L’entreprise a vu son chiffre d’affaires baisser cette année. Cependant, elle n’a procédé à aucun licenciement. Mieux, les salaires des employés sont normalement payés
La crise sanitaire a bouleversé les habitudes, tiré vers le bas des secteurs moteurs de l’activité socioéconomique. En dépit de cette conjoncture difficile imposée par le coronavirus, certaines entreprises arrivent à maintenir le cap. Parmi elles figurent Iserv-Mali, une société d’ingénierie et d’intégration en informatique «SS2I».
Créée en début 2011 et dont le siège social se trouve à Badalabougou Séma II, Iserv-Mali opère sur le marché national depuis 10 ans et emploie 25 personnes à ce jour dont les emplois ont jusqu’ici été épargnés par la crise de Covid-19. En atteste une visite effectuée dans cette structure en début de ce mois.
Il est 10 h quand notre équipe de reportage arrive sur les lieux. Tous les employés sont visiblement présents à leur poste. Ils sont en pleine de séance de travail. Entouré de certains de ses collègues, Sinaly Diawara le confirme. «La Covid-19 a impacté nos activités, mais aucun employé n’a été licencié. La menace est réelle et le risque de licenciement plane toujours», confie le chef département du système et logiciel à Iserv-Mali.
Iserv-Mali résiste toujours grâce à la capacité d’adaptation et d’innovation. «Pendant la crise, il a été mis en place un système de rotation. Nous intervenions à la demande de nos clients», argumente le technicien. Qui assimile à une tranquillité d’esprit le fait de garder son boulot en tant que père de famille. Et surtout de pouvoir exercer, en tant que professionnel, le métier pour l’apprentissage duquel il a consacré une partie de sa vie et de son énergie.
CHOIX STRATÉGIQUES-Son collègue Oumar Kamissoko est l’un des premiers agents employés par Iserv-Mali depuis sa création. La bonne santé de cette entreprise pour la prospérité de laquelle il s’est toujours battu ne peut que le réjouir. Ce qui conforte l’équipe dirigeante de la pertinence des choix stratégiques privilégiés.
En la matière, Iserv-Mali a deux axes d’approche, explique le manager de cette entreprise qui accompagne d’autres structures de la place, notamment les organisations publiques à développer les technologies dans leur fonctionnement. Le premier est, selon Youssouf Sakali, basé sur l’infrastructure. Pour lui, ce volet consiste à aider les entreprises dès le démarrage.
Cela en mettant en place le mécanisme nécessaire permettant de bénéficier par la suite des outils technologiques adéquats et adaptés aux besoins du service et de ses travailleurs. Le second vise à aider l’entreprise à mettre en place des outils de productivité dans le domaine technologique, généralement des logiciels de collaboration ou de gestion.
à la question de savoir comment Iserv a pu maintenir le cap, son patron explique que c’est le niveau de la structuration de l’entreprise qui «nous a permis de nous en sortir». Dès la création de l’entreprise, nous avons préféré une organisation basée sur une comptabilité et un service financier solide et compétent, soutient-il.
«Cela permet d’avoir de la visibilité dans notre activité en temps réel, d’anticiper les choses et de jongler facilement parce que nous disposons de toutes les informations», commente Youssouf Sakali. Il précise que son service de comptabilité tourne autour «d’un système de gestion logiciel». Par ailleurs, le soutien et la compréhension des clients ont maintenu les contrats qui lient Iserv à ses clients.
DIFFICULTÉS À PAYER LES SALAIRES-«On espère qu’on a pu s’en sortir. Il va falloir patienter d’ici quelques mois. La baisse de l’activité due à la crise sanitaire est réelle. Nous avons souvent des difficultés à payer les salaires parce que certains de nos projets ont été reportés à cause de la crise», déplore le directeur général d’Iserv-Mali. Son équipe vient par exemple de concrétiser le mois d’octobre dernier un projet qui aurait dû être finalisé en avril dans leur planning soit plus de cinq mois de retard. Pour le directeur d’Iserv-Mali, c’est un manque à gagner.
Le cas au Mali est particulier. à la crise sanitaire s’est greffée la crise sociopolitique, prorogeant la souffrance des entreprises. Conséquence, le chiffre d’affaires de la structure a été revu à la baisse. Il était de 300 millions de Fcfa avant la pandémie. L’entreprise fera difficilement plus de 200 millions de Fcfa cette année, selon son patron.
«Il nous reste deux mois pour complémenter le gap, mais nous savons que nous ne pourrons pas en deux mois rattraper le retard pour espérer atteindre par exemple le chiffre d’affaires de 2019», détaille Youssouf Sakali, en évoquant un problème de préfinancement.
«Nous n’avons pas besoin de financement en tant que tel, mais nous exécutons des projets avec des clients fiables. La première difficulté pour des Petites et moyennes entreprises comme nous, est que nous avons peur d’avoir un quatrième projet», confie-t -il.
Cependant, le directeur général déplore le fait que les partenaires financiers sont mal orientés concernant l’accompagnement des PME opérant dans le domaine des technologies. Et la disponibilité en nombre insuffisant de ressources humaines qualifiées est une particularité du secteur, constate le manager.
Babba B. COULIBALY
Youssouf Sakali, un parcours classique
Tête penssante d’Iserv-Mali, Youssouf Sakali est gestionnaire en informatique. Âgée de 46 ans, le manager a fait ses études primaires et secondaires au Prytanée militaire de Kati. Après son baccalauréat obtenu en 1998, celui qui est aujourd’hui expert en informatique de gestion, avait opté pour le droit. Son rêve était de devenir un célèbre avocat ou journaliste, mais le destin en a décidé autrement.
Il suit deux ans d’études à la Faculté des sciences juridiques et économiques de Bamako. Le diplôme d’études universitaires générales (Deug) en poche, il obtient une bourse d’études en informatique de gestion pour la Tunisie. Au pays de Habib Bourguiba, il passera 4 ans, avant de décrocher le sésame. C’est ainsi qu’il retourne au bercail et s’engage avec des entreprises locales.
Après plusieurs années d’expérience dans différentes structures privées en tant qu’administrateur système, Youssouf Sakali nourrit une passion pour ce domaine. Le spécialiste en informatique de gestion créé en 2011 Iserv-Mali, société de service en intégration et en informatique. Il formalise sa structure afin de respecter tous «ses engagements vis-à-vis de l’état et de ses employés». Après moins de dix ans d’existence, le jeune patron emploie 25 salariés formés dans nos écoles.
B.B.C
Source : L’ESSOR