliquaient avec des jets de pierres. Aussi, ils érigèrent des barricades enflammées au niveau des artères du centre-ville. Au terme de cette journée, certaines sources font état de plusieurs blessés des deux côtés (police et manifestants). Aussi, la démission du PM, Boubou Cissé, est réclamée par les syndicats de l’enseignement qui annoncent de nouvelles manifestations aujourd’hui.
Pourquoi cette montée de tension ? Selon, les enseignants, l’itinéraire de la marche partait du boulevard à la primature pour rencontrer le Premier ministre à la cité administrative. Mais tout à dégénérer au moment où les marcheurs ont décidé de prendre le chemin de la primature. Ils ont été dispersés par les forces de l’ordre et de sécurité par des jets de gaz lacrymogène. Les manifestants ont répliqués…
Pour rappel cette marche d’hier est intervenue après l’échec des négociations entre les deux parties le lundi 9 mars dernier. Convoquée par le ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique, les syndicats des enseignants grévistes et le gouvernement n’étaient pas parvenus à un accord. Les quatre propositions de la partie gouvernementale sont les suivants : amener la grille à 1100 en janvier 2021 ; 1200 à partir de janvier 2021, 1100 au 1er janvier 2021 et 1200 ; 1100 au 1er janvier et 1200 au 1er janvier 2021. Mais, ces propositions ont été rejetées par les enseignants. Tout en reconnaissant la légitimité de leur combat, le gouvernement, par manque de moyens, a ainsi fait appel au sens du « patriotisme » des enseignants grévistes.
Les syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 ne l’entendent pas de cette oreille. Ils continuent d’exiger l’application de l’article 39. Selon eux, « les négociations ont échoué car le gouvernement campe toujours sur la même position, c’est-à-dire indice plafond 1100 à compter de janvier 2020 et 1200 à compter de janvier 2021, ce qui nous ramènerait d’office dans la grille du statut général ».
Ce dialogue de sourd paralyse l’année scolaire et fait planer le spectre de l’année blanche. Au même moment, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta s’emmure dans un silence. Preuve qu’il est complétement coupé des réalités du pays et surtout qu’il n’aucune solution aux préoccupations des maliens. Or IBK, à coup de discours, promettait de refonder le système éducatif malien. Aujourd’hui, l’école malienne est tout simplement sacrifiée !
Mémé Sanogo
Source: Journal L’aube-Mali