Dans le cadre de la semaine des Martyrs de Mars 1991, la Pyramide du souvenir en partenariat avec le ministère de la Culture a organisé le lundi 26 Mars 2018 un colloque sur le thème «crise de la citoyenneté au Mali». La cérémonie d’ouverture, présidée par le ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, s’est déroulée à la Pyramide du Souvenir en présence des membres du gouvernement et de nombreux membres et militants du Mouvement démocratique.
Ouvrant les travaux de ce colloque, Mme le ministre de la Culture, indiquera que cette rencontre se tient à la fois pour commémorer et pour questionner. «Commérer la semaine des martyrs de mars 1991 et surtout, nous questionner : quelle gestion avons-nous faite du fruit de leur sacrifice ultime, nous, citoyennes et citoyens du Mali, 27 ans après ? C’est tout le propos de ce colloque : réévaluer, diagnostiquer la crise de la citoyenne, et, à la lumière des leçons générées et apprises, proposer une charte pour la renaissance citoyenne» a-t-elle expliqué.
Pour elle, «à l’heure de la compétition mondialisée, à l’heure de la multiplication sans précédent de défis géopolitiques et sécuritaires dans le monde et en Afrique de l’Ouest, la défense de notre patrie n’est plus seulement un devoir constitutionnel pour chaque citoyenne et pour chaque citoyen. Aimer et défendre le Mali est la seule alternative durable pour convertir nos défis actuels et futurs en succès. Il ne suffit pas de le dire, il faudrait le comprendre. Il ne suffit pas de le comprendre. Il faut y croire. Il ne suffit pas d’y croire, il faut se mettre dans les prédispositions pour le traduire en action. Comprendre la défense de la patrie pourrait aller de soi, mais comprendre la citoyenneté ne semble pas aussi aisé au regard des situations qui nous interpellent chaque jour dans notre rapport à l’autre, à la cité, à la patrie».
En effet, plus d’un demi-siècle de pratique de la démocratie semble avoir généré une espèce de citoyens maliens de type nouveau, qui s’est confortablement installé dans la négation des règles de base qui régissent le pays, notre maaya et notre humanité. «Nous, citoyens du Mali, sommes dans une espèce de déni de ces valeurs constitutives de la grandeur du Mali. Du non-respect du code de la route, aux bravades répétées de l’autorité, en passant par la corruption grandissante, les atteintes à l’environnement et à l’hygiène publique, la publication de photos et vidéos obscènes sur les réseaux sociaux et des calomnies de toutes sortes sur des citoyens honnêtes, il n’y a plus de doute que le Mali connaît des heures sombres quant à la pratique de la citoyenneté et la négation de nos valeurs morales sociétales» souligne-t-elle.
Conscient de cet état de fait, le Gouvernement du Mali a créé un ministère dédié à la question de la citoyenneté qui depuis bientôt trois ans et qui œuvre à donner du sens à ce concept aux enfants et à la jeunesse du pays. Aussi, le rétablissement du service national des jeunes, le renforcement de l’éducation civique et morale à l’école ainsi que les actions de sensibilisation à la citoyenneté active, sont autant d’actions que l’Etat du Mali a entreprises pour renforcer la citoyenneté.
Le ministre ajoutera qu’à la question de la citoyenneté se juxtapose aujourd’hui celle de la perte des valeurs culturelles. Pour elle, «le “Dambé” tant cher à nos ancêtres semble dénué de tout sens pour le citoyen d’aujourd’hui et nous semblons désemparés face à cette perte des repères».
Ainsi, le ministère de la Culture qui a pour mission la promotion et le développement d’une culture ancrée dans les valeurs de la société malienne et de la civilisation universelle, est en droit de faire siennes ces critiques et de tenter d’y apporter des réponses appropriées, non pas pour un retour, mais pour un recours à nos valeurs intrinsèques.
Ce colloque 2018, qui a mobilisé l’intelligence collective autour de la problématique de la « crise de la citoyenneté au Mali », a été une occasion pour nos éminentes personnalités de procéder à une analyse diagnostique et prospective de la citoyenneté au Mali. Au public, essentiellement composé de jeunes, les différents communicants ont rappelé les valeurs fondatrices de la grandeur du Mali et évoqué les liens entre la citoyenneté et le développement économique, tout en discutant de leur rapport avec la modernité.
En somme, il importe de retenir que le ministère de la Culture entend capitaliser ces communications et se fera siennes les conclusions de ce colloque avec comme objectif final l’élaboration d’une Charte des Valeurs et de la Citoyenneté, pour un recours effectif à nos valeurs susceptibles de contribuer à l’émergence économique et à au rayonnement international de notre pays.
Dieudonné Tembely
Sorce: Inf@sept