La mainmise de la France sur le continent africain est en passe de tourner au vinaigre pour les chefs d’État africains qui avaient pris l’engagement devant le patron de l’Elysée de faire l’Afrique un marché et une colonie d’exploitation de ses richesses naturelles pour l’ancienne métropole. Si l’application de ce marché de dupes a précipité la chute des régimes au Mali, en Guinée Conakry et au Burkina Faso, dans d’autres pays, les contestations menacent des pouvoirs installés par la Françafrique.
Si la chute de certains hommes clés sur lesquels la France voulait s’appuyer pour reconquérir l’Afrique de l’Ouest pour en faire sa chasse gardée face à l’avancée de nouvelles puissances mondiales sur le continent a été brutale pour le chef de l’État français, Emmanuel Macron, les autres qui font face aux contestations dans leur pays l’inquiètent plus. Car, leur départ du pouvoir signifierait la fin programmée de la Françafrique, réseau par lequel la France passe pour faire et défaire les pouvoirs en Afrique. Elle ouvrira certainement une nouvelle ère dans les relations internationales pour les Africains, mais à condition qu’ils défendent âprement les intérêts de leurs compatriotes. Sinon, il ne servira à rien de nouer d’autres partenariats.
Tout avait été mis en œuvre à Paris pour que des hommes acquis à la politique française soient élus à la tête de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina Faso. C’est ainsi qu’en Guinée et en Côte d’Ivoire, Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara ont été imposés à la suite d’élections contestées et maculées de sang, en 2010.
Au Mali, en 2013, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a bénéficié des faveurs de la France. Idem pour Rock Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, en 2015. Ces présidents dits démocratiquement élus ne sont pas partis par quatre chemins pour le retour d’ascenseur. Ils ont mis en coupe réglée l’économie de leur pays au profit des intérêts de la France. Ainsi, on assista à l’annulation des contrats miniers, de construction de routes, de ports, de ponts, de chemins de fer, d’aménagements hydroagricoles signés par leur prédécesseur, à l’attribution des marchés à coût de milliards à des multinationales françaises, etc. Ensuite, ils ont procédé à la fermeture des industries nationales pour faire place à l’importation des produits avariés de l’Europe.
Le Mali d’IBK a été un modèle dans la destruction de l’économie nationale. Il retirera le marché de confection du passeport à une société canadienne pour le donner à l’entreprise du fils de Jean- Ives Le Dian, ministre français des Armées à l’époque des faits. Aussi, tous les contrats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) sont-ils entre les mains des sociétés et entreprises françaises. Cette attribution est intervenue après que la France eut protesté en disant que les marchés sont donnés à d’autres sociétés.
À cela s’ajoute aussi la mauvaise gouvernance instaurée par les valets de la France qui se croyaient tout permis. Ils ont, par des pratiques mafieuses, détourné tout au profit de leur clan. Au Mali, le slogan était: ‘‘Ma famille d’abord’’ avant le peuple. Il fallait passer par un membre de la famille présidentielle pour bénéficier d’un marché, d’une nomination à un poste juteux dans l’administration publique ou d’un recrutement dans les forces de défense et de sécurité. En un laps de temps, de nouveaux riches aux fortunes douteuses ont fait leur apparition sur la place publique. Et tout un système avait été mis en place pour échapper à la justice. Raison pour laquelle les Maliens étaient habitués aux scandales politico-financiers: affaires de l’achat de l’avion présidentiel, des engrains ‘‘frelatés’’, des équipements militaires, etc.
Malheureusement, il était trop tard quand les régimes d’IBK, Alpha Condé, Rock Marc Christian Kaboré avaient compris que le marché de dupes jouait en leur défaveur et surtout contre leur peuple. Et au moment où ils souhaitaient retourner au peuple, les contestations avaient déjà gagné les rues. Par la suite, ils ont été balayés par des coups d’État militaires dont les auteurs sont considérés comme des sauveurs. Il a été instauré des transitions politiques dans les trois pays pour un nouveau départ au bénéfice des populations africaines.
N’ayant pas vu venir ce coup fatal, la France cherche à noyauter ces transitions pour encore servir ses intérêts. Elle avait réussi à le faire au Mali avec Bah N’Daw, le président de transition. Pour la circonstance, le président Macron avait félicité le dirigeant en disant qu’en sept mois de pouvoir qu’il avait mieux fait que tous les présidents maliens. Mais avec la rectification instaurée, en mai 2021 par le colonel Assimi Goïta, les choses sont rentrées dans l’ordre. La France a plié ses bagages en plein jour. Mal lui en a pris. Au Mali et en Guinée, où elle veut pointer le nez, elle rencontre la résistance d’une jeunesse déterminée et engagée à ne pas se laisser dominer par des gens sans foi ni loi. Au Burkina Faso, le double jeu a été fatal pour le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Il lui est reproché de faire les yeux doux à la France, soupçonnée de soutenir les terroristes qui tuent, pillent les populations du pays des hommes intègres.
Il ne lui reste aujourd’hui que trois (03) présidents, contestés dans leur pays. Il s’agit du président ivoirien Alassane Dramane Ouattra et du président Macky Sall et du président ghanéen Nana Akuo Addo. Pourront-ils se sauver pour faire l’affaire de la France ? Attendons de voir. Il est clair que le président Macron et ses valets sont au pilori en Afrique de l’Ouest. Ils ne sont pas encore parvenus à faire basculer aucun pays dans le giron français.
Quant au président togolais, Faure Gnassingbé, il est positionné pour prendre la révèle d’Alassane Ouattara à la tête de la Françafrique et de la franc-maçonnerie. C’est ce qui explique son implication dans le dossier de mercenaires ivoiriens arrêtés au Mali, le dimanche 10 juillet 2022.
Yoro SOW