Les crises récurrentes dans le nord du Mali ne sont pas de nature à déplaire à certains cadres du nord qui en profitent pour se faire accorder des privilèges. C’est le cas d’Azaz Ag Loudag-Dag à qui l’Etat aurait indument versé une forte somme d’argent pour services non rendus à la nation.
Depuis le 1er septembre courant, le gouvernement malien et les groupes armés sont à Alger pour un dialogue inter-malien en vue de parvenir à un règlement durable voire définitif des crises récurrentes qui ont connu une recrudescence dans le nord du pays depuis janvier 2012. A ce jour, les deux parties, malgré les bonnes dispositions d’une médiation et des facilitations assez fournies par les différentes communautés internationales au chevet du Mali depuis des années, ne parviennent pas à aborder les vrais sujets, n’ayant entamé les négociations directes que lundi seulement. Sans aucun doute parce que, comme partout en ce bas monde, il y a des individus qui ne gagnent que dans la guerre, l’instabilité, l’insécurité. Est-ce le cas d’Azaz Ag Loudag-Dag ?
Conseiller national au Haut conseil des collectivités territoriales, élu communal de Gao, cet Imghad est dans les rouages du pouvoir depuis la fin ( ?) de la rébellion de 1990. Après la signature du pacte national en 1992, l’homme s’est retrouvé au Commissariat au nord pour tenter, avec d’autre, de ramener la sécurité et la paix en vue d’impulser la relance des activités socioéconomiques. Ancien cadre de la rébellion, son premier cadeau est d’être logé aux frais de la princesse. Ainsi, depuis son recrutement au Commissariat, Azaz Ag Loudag-Dag, l’ancien rebelle, habite une maison baillée (louée) par l’Etat, d’abord à Niaréla, qu’il a quitté ne trouvant pas la maison à son goût, ensuite à Baco-Djicoroni ACI. Donc, depuis une vingtaine d’années, c’est l’Etat qui offre gratuitement à l’ancien rebelle un logement payé à la sueur du contribuable malien, pour services non rendus à la nation. Nos sources n’indiquent pas si c’est aussi l’Etat qui paye ses factures d’eau, d’électricité et de téléphone. Toujours est-il que des factures, l’individu en a un sacré paquet avec lequel il se balade entre certains départements. Avant de se rendre à Alger où son transport, ses frais de déplacement intérieur et d’hébergement seraient pris entièrement en charge par le ministère de la solidarité, l’action humanitaire et de la reconstruction du nord, l’individu faisait des va et vient entre ce département et le ministère de l’intérieur et de la sécurité. Dans ses bagages, une pile de factures qu’il veut se faire payer. Ces factures proviendraient de son exil à Ouagadougou et ailleurs, et de ses nombreux déplacements dans le cadre de la recherche de la paix. Nos sources rapportent que selon lui, quand il s’était enfui du Mali avec toute sa famille, il était sans ressources, ayant tout perdu dans sa fuite précipitée. Il se serait débrouillé pendant tout ce temps, et aujourd’hui c’est le gouvernement malien qui doit payer avec l’argent du trésor public ses dépenses personnelles. Mais tout porte à croire que l’homme a surtout senti l’odeur de l’argent frais. Celui géré par le ministère de l’intérieur et de la sécurité pour le compte des personnes déplacées ou réfugiées, celui géré par le ministère de la solidarité pour le compte de l’aide humanitaire et la reconstruction du nord. Il ne peut pas entrer à l’Agence de développement du nord (ADN) où son parent Aklinine ne veut pas de lui. Et apparemment, il a frappé à la bonne porte car ses factures auraient été entièrement payées par un ministre que tout le monde qualifie d’homme intègre et consciencieux. A quel titre aurait-il réglé ces factures ? Quelle qualité Azaz Ag Loudag-Dag aurait-il pour jouir ainsi des largesses de l’Etat ? Combien d’autres comme Azaz Ag Loudag-Dag vivraient-ils sur le dos de l’Etat et du citoyen ?
Selon certaines indiscrétions, ces hommes seraient ainsi rétribués en contrepartie de leur implication dans la création et l’animation de mouvements armés dans le nord du Mali. Récemment, certains se sont étonnés de voir de hauts cadres de l’Etat cités dans la création de milices privées à caractère ethnique et tribal. Ces cadres sont toujours dans les rouages de la haute administration sans être inquiétés. Au contraire, ils continuent de bénéficier de la protection de l’Etat. Comme cet ancien dignitaire de l’Adema, député déchu à Gao au profit du candidat RPM repêché, récemment recruté dans le cabinet d’un ancien président de la république au lieu de prendre une retraite largement méritée. Ces privilèges dont seuls jouissent quelques uns seraient-ils à la base des contestations des populations à la base ? (Nous y reviendrons)
Abdel Hamy