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Crise de Kidal et décrispation du climat politique : Les dessous de la rencontre entre IBK et la classe politique

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Le président de la République a rencontré dans l’après-midi du mercredi dernier aussi bien les leaders des partis de l’opposition que ceux de la mouvance présidentielle. A y voir de près, plus que pour une décrispation, le chef de l’Etat avait visiblement besoin de faire baisser la pression sur son Premier ministre, Moussa Mara, considéré par les milieux politiques comme celui par qui le malheur de Kidal s’est compliqué et montrer à ses interlocuteurs qu’il contrôle la situation sécuritaire, malgré les dysfonctionnements enregistrés par l’armée le 21 mai 2014.

 

Avec les derniers événements survenus dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, la gouvernance IBK a  essuyé les critiques quant à sa capacité à résoudre la crise et à assurer un mieux-être au pays. Si l’opposition a demandé la démission du Premier ministre Moussa Mara  de cette mouvance se sont montrés «très embarrassés» par ce qui nous est arrivé. Sentant cette gêne se diffuser au sein des partis alliés au pouvoir, le chef du gouvernement s’est empressé, la semaine dernière, de réunir ses « partenaires politiques » pour appeler les uns et les autres à resserrer les liens pour mieux résister à toute adversité. Un discours qui s’impose surtout dans le contexte du  » départ » du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga, chef d’un parti allié, l’ASMA-CFP.

Protéger Moussa Mara

Après cet « appel à l’union sacrée », Moussa Mara convainc IBK de la nécessité de rencontrer le plus rapidement possible la classe politique dans le but de faire retomber la pression. Cette analyse se fonde sur le fait que c’est la primature qui est l’initiatrice de la rencontre entre le locataire de Koulouba et la classe politique. La précipitation dans laquelle la rencontre a été organisée . C’est pourquoi, avec un agenda chargé, Mara charge celui qui lui fait office de conseiller politique, Almamy Sidiki Coulibaly de l’ADP-Maliba, d’inviter  les responsables politiques à rencontrer le président de la République. Celui-ci, par manque de sérieux, envoie de vulgaires sms avec la mention  » de la part du Premier ministre «  aux leaders du microcosme politique. Se rendant compte , le Premier ministre passe lui-même des coups de fil aux personnalités concernées pour réitérer la volonté du chef de l’Etat de les rencontrer dans l’après-midi. Toute chose qui confirme que Moussa Mara serait désolé du boycott de la rencontre   par les leaders de l’opposition. Il a laissé des messages quasiment de supplication sur le répondeur de certains leaders de l’opposition, comme pour dire qu’il tient à leur participation à l’exercice au cours duquel IBK va l’absoudre

Par ailleurs, il est loisible de reconnaître que le choc psychologique ressenti par le chef suprême des armées depuis le drame kidalois du 21 mai le mettait en position de partager ce malheur avec les Maliens. A presque toutes les audiences par lui accordées à diverses personnalités, IBK a relaté les détails des informations dont il dispose sur les dernières évolutions de la situation à Kidal ayant conduit au drame que l’on connaît.

Montrer que la situation est sous contrôle

En ce sens, le locataire du palais de Koulouba avait besoin d’être écouté par ses pairs des partis politiques ; histoire de noter surtout chez les alliés politiques un répondant moral et une manifestation de solidarité dans ces moments d’épreuve. Mais, en cela, IBK aurait dû susciter lors de cette rencontre, un débat pour écouter à son tour ses interlocuteurs. Ce ne fut pas le cas. Et Dr Oumar Mariko du parti SADI avait déploré sur l’ORTM ce monologue du chef de l’Etat devant des responsables politiques qui fourmillent d’idées et de propositions pour une sortie de la crise. A l’opposition qu’il n’y a pas eu de débat avec les chefs des partis de la majorité (rencontrés premièrement) mais n’a pu s’empêcher de donner la parole à l’un des leaders, Soumaïla Cissé de dire quelques mots. Celui-ci a pu expliquer que les opposants ne sont pas moins patriotes, moins Maliens que ceux qui sont au pouvoir ou leurs alliés. Il a souhaité que l’opposition ne soit pas traitée par les proches du pouvoir comme des « comploteurs, des ennemis de la République, etc ». Ce speech traduit la volonté d’une frange importante des Maliens de voir accélérer la procédure de relecture de la loi portant statut de l’opposition. « La majorité au pouvoir a besoin d’une opposition forte, gage d’une démocratie qui se porte bien « , professent les politologues.

Enfin, il faut noter que ces échanges étaient l’occasion pour IBK de montrer que malgré les couacs constatés dans les opérations militaires à Kidal, il demeure maître de la situation. Il contrôle le système de défense, en tant que chef suprême des armées. Il en a profité pour laisser entendre que c’est lui qui a mis fin aux fonctions du ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga. Ce faisant, IBK veut rassurer la classe politique tout en empêchant le président de l’ASMA de tirer une retombée politique quelconque de son départ du gouvernement. En le faisant, le locataire de Koulouba tente-t-il de présenter l’ancien patron des renseignements comme celui qui a trahi et que lui est la victime ? Tout semble l’indiquer. Et comme dans de telles situations, une dose de sympathie se noue en faveur de la victime, le calcul est tout trouvé. Pour peu que le Mali d’abord s’en porte mieux!

Bruno D SEGBEDJI

SOURCE: L’Indépendant

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