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Crise malienne : après l’échec de la médiation algérienne : La Cedeao doit intervenir…

La sagesse invite toujours un fautif à revenir sinon à la raison au moins à l’évidence. Il en est ainsi aujourd’hui de la situation au Mali où l’échec patent de la médiation algérienne est constaté et que le rappel de la Cedeao s’impose pour un retour définitif de la paix. En effet, à la suite du coup d’État qui avait placé à la tête du pays le capitaine Amadou Sanogo, le 22 mars, la Cedeao a utilisé la carotte et le bâton pour aider le Mali à rétablir l’ordre constitutionnel. L’organisation sous régionale avait créé les conditions de départ de la junte militaire du pouvoir, de l’instauration d’une transition constitutionnelle et d’organisation d’élections libres et crédibles (présidentielle et législatives). L’Accord de Ouagadougou qui a permis l’élection du président IBK avait montré toute son efficacité. Mais depuis, l’Algérie a poussé la Cedeao vers la sortie pour reprendre en main le dossier de la crise malienne, avec la complicité d’une certaine communauté internationale. Pour le déshonneur du Mali ! Pour le malheur des Maliens ! La Cedeao doit impérativement intervenir, car une nouvelle déflagration au Mali pourrait atteindre la sous-région, voire au-delà.

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Les crises politiques qui se sont succédé en Afrique de l’Ouest dans la décennie 1990 ont tenu les médiateurs de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) occupés.

Au moment de sa création, en 1975, la Cedeao avait pour objectif de favoriser l’intégration économique de ses 15 États membres. La guerre civile qui a éclaté au Liberia en 1989 a cependant marqué un tournant décisif : une force d’interposition dirigée par un état-major nigérian et composée de ressortissants de plusieurs pays membres importants a été créée. Cette approche musclée a été officialisée par le protocole de 1999 sur la prévention des conflits, qui établit un lien explicite entre le développement économique et la paix, et par le protocole additionnel de 2001 sur la bonne gouvernance, selon lequel « toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, justes et transparentes ».

Parmi les autres instruments utilisés, la Cedeao a recours à des missions d’information et d’observation des élections, à la nomination de représentants spéciaux et de médiateurs, à des sanctions ainsi qu’à la création de groupes de contact internationaux pour résoudre ou prévenir des conflits.

Comment la Cedeao a sauvé le Mali !

Si la Cedeao n’existait pas en mars 2012, il aurait fallu sans doute la créer pour gérer la crise institutionnelle instaurée au Mali suite au coup d’État qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et placé à la tête du pays le capitaine Amadou Sanogo, le 22 mars. Dans la gestion de ce dossier, la Cedeao a montré toute l’étendue de ses capacités à rétablir l’ordre constitutionnel dans un de ses Etats membres. Qu’a-t-elle fait pour cela ?

L’organisation sous régionale a notamment élaboré un accord permettant à un civil, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, de prendre la tête du pays et de le gouverner jusqu’aux élections organisées au bout de seize mois.

La Cedeao s’est également rangée derrière le gouvernement en ce qui concerne la nécessité de juguler la rébellion touarègue qui sévissait dans le Nord, où le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla), profitant de la confusion, avait proclamé unilatéralement la création d’un État indépendant (le 06 avril 2012).

La Cedeao dispose aussi d’une batterie de mesures pour punir les juntes récalcitrantes. Ainsi, lors d’un sommet extraordinaire organisé le 29 mars 2012, l’organisation a imposé une série de sanctions contre Sanogo et son Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (Cnrde) et suspendu le Mali de ses instances.

Les Ambassadeurs des pays membres de la Cedeao ont été rappelés, les frontières fermées et une interdiction de voyager a été imposée aux putschistes. De manière plus sévère encore, les avoirs de l’État détenus à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) ont été gelés et toute l’aide financière accordée au Mali par la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) a été suspendue.

L’accord-cadre signé le 6 avril par la Cedeao et les putschistes exigeait, comme le prévoit la Constitution malienne, le transfert du pouvoir à Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale au moment des événements, pour une période de 40 jours. Il prévoyait ensuite la nomination d’un Premier intérimaire civil et  l’organisation d’élections dans un délai de 12 mois. Si l’accord-cadre accordait l’amnistie à Sanogo et à ses hommes, il précisait cependant que toute déclaration considérée comme jetant le discrédit sur l’accord entraînerait une reprise des sanctions.

La Cedeao était catégorique sur la question du Nord, qui était sous le contrôle du Mnla et des groupes terroristes et islamistes, à savoir Aqmi et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) et a condamné la rébellion.

Elle a publié un communiqué menaçant de recourir à la force contre le Mnla qui avait déclaré unilatéralement l’indépendance du Nord du Mali sous le nom d’Azawad. La Commission de l’organisation ouest-africaine « rappelle à tous les groupes armés du Nord du Mali que le Mali est “un et indivisible” et qu’elle usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer [son] intégrité territoriale », précisait le communiqué dans lequel « la Cedeao dénonce et juge nulle la proclamation vendredi par la rébellion touareg du Mali de l’indépendance de l’Azawad, vaste zone dominée par des groupes armés islamistes et criminels ».

Beaucoup de pays et organisations internationales avaient apporté leur soutien à la Cedeao en rejetant l’indépendance de l’Azawad, à l’image des touaregs du Niger, dont d’anciens chefs rebelles. « Les Touaregs du Niger rejettent totalement et de façon énergique cette déclaration d’indépendance de l’Azawad malien », indiquent dans un communiqué des responsables de la communauté touareg nigérienne. « Nous disons non à cette dérive et nous lançons un appel à nos frères du Mali à garder la sérénité, se ressaisir et trouver une solution dans le cadre d’un État unitaire du Mali », ajoutent-ils. Le communiqué est signé de Rhissa Ag Boula, qui fut une figure emblématique des rébellions touarègues du Niger.

 

Accord de Ouaga : la référence

L’Accord de Ouagadougou a été signé le 18 juin 2013 entre la République du Mali et les groupes armés rebelles du Mnla et du Hcua, sous l’égide de la Cedeao dans une médiation menée par le président burkinabé de l’époque, Blaise Compaoré. Ça a été dur et difficile, amis au finish les négociations ont abouti.

Celles-ci débutent le 6 juin, dans un contexte tendu car, la veille, l’armée malienne s’emparait de la ville d’Anéfif après la bataille d’Anéfif livrée contre le Mnla.

Le lendemain 7 juin, Tiébilé Dramé (l’émissaire du président par intérim Dioncounda Traoré) demande à ce que le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et les milices Ganda Koï participent aux négociations. Mais les groupes armés touaregs et la médiation burkinabè refusent.

Les trois premiers jours, les discussions bloquent. Le Mali demande un désarmement du Mnla dès l’entrée de ses troupes à Kidal tandis que les rebelles exigent la suspension du mandat d’arrêt international émis par le gouvernement contre ses principaux membres.

Un accord est finalement trouvé afin de permettre la tenue de l’élection présidentielle, y compris à Kidal, pour la fin du mois de juillet.

Une commission mixte est mise en place, comprenant quatre membres de l’armée, quatre membres des groupes rebelles, ainsi que des représentants de l’armée française et de la Minusma. Elle a pour mission de planifier le retour de l’armée et de l’administration à Kidal et d’encadrer le processus sécuritaire.

Un cessez-le-feu immédiat est décrété, ainsi qu’un cantonnement des combattants rebelles. Le Mali renonce à son exigence d’un désarmement immédiat des rebelles touaregs, en échange le Mnla accepte le déploiement de l’armée malienne à Kidal.

Le Mnla et le Hcua obtiennent également la mention du mot « Azawad » dans l’accord malgré l’opposition de Bamako ; en revanche, ils n’obtiennent pas la suspension des poursuites judiciaires contre certains de leurs membres.

L’accord est donc signé le 18 juin, après 11 jours de négociations. Il est signé, côté malien par le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, et par Bilal Ag Achérif, secrétaire-général du Mnla et Algabass Ag Intalla, représentant du Hcua, en présence du médiateur, Blaise Compaoré.

Aussitôt signé, l’Accord de Ouaga fut immédiatement appliqué à la lettre. Ce qui permit l’organisation à date échue de l’élection présidentielle en juillet et août 2013 et les échéances législatives de Kayes à Kidal, en novembre.

Avec cet accord, l’Etat s’installe et exerce sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national, avec notamment un gouverneur bien installé à Kidal, en la personne du colonel d’aviation Adama Kamissoko.

Mais hélas, depuis que l’Algérie a forcé les portes en mettant les bâtons dans les roues de la Cedeao pour reprendre le dossier de la crise malienne, c’est le grand MALHEUR ! Jusqu’à nos jours. Comment ?

 Médiation algérienne : échec sur toute la ligne

La gestion de la crise actuelle fournit à la face du monde un nouvel échec de la médiation algérienne avec son lot de déceptions et de frustrations qui, cependant, n’a rien d’étonnant : en 24 ans, tous les accords signés entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs sous l’égide d’Alger ont été des échecs retentissants aux conséquences désastreuses pour la paix et la sécurité dans toute la région du Sahel.

« Qu’il s’agisse des « Accords de Tamanrasset » de janvier 1991, du « Pacte national » de 1992 ou encore de « l’Accord d’Alger » du 4 juillet 2006, la médiation algérienne dans la crise malienne s’est illustrée, en effet, par un double jeu des plus exécrables: tantôt, elle tire les ficelles des groupes armés du nord, tantôt, elle fait semblant de vouloir aider le Mali, à travers des actions d’éclat qui ne trompent plus personnes », rappelle une agence d’information étrangère.

En cela, toutes les parties prenantes au conflit malien sont logés à la même enseigne : Etat et groupes armés. L’Accord de paix du 20 juin 2015 n’a pas fait l’exception. Pour arracher ce dossier, Alger a créé la pagaille dans la crise sévissant dans les régions du nord du Mali, animée d’une volonté pernicieuse  de s’imposer, coûte que coûte, comme médiateur dans la crise malienne, au seul motif fallacieux de vouloir jouer le rôle de leader régional, malgré les déboires qu’elle a enregistrés sur toute la lignée.

Son objectif était clair et ne faisait pas l’ombre d’un doute : faire perdurer le chaos dans le nord du Mali, un stratagème dont il sait bien tirer profit au détriment de notre pays.

Déjà en 2013, l’Algérie avait dévoilé son jeu en s’opposant farouchement à toute intervention internationale contre la horde des terroristes et djihadistes qui se sont emparés de larges pans du septentrion malien où ils ont multiplié les exactions et menaçaient de marcher sur la capitale Bamako. Dans le lot de ces terroristes, figuraient des centaines de combattants du Polisario.

Malgré les craintes soulevées à l’époque par les autorités maliennes, le régime algérien, qui a toujours œuvré à la déstabilisation du nord du Mali, a constamment fermé les yeux sur le passage vers le Mali des centaines de terroristes qui s’activaient dans le corridor sahélien.

D’ailleurs, c’est pourquoi le pays s’était vu écarté du dossier malien (en 2012), en raison de ses tergiversations, ses contradictions et ses hésitations. Alger n’a jamais digéré ce coup en s’employant à saborder tous les efforts de paix entrepris par le Burkina Faso, désigné par la Cedeao comme étant l’unique médiateur dans la crise malienne.

En semant le chaos dans le septentrion, l’Algérie avait enfin pu s’incruster dans le dossier malien. Avec le résultat que l’on sait. L’échec.

Parfaite illustration du tâtonnement et de la frilosité diplomatique algérienne mal inspirée, l’Accord de paix ne parvient pas à être appliqué. Au contraire, la discorde, la méfiance, les conflits, bref, la mort, tous les jours, à tous les coins et recoins du pays.

D’où l’impérieuse nécessité du retour de la Cedeao à la rescousse, pour une paix définitive, devenue un mirage.

Sékou Tamboura

 

Source : L’ Aube

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