Il sera structuré autour de cinq axes majeurs : la gouvernance et les réformes politiques et institutionnelles ; la promotion d’une croissance inclusive ; le développement du capital et l’inclusion sociale ; l’environnement, le changement climatique et le développement durable ; la diplomatie, la coopération internationale et le partenariat.
Acteurs nationaux de l’administration publique, du secteur privé, de la société civile et représentants des partenaires techniques et financiers de notre pays examinent, depuis hier, le projet de document du nouveau Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019-2023). C’est dans le cadre d’un atelier national de consultation organisé à cet effet. En trois jours d’échanges, ils doivent formuler des conclusions et recommandations pertinentes pour une mise en œuvre efficace et efficiente de ce document qui servira désormais de cadre de référence nationale des politiques et stratégies de développement du Mali pour les cinq prochaines années.
L’ouverture de l’atelier a été présidée par le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé qui avait à ses côtés le président du Conseil national du patronat du Mali, Mamadou Sinsi Coulibaly, le directeur pays du PNUD, Aboubacar Koulibaly, le chef de file des partenaires techniques et financiers, Soukeyna Kane et le président du Conseil national de la société civile, Boureïma Allaye Touré.
Le nouveau Cadre dont le processus d’élaboration a été lancé le 16 juillet 2018, est le fruit de huit mois de concertations, d’études et d’analyses. Une enquête auprès d’un échantillon de 1.200 personnes sur les perceptions des populations, sur les priorités de développement et l’analyse rétrospective des problèmes du pays, a également été menée, a révélé le directeur pays du PNUD. Les résultats montrent que 65% des Maliens classent le problème d’insécurité alimentaire au premier rang de leurs inquiétudes ; 39% sont préoccupés par la gouvernance, la paix et la sécurité, 35% par la santé et le bien-être contre 23% par la pauvreté.
Le nouveau CREDD se fonde aussi sur le projet de société du président de la République «Notre Grand Mali avance» énoncé dans son programme 2018-2023 et la Lettre de mission assignée au Premier ministre. Aussi, s’inspire-t-elle des orientations et principes de l’Agenda des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 et des engagements contenus dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine auxquels notre pays a pleinement souscrit.
Se fondant ainsi sur les résultats de ce diagnostic stratégique et de ces documents de référence, le CREDD 2019-2023, qui s’inscrit dans une nouvelle vision de développement à long terme, à travers «l’Etude nationale prospective Mali 2040», a privilégié cinq axes majeurs : la gouvernance et les réformes politiques et institutionnelles ; la promotion d’une croissance inclusive ; le développement du capital et l’inclusion sociale ; l’environnement, le changement climatique et le développement durable ; la diplomatie, la coopération internationale et le partenariat.
Le CREDD 2019-2023 vise à trouver une réponse pertinente et proactive à ces cinq problématiques majeures de développement identifiées par le diagnostic stratégique, a expliqué le ministre de l’Economie et des Finances. Il s’agit alors de combler d’abord, le déficit de gouvernance apparu comme la problématique centrale de notre architecture institutionnelle, a- t-il ajouté.
La gouvernance améliorée – Le gouvernement devra ensuite assurer la paix et la sécurité, et restaurer un bon climat du vivre ensemble. Tout cela doit, en principe, reposer sur une économie forte, créatrice d’emplois et de richesses, et une ressource humaine compétente et bien formée.
Pour ce faire, l’exécutif entend «créer les conditions d’une transformation structurelle de l’économie en vue d’une croissance forte et inclusive, permettant de réduire significativement la pauvreté et d’asseoir les bases d’une économie émergente pour notre pays. Pour y parvenir, le Mali mise sur la promotion du secteur privé et le développement des investissements directs étrangers en lien avec l’amélioration du climat des affaires, le développement du partenariat public-privé ainsi que le développement de nouvelles sources de financement telles que la finance islamique, les marchés internationaux de capitaux. Aussi, s’agit-il de valoriser le capital humain «en mettant en avant l’exigence d’une grande qualité des services sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’équité genre, de la jeunesse, de la protection sociale. Toutes choses qui permettront à notre pays de consolider les résultats obtenus grâce au CREDD 2016-2018 et aux efforts ayant permis l’amélioration de la situation macroéconomique de notre pays.
A titre de rappel, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) s’est établi à 5,8% en 2016 et à 5,3% en 2017, après avoir été de 6,0% en 2015 et 7,0% en 2014. L’inflation est, selon le ministre des Finances, contenue dans les limites de la norme communautaire de 3% maximum. Par ailleurs, le Mali respecte en grande partie les critères de convergence communautaire.
Pour pérenniser ces performances en vue d’atteindre les objectifs visés par le CREDD 2019-2023, la promotion du secteur privé apparait, aux yeux du représentant résident par intérim du PNUD, comme une priorité. «Nous devons donner au secteur privé toute sa place de levier de la croissance et de l’économie en créant les conditions de facilitation de la libre entreprise, en améliorant le climat des affaires, en rationnalisant et en rendant opérationnelles les structures d’accompagnement du secteur privé. C’est à ce prix que nous assurerons une transformation structurelle de l’économie et la création d’emplois décents pour plus de 200.000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail», a recommandé Aboubacar Koulibaly.
Corroborant les propos du directeur-pays du PNUD, le président du Patronat a indiqué que la baisse progressive du PIB s’explique, entre autres, par les niveaux insuffisants de productivité, des infrastructures de soutien à la production, les difficultés d’accès aux facteurs de production, la faible structuration des chaînes de valeur. L’axe 3 de la nouvelle stratégie «croissance inclusive et la transformation structurelle de l’économie» devrait être un moyen véritable pour atteindre le taux de croissance de 6,5% visé sur la période du CREDD 2019-2023, à condition, selon Mamadou Sinsi Coulibaly, de lever toutes les lourdeurs administratives qui affectent l’exécution diligente des projets et programmes de développement de notre pays.
Cheick M. TRAORé
L’Essor