Des escadrons de la mort ciblent des personnalités des milieux touaregs, arabes et autres communautés jugées proches du Mali. L’information circule depuis plusieurs mois. L’objectif est de contraindre les pros-Mali à adhérer au projet sécessionniste du MNLA et alliés.
La menace proférée par la branche armée des groupes rebelles contre celle dite politique a été prise au sérieux au nord du Mali. Dans la foulée, des groupes armés et terroristes veulent s’attaquer aux leaders des membres de la Plateforme qui défendent l’intégrité territoriale du pays et les cadres, élus, militaires loyalistes.
C’est dans ce cadre qu’une liste des personnes à éliminer physiquement avait circulé au sein des différentes communautés du Nord. Certaines personnalités ciblées n’ont pas pris la mesure de la situation et penchent plutôt pour la thèse de la propagande de la Coordination MNLA, HCUA, MAA. Mais, la semaine dernière lors d’une conférence de presse, un leader de la Plateforme loyaliste a publiquement fait cas de l’existence d’un plan de liquidation qui concerne leurs rangs si toutefois ils n’acceptent pas la position autonomiste.
Ceux qui sont avertis et conscients du danger ont choisi soit de changer domicile et ou se sont offerts le service d’un garde du corps. Mais le plus difficile demeure la situation des officiers. Illustration parfaite, l’embuscade qui a coûté la vie au commandant de brigade de la gendarmerie nationale de Goundam, le major Moulaye Ould Tami, et l’attaque visant le général Abdramane Ould Meydou à son domicile à Bamako.
Ces deux officiers ont montré une résistance farouche à toute idée de division du Mali. Pour ce qui est des personnalités civiles, la mort du maire de Ménaka, Aroudeny Ag Hamatou, et l’assassinat de l’ancien de député de Tessalit, Baye Hamdi, sont à mettre au compte de la nouvelle stratégie des groupes armés et les terroristes.
Une certitude : il y a une similitude dans la mort des deux personnalités, des embuscades. Certes, des enquêtes sont en cours, mais il est difficile au stade actuel de la crise pour les autorités maliennes de se fixer, car, selon plusieurs sources, les différentes attaques sont faites dans le but de pousser des cadres, élus et officiers des deux communautés à épouser leurs causes. Le constat est alarmant au sein des différentes communautés à tel point que nombre de personnes hésitent à se rendre dans le Nord où l’existence des escadrons de la mort est réelle.
Des cas similaires
Au fort moment de la crise, les groupes armés ont juré la main sur le cœur de faire la peau à tous les ressortissants du Nord proches du gouvernement. Une ancienne députée de San d’origine touareg a été alertée, celui de Tombouctou, Sandy Haïdara, a été la cible d’un groupe d’Arabes en Mauritanie, sa femme Aïssata Alassane Cissé, Assarid Ag Imbarkawane, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim et le général Alladji Ag Gamou sont perçus comme des ennemis à abattre.
Alladji Ag Gamou a eu la chance de se sauver quand il était en exil au Niger, tandis que le colonel Lamana Ould a été abattu de sang-froid à son domicile à Tombouctou.
Reste à savoir quelle est la réponse que l’Etat a pu donner à ses multiples actes visant ses personnalités dont la liste devient plus en plus longue. En tout état de cause, il est du devoir de chaque Etat de protéger ses fils.
Au Mail, tout porte à croire que la question est traitée avec légèreté. Le paradoxe est qu’en France, IBK a demandé au président François Hollande de protéger Lassana Bathily alors que dans son pays, il n’a rien entrepris pour garantir la sécurité de ceux qui se battent au nom de l’Etat nation.
Alpha Mahamane Cissé
Source : L’Indicateur du Renouveau