Les responsables du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) sont partagés à l’idée d’une transition avec ou sans le président Ibrahim Boubacar Keita.
« Nous ne réclamons que la démission d’IBK », clamaient des responsables des organisations membres de la troïka devenue plus tard le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Cette exigence de la démission du président IBK, selon nos sources, divise maintenant les membres du M5-RFP. Ainsi, deux tendances émergent. Il s’agit, d’une part, de ceux qui veulent une transition politique avec à la tête de l’Etat le président IBK et, d’autre part, il y a ceux qui pensent qu’il faut tout mettre à plat pour un nouveau départ.
« Nous pensons que les grandes mobilisations très réussies ont été un signal pour le pouvoir qui sait désormais qu’il y a une force populaire qui peut le déstabiliser. Aujourd’hui, nous avons voulu accepter le dialogue grâce à la médiation de certains partenaires. Mais ce dialogue se fera sur la base des propositions du M5-RFP », explique un membre du mouvement joint au téléphone. Pour lui, le départ du président IBK n’est plus à l’ordre du jour. « Les positions sont en train d’évoluer. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut maintenir IBK au pouvoir mais avec des conditions qui seront certainement déterminées après », a indiqué cette source.
Abordant dans le même sens, une autre source du M5 ajoute que la démarche en cours est de réduire la mainmise de la famille présidentielle sur les ressources de l’Etat, de mettre fin à son influence sur l’administration publique. Bref, soutient-elle : « Nous voulons un pouvoir qui travaille pour l’intérêt général ». Pis, il a indiqué qu’en renonçant à la démission d’IBK, une très grande partie du M5 maintient sa position sur celles de l’Assemblée nationale et à la Cour constitutionnelle. « Nous n’accepterons pas que l’Assemblée nationale soit dirigée par Moussa Timbiné qui a été imposé par Karim Keita. Cela, il n’en est pas question », a déclaré la même source avant de se réjouir que déjà la mobilisation va permettre de remembrer la Cour constitutionnelle dont l’arrêt sur les résultats des législatives a été fortement contesté. A l’époque, plusieurs communes de Bamako et de l’intérieur du pays ont manifesté pour rejeter ces résultats.
En clair, précise notre interlocuteur, ils veulent une transition politique de trois ans. Pendant cette période, le pouvoir du président IBK sera très diminué. « Nous allons profiter de cette occasion pour faire toutes les réformes nécessaires dans la transparence totale. Et le gouvernement d’union nationale dont il est question, nous l’espérons représentera les forces vives de la nation avec un Premier ministre qui ne sera pas à la merci du chef de l’Etat », a-t-il indiqué. Et, si nous parvenons à obtenir ces résultats, on peut dire que les Maliens se sont mobilisés utilement.
En revanche, une partie du mouvement rejette ces thèses. Selon elle, la lutte doit aller jusqu’au bout. Le mot d’ordre initial de la démission d’IBK ne doit en aucun cas changer. Il faut le départ du président afin que les choses rentrent dans l’ordre. Cette position est défendue par Espoir Mali kura dirigé par Cheick Oumar Sissoko. « Il faut tout mettre à plat, redistribuer les cartes sans IBK ». D’ailleurs au moment où le M5 est en train de privilégier le dialogue, la jeunesse EMK appelle à une mobilisation le mardi prochain au monument de l’Indépendance dans un communiqué. Cet appel à une manifestation pour le départ du président IBK confirme le malaise au sein du M5.
Hamadoun MAHAMANE
Source: Azalaiexpress