Le Centre d’études de réflexion du Mali (CERM), en collaboration avec la Friedrich Ebert Stiftung (FES), a organisé les 25 et 26 derniers à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, un colloque au tour du thème : « Le Mali post-crise : quelles réformes pour un Mali stable et prospère ? ». À travers ce rendez-vous, le CERM entend engager le débat sur les réformes envisagées par les autorités nationales.
La cérémonie d’ouverture de ce colloque était placée sous la présidence du ministre de la Décentralisation et de la réforme de l’État, Mohamed Ag ERLAF, qui avait à ses côtés le représentant de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, Jean H. FAHLBUSCH ; le représentant du CERM, Ousmane SY, ancien ministre en charge de la décentralisation au Mali.
Ont participé également à ce colloque des chercheurs, des étudiants, des responsables de l’administration malienne, des hommes politiques, des opérateurs économiques, des hommes de média… Au menu des échanges, 5 panels ont été présentés et animés par des anciens ministres du Mali, des responsables de la finance de notre pays.
La soif des Maliens
Selon le représentant de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, ce colloque est le fruit du partenariat entre le CERM et la FES pour contribuer à la réalisation de vœux et souhaits du peuple malien qui attend désormais une réforme de l’État ou de la gouvernance. À ce titre, a-t-il témoigné, selon le résultat du dernier sondage Mali-Mètre réalisé en décembre 2015, 70 % des Maliens ont exprimé leur adhésion à des réformes de l’Etat en faveur d’une nouvelle marche.
Aussi, a-t-il ajouté, l’inquiétude et les regards de la population restent encore et permanemment fixés sur les solutions immédiates pour le retour de la paix et la sécurité gage de tout développement et d’amélioration des conditions de vie dans notre pays. Mais soutient M. FAHLBUSCH, pour atteindre cet objectif en vue de garantir un Mali stable et prospère, il est impérieux d’engager des réformes politiques et institutionnelles, économiques et sociales, juridiques et judiciaires pour notre pays.
« Ce sont ces réformes qui permettent de rétablir la confiance entre les citoyens et entre ces derniers et l’État. Elles permettent d’améliorer considérablement les conditions socio-économiques des jeunes qui constituent la très forte majorité de la société malienne ; elles permettent aussi l’établissement d’une relation adéquate entre la croissance démographique et la croissance économique », a-t-il assuré.
Au-delà de toutes ces considérations, indique M. FAHLBUSCH, les Maliens aspirent profondément à leur bien-être, à travers la lutte contre la corruption, la relance de l’économique nationale, la lutte contre le chômage des jeunes, au développement des infrastructures, un meilleur accès aux soins de santé, entre autres.
Pour Ousmane SY, ce colloque est un cadre d’échanges et de réflexion indispensable pour la stabilité du Mali qui traverse une crise profonde et complexe. Selon lui, depuis l’indépendance, notre pays a connu au moins 4 crises. Mais celle qui a commencé en 2012 est inédite, en ce sens que c’est la première fois que l’État a perdu ses 2/3, a-t-il particularisé.
« Cette crise a affecté tous les Maliens et bouleversé des amis de notre pays, mais c’est le sort de toutes les grandes nations. Les grandes nations connaissent des crises profondes, mais elles peuvent et doivent en sortir plus fortes. Et, c’est à nous, les Maliens, de décider que nous sortirons plus forts et plus stables de cette crise. C’est pourquoi je dis qu’il faut que nous parvenions à faire de cette crise une opportunité de changement », a indiqué M. SY.
La nécessité d’engager des réformes
Sur le processus du retour de la paix, Ousmane SY estime que la situation n’évolue pas à hauteur de souhait, la situation est presque assimilable au statuquo. Ceci est intenable pour le Mali qui n’a pas d’autre choix que d’avancer. Or, de toute évidence, selon M. SY, il faut engager des actions pour corriger les incohérences dans la gestion de l’État sinon elles vont certainement l’amener à des impasses.
« Au Mali, les impasses ne manquent pas. Il y a l’impasse politique, parce que le modèle démocratique promu est essoufflé qu’il faille réexaminer et de remettre en cause certaines choses. Idem pour les Institutions du pays, parce que le coup d’État de 2012, le plus « idiot de l’histoire », l’a démontré. Il y a l’impasse économique, le développement derrière lequel nous courrons depuis un demi-siècle, malgré le potentiel que la nature nous a donné, nous n’arrivons pas à satisfaire le bien-être de la population. Pour faire face à toutes ces impasses, il faut que nous puissions les analyser pour attaquer courageusement les réformes », a-t-il martelé.
Par ailleurs, personnellement, le conférencier pense que la déconstruction de l’ancien Mali est en cours et il suffit de regarder tout ce qui se passe aujourd’hui dans le pays pour se rendre compte. Pour toutes ces raisons, estime Ousmane SY, il est impérieux d’aller à des réformes profondes dans notre pays.
Le ministre Ag ERLAF, pour sa part, a rappelé les différentes réformes exécutées et celles en cours qui rentrent dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Il a indiqué ces reformes allaient toucher plusieurs secteurs et segments de notre pays afin de rétablir le vivre ensemble et le développement dans le pays.
Il a aussi convenu avec ses prédécesseurs, la nécessite de poursuivre ces réformes en vue d’éviter et de prévenir la crise que le pays a récemment connue.
Par Sikou BAH
Source: info-matin