Mercredi dernier, le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé un don de 18 milliards F Cfa sans conditions, un prêt de 8 milliards sans intérêts en faveur du Mali, 600 bourses d’études aux étudiants maliens sur trois ans. Voici la moisson du chef de l’Etat à l’issue de sa visite en Chine où il a participé au Forum économique mondial.
Du 10 au 12 septembre courant, le président Ibrahim Boubacar Kéita était en Chine où il a été le seul chef d’Etat à prendre part aux travaux du Forum économique mondial. IBK était accompagné, pour la circonstance, par une demi-douzaine de ministres. Bien que ce genre de rencontre, dans un pays qui ne sait pas ce que veulent dire respect des droits de l’homme et bonne gouvernance, ne soit pas à la hauteur du chef d’un Etat souverain (même de l’un des plus pauvres de la galaxie) ni même d’un ministre qui se respecte, elle pourrait permettre aux autorités actuelles de respirer et de tenir jusqu’à la prochaine session du conseil d’administration du FMI, en décembre, qui décidera du sort du Mali quant à l’aide budgétaire suspendue à l’issue de la revue, en juin dernier, par cette institution.
Pour sécher les larmes des autorités et faire espérer les Maliens, les officiels chinois ont fait des promesses au chef de l’Etat : don de 18 milliards sans conditions, prêt de 8 milliards sans intérêts, bourses d’études pour 600 étudiants maliens sur trois ans. Ce n’est pas tout. Puisqu’il s’agissait d’un Forum économique mondial consacré aux « nouveaux champions », IBK a rencontré des patrons d’entreprises chinoises leaders avec lesquels nombreux accords et conventions ont été signés dans les secteurs des transports, du BTP, de l’énergie, de l’industrie ou des mines. Des projets ont déjà été élaborés :
Equipements et transports
La réalisation du chemin de fer Bamako-Conakry ; la réalisation du pont sur le fleuve Niger à Ségou ; la réalisation de 07 ports secs à Bamako, Kati, Sikasso, Kayes, Nara, Naréna et Gao ; le dragage du fleuve Niger ; l’aménagement des berges du fleuve Niger à Bamako ; la réalisation de la route Bamako-Koulikoro et du pont sur le Kayo ; l’obtention d’un crédit fournisseur de 21 millions USD pour l’équipement du Cetrud. A cela s’ajoute la réalisation des routes suivantes: Kwala-Goumbou-Nara ; Ansongo-Ménaka-Anderamboucane ; Douentza-Tombouctou. Ainsi que la réalisation de 04 barrages (Moussala, Badoumbé, Boudofara et Bindougou) ; la réalisation et/ou l’extension de l’adduction d’eau à Sikasso, Ségou, San et Koutiala.
Logements
IBK a obtenu des Chinois, outre la réalisation d’un complexe immobilier pour le sommet France-Afrique, la réalisation de 24.000 logements sociaux; ainsi que celle d’une ville nouvelle.
Energie
La Chine envisage réaliser au Mali une centrale solaire à Kati; une autre centrale solaire à Koulouba ; un transformateur à Sanankoroba qui permettra la stabilisation de la distribution d’électricité à Bamako.
Industrie et de la Promotion des investissements
La création d’une usine pharmaceutique; la relance de l’unité de production de thé de Farako (Sikasso) ; la création et l’aménagement de zones industrielles et le financement d’une ligne de crédit pour la création de PME et PMI.
La réalisation de l’ensemble de ces projets est estimée à environ 5500 milliards de Fcfa, selon les services (cellules et journaux) de communication de la présidence.
Fort de tous ces engagements et promesses, IBK effectue un retour triomphal au bercail, où il a eu droit à un accueil digne d’un chef d’Etat étranger en visite d’agrément au Mali. Devant cette manifestation populaire suscitée par les partis de la majorité présidentielle, IBK, souriant et décontracté, a perdu de son humilité retrouvée le temps de son « Baroni », à l’occasion du premier anniversaire de son investiture. Le monarque qui s’adresse à ses sujets a juste oublié qu’il n’est pas un étranger mais le président élu par plus de 77% de votants maliens pour régler des problèmes maliens et améliorer les relations entre les Maliens et la communauté internationale. Pour l’heure, rien n’est fait, le FMI est entre nos murs, l’aide budgétaire est suspendue et ce n’est pas des dons ou prêts chinois qui vont impulser le développement véritable. Il ne doit pas se considérer en visite d’agrément ou de loisir mais considérer qu’il vient de rentrer de l’un de ses nombreux et incessants voyages à l’extérieur. Bref, IBK doit s’occuper de son pays. La fin de la récréation doit être sifflée impérativement.
Abdel Hamy